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Troupeau laitier : « Le bâtiment circulaire permet d’intervenir seul »

Dans la Manche, le Gaec du Gard a opté pour un bâtiment très original. Circulaire et ouvert sur 360°, son aménagement intérieur facilite la manipulation des 140 bovins qu’il abrite.

Concept venu d’Angleterre, la stabulation circulaire a jusqu’ici eu beaucoup de mal à traverser la Manche. En France, ces installations se comptent sur les doigts d’une main. Et quand il y en a une, encore faut-il pouvoir la repérer. Malgré un mât central de 8,80 m, celle du Gaec du Gard, à Breuville dans la Manche, est à peine visible depuis la route. La stabulation a en effet été implantée au milieu de la cour du corps de ferme, ceinturée par quatre bâtiments.

Mais une fois sur place, l’édifice ne passe plus inaperçu. Son concept original attire l’œil. Ouvert sur 360°, son « squelette » est très dépouillé.  Il s’articule autour d’une bâche servant de toit et d’une structure en acier galvanisé. La maçonnerie se limite à des massifs bétons pour ancrer la structure au sol et maintenir le mât central et les poteaux périphériques. Mais aussi à la confection des sols de la zone de tri, du couloir de contention et du quai d’embarquement. Si le bâtiment n’était pas rond – mais c’est justement une de ses grandes particularités –, il rappellerait les bâtiments emblématiques de l’élevage californien, les ventilateurs et les dimensions en moins.

Loger 140 bovins sous un même toit

Qu’est-ce qui a poussé Raphaël Legendre et Philippe Mouchel, les deux associés du Gaec, à choisir le « Round-House » proposé par la société néerlandaise Idagro ? « Notre objectif était de rassembler tous nos animaux sur ce site et de simplifier notre travail. Avant, nous étions obligés d’utiliser un bâtiment situé à six kilomètres d’ici pour loger des génisses et vaches taries. On y allait tous les jours pour distribuer de l’enrubannage et des céréales aux animaux. Ce n’était pas pratique », explique Raphaël Legendre. Une trentaine d'animaux étaient par ailleurs logés dans un ancien appentis.

Construire un nouveau bâtiment était donc indispensable pour avoir sous la main les 125 vaches du troupeau, les vaches taries et les génisses de renouvellement. Ces dernières ne sortent pas tant qu’elles ne sont pas confirmées pleines. À cet effectif s’ajoutent les animaux des différents ateliers (50 veaux gras et 80 vaches finies par an) développés depuis l’installation de Raphaël en 2018.

La structure a été montée en quatre jours

Au départ, le duo était parti sur un bâtiment classique d’une capacité de 110 places. Puis, suite à une visite au Space en 2017, les éleveurs se sont d’abord orientés vers un bâtiment de type « serre multi-dômes » avant de se laisser définitivement convaincre par la stabulation circulaire. « Grâce à sa forme circulaire et son aménagement intérieur, ce type de bâtiment permet de travailler seul, apprécie Raphaël. Et cerise sur le gâteau, pour le même prix, il nous permet de loger 30 animaux de plus que le bâtiment « serre multi-dômes » que nous avions envisagé de construire. »

Les destructions de deux anciens silos et de l'ancien appentis ont libéré de la surface pour implanter le « Round-House » au milieu de la cour. Il a été mis en service en mai 2019. Raphaël Legendre et Philippe Mouchel ont apprécié la rapidité des travaux. Hors aménagement intérieur, le montage du bâtiment n’a pris que quatre jours à deux personnes.

Plan de la stabulation circulaire

Ce modèle de « Round-House » se compose de sept cases, d’une zone de tri centrale et d’un parc de contention avec un quai d’embarquement. Il peut accueillir jusqu’à 140 animaux.

Source : Chambre d’agriculture de Normandie

Mise en garde

« Lors de sa pose, la bâche doit être très bien tendue pour éviter qu’elle s’use prématurément », prévient Vincent Deguelle, de la chambre d’agriculture de Normandie.

« Les animaux se portent très bien »

« Depuis que le bâtiment est en service (mai 2019), le vétérinaire n’est venu qu’une fois pour faire une césarienne et des prises de sang. Je n’ai piqué que deux veaux pour des problèmes respiratoires. C’est vraiment une solution top d’un point de vue sanitaire », assure Raphaël Legendre. Le bâtiment est très lumineux. Les animaux se portent très bien. Les génisses expriment bien leurs chaleurs. « Étant ouvert sur 360 degrés, le choix de l’implantation de ce type de bâtiment est primordial vis-à-vis des vents dominants », prévient cependant Vincent Deguelle.

Avis d'expert : Vincent Deguelle, de la chambre d’agriculture de Normandie

« Un investissement de 220 000 euros »

« Ce type de stabulation était d’abord dédié à l’élevage allaitant. On en trouve notamment en Nouvelle-Zélande et en Angleterre. La conception du bâtiment avec ses jeux de barrières, un parc de contention et une zone de tri en position centrale permet d’intervenir seul sur les animaux. L’absence de bardage et moins de maçonnerie permettent de réaliser des économies. En revanche, le coût est plus élevé sur le poste charpente-couverture et tubulaire. Ce sont les deux gros postes pour ce type de bâtiment. Malgré la participation des éleveurs aux travaux de maçonnerie, ils ont investi 220 000 euros (dont 160 000 euros pour le bâtiment) en raison de l’importance des coûts liés au terrassement. Le terrassement en implantation sur une parcelle est moins coûteux qu'au Gaec du Gard où il a fallu rattraper le niveau et enlever l'ancienne plateforme à ensilage. Globalement le coût d'investissement est à peu près équivalent entre un bâtiment conventionnel et un bâtiment Idagro. Le choix de ce type de bâtiment se fait plus sur son côté pratique et fonctionnel pour le travail quotidien de l'éleveur. »

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