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Prix, consommation…
L’année 2009 s’annonce très difficile sur les marchés

En 2009, l’offre devrait rester importante et la demande morose. Le prix des produits industriels resterait très faible et le prix du lait continuerait à baisser.

© DR

L’année 2008 s’achève de façon calamiteuse pour le secteur laitier, « et 2009 sera sans doute encore pire », selon Gérard Calbrix, économiste à Atla (association de la transformation laitière française). Les cours français des produits industriels ont entamé leur chute à l’automne 2007, et ont atteint en janvier 2009 leurs plus bas niveaux jamais enregistrés. Côté fromages (cheddar, gouda, Edam, mozzarella), les prix ont chuté à des niveaux jamais vus. La dégringolade des prix est due à la conjonction d’une production mondiale de lait en croissance (+2,2 %), et d’une demande en retrait. La demande s’est tassée en 2008 suite aux hausses des cours en 2007.

CRISE DE LA MÉLAMINE

« La consommation des ménages en France baisse légèrement, après des années de hausse modérée. En Europe, elle est stable, voire en légère baisse, alors qu’elle évoluait favorablement avant. Cela impacte sur les marchés car comme les industriels vendent moins de PGC (produit de grande consommation) ils sont contraints de faire plus de produits industriels, développe Gérard Calbrix. Les achats d’ingrédients laitiers par les industriels de l’agroalimentaire se sont contractés, car eux aussi vendent moins de produits alimentaires (viennoiserie, plats préparés…), et il y a des substitutions de beurre par de la matière grasse végétale (MGV), moins chère. Maintenant que le prix du beurre a plongé, ils ne reviennent pas vers le beurre, qui reste plus cher que les MGV, parce que le consommateur n’a pas réagi aux substitutions. Enfin, la restauration hors foyer subit la baisse du pouvoir d’achat. » La consommation mondiale devrait rester morose, à cause de la dégradation de l’économie mondiale, « d’autant plus que les prix des produits alimentaires sont restés élevés dans beaucoup de pays », complète la FIL (Fédération internationale de laiterie).

En 2008, la baisse des revenus pétroliers a pesé sur les importations du Moyen- Orient, de l’Algérie, de la Russie, d’Amérique latine. Enfin, « la crise de la mélamine en Chine a engendré une défiance des consommateurs de tout l’Est asiatique vis-à-vis de tous les produits laitiers, et des aliments en contenant », ajoute Gérard Calbrix. En ce début d’année 2009, les excédents de lait et de produits laitiers sont donc toujours là. Et la situation ne devrait pas s’améliorer rapidement. La production laitière est au rendez-vous.

L’UE devrait avoir une collecte stable. Elle baisserait en France, mais augmenterait aux Pays-Bas, au Danemark… qui vont produire les +2,5 % de quota. La collecte américaine continue d’augmenter, même si la hausse s’est ralentie, alors que leurs cours intérieurs se sont effondrés. En Océanie, la production est en hausse, ainsi qu’en Argentine. L’évolution de la production en Asie est difficile à évaluer. « Les stocks de l’UE, de la Nouvelle- Zélande et des États-Unis sont excessifs ; En Europe, ils ont doublé en 2008 », estime l’économiste.

PRIX STABLES AU PRINTEMPS ?

Les stocks des Néo-Zélandais pèsent beaucoup sur les marchés. « Avec la crise de la mélamine, ils ont perdu leur débouché majeur. Ils cherchent à écouler leurs produits sur d’autres marchés, et entrent en concurrence frontale avec les Américains et les Européens. »

Gérard Calbrix estime que les cours des produits industriels devraient se tenir jusqu’en mars, car la collecte française sera faible en fin de campagne. De plus, l’intervention (stock public) ouvre le 2 mars, ce qui permettra de dégager des produits industriels. « Les cours devraient se tenir jusqu’à ce que le plafond de l’intervention soit atteint. Après, ils risquent de baisser à nouveau, sauf si la Commission décide d’acheter du beurre et de la poudre en plus, ce qui devrait être le cas (voir encadré). »

Autre facteur important : la capacité de la Nouvelle-Zélande d’écouler ses produits. « Quand la Nouvelle-Zélande aura fini d’écouler ses produits, les prix remonteront, mais ça risque de prendre un peu de temps. Et le risque, c’est qu’elle n’y parvienne pas d’ici septembre (reprise de la production laitière dans l’hémisphère sud). Dans ce cas, tout 2009 sera catastrophique. »

PRESSION SUR LES PGC

Autre inquiétude : le prix des produits de grande consommation. La presse grand public interroge les industriels : « Maintenant que le prix du lait baisse, allezvous baisser le prix des produit laitiers ? » La FNCL (Fédération nationale des coopératives laitières) bondit : « Ce sont les produits industriels (PI) qui font baisser le prix du lait. Et on ne peut pas baisser les tarifs sur les PGC; il faut voir les résultats des entreprises… L’année 2008 est une mauvaise année. »

Toutes les entreprises sont touchées par la conjoncture. Celles produisant beaucoup de PI (la valorisation beurre poudre est à 180 euros pour 1 000 litres). Mais aussi les fromagères, car le prix du lactosérum est très faible et les hausses de tarifs passées à la distribution n’ont pas complètement compensé la hausse du prix du lait. Les fabricants de produits frais souffrent de la baisse de la consommation sur les yaourts, fromages blancs et desserts lactés. « Nous avons des inquiétudes pour la survie de certaines entreprises en 2009 », confie Gérard Calbrix.

Luc Morelon, de Lactalis, amène une note d’espoir. « Les PGC de marque souffrent, c’est net : la consommation a baissé et le marché est très bagarré. Mais ce n’est pas la catastrophe annoncée. Car il y a une capacité de résistance de nos marques, auxquelles les consommateurs sont attachés, la reconnaissance de leur qualité… » ■

POUR ÉVITER LA BÉRÉZINA : La Commission réactive le soutien des marchés

En raison du dynamisme des États-Unis sur le marché mondial, l’Union européenne a perdu des parts de marché au cours de l’année 2008. La baisse des exportations a entraîné le gonflement des stocks et l’effondrement des cours. Un phénomène aggravé par la réduction de la demande intérieure.

Les cours du beurre et de la poudre de lait écrémé sont passés en dessous des prix d’intervention (prix auquel la Commission européenne achète pour les stocks publics). Les difficultés des entreprises et l’impact sur les producteurs de lait qui en découlent, ont poussé la Commission européenne à prendre des mesures pour soutenir les marchés.

■ Elle a décidé d’ouvrir en avance d’un mois le stockage privé de beurre (dès le 1er janvier 2009).

■ Elle prévoit la possibilité d’acheter pour l’intervention au-delà des plafonds prévus (30 000 tonnes pour le beurre et 109 000 tonnes pour la PLE).

■ Elle a décidé de réintroduire les restitutions à l’exportation, qui avaient été mises à zéro en juin 2007. La Commission espère ainsi une reprise des exportations de beurre, fromages, et de poudres vers les pays tiers.

Source : Office de l’élevage - Commission européenne

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