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La surveillance de la tuberculose bovine ne doit pas se relâcher

Conférence internationale. Après une période de stabilité, la tuberculose est à nouveau sur le devant de la scène, comme en Grande-Bretagne et en Espagne. La surveillance reste donc de mise. Zoom sur les connaissances actuelles.

Test à la tuberculine pour le dépistage de la tuberculose bovine en élevage de bovins.
Test à la tuberculine pour le dépistage de la tuberculose bovine en élevage de bovins.
© J.-M. Nicol

La tuberculose a été une des premières maladies réglementées dans le Marché Commun. Aujourd’hui, quinze États membres de l’Union européenne sont officiellement indemnes de tuberculose bovine. Or, la maladie est toujours présente dans l’UE et les réémergences se multiplient dans certaines régions. Face à cette situation, éleveurs et vétérinaires sont inquiets car les impacts commerciaux sont importants. Beaucoup d’entre eux demandent une adaptation de la prophylaxie. En parallèle, les institutions de l’UE travaillent à l’élaboration d’un nouveau cadre réglementaire de la Santé animale.


Identifier les facteurs de risque


C’est pourquoi, fin septembre, la Fédération européenne pour la santé animale et la sécurité sanitaire (FESASS), les associations vétérinaires belges d’épidémiologie (AESA et VEE) ont organisé avec le soutien de l’Agence fédérale belge de sécurité de la chaîne Alimentaire (AFSCA), une conférence internationale sur la question, afin de faire le point sur les acquis, les problèmes rencontrés et les perspectives. « Il s’agit de donner accès aux dernières informations sur la maladie, d’identifier les pistes de recherche et d’adaptation du dispositif actuel, afin d’améliorer la sensibilité et l’acceptabilité de la surveillance et de renforcer l’efficacité de la lutte », notent les organisateurs.
Pour se rendre compte de la situation, « prenons l’exemple de la Grande-Bretagne. Dans ce pays, la prévalence de la maladie était faible avant les années 1980. Une forte recrudescence est apparue dès 1999 et aujourd’hui, un pic a été atteint, d’où l’importance du sujet. La tuberculose n’est donc pas une maladie du passé », explique Frank Verdonck, de l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments).
L’arrivée d’une nouvelle approche en médecine vétérinaire — l’épidémiologie moléculaire — a toute son utilité dans la lutte contre la tuberculose. « Cette approche permet en effet de caractériser les différentes souches de Mycobacterium bovis existantes à diverses échelles : monde, pays, région, cheptel. Ainsi, en France, on ne compte pas moins de 540 souches distinctes. Concrètement, on peut comparer les souches d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, déterminer si un foyer est dû au voisinage, à une rechute, à l’introduction d’un animal… On observe dans les régions françaises où la prévalence est forte, que chaque souche est typique d’une production particulière et peut être partagée avec la faune sauvage », renseigne Marià Laura Boschiroli-Cara, du laboratoire de santé animale de Maisons-Alfort.
Une meilleure gestion de la tuberculose passe également par la collecte de données, afin de connaître la situation, de suivre les performances du système de surveillance et d’alimenter la recherche. Or, la diversité importante des collecteurs (origines, intérêts, formations, pays…) pose des problèmes pour la centralisation des données.
En Espagne — pays non indemne — la mise en place de moyens pour l’éradication de la tuberculose a été tardive. « La maladie est surtout présente dans les régions du Sud du pays, avec des prévalences très élevées dans des populations de sangliers et de cerfs, alors qu’elle est beaucoup moins présente dans le Nord où les populations d’ongulés sauvages sont moins denses. De plus, les troupeaux du Sud ont beaucoup de contact avec la faune sauvage, d’où l’importance d’adapter la prévention à la région et au contexte », explique Lucio Carbajo Goni, chef des services vétérinaires de l’Espagne. Pour diminuer le nombre d’exploitations touchées, le nombre de tests effectués dans les régions où la prévalence est forte a été augmenté (deux à trois tests par an au lieu d’un).  « Des essais de vaccination orale du sanglier sont en cours et sont menés en parallèle avec la mise au point d’appâts vaccinaux adaptés à cette espèce. D’autre part, nous nous sommes réunis en 2012 pour aborder la question de la formation des vétérinaires en vue d’améliorer les diagnostics. Cette maladie est très difficile à contrôler, c’est pourquoi il est fondamental de ne pas arrêter sa surveillance », note Lucio Carbajo Goni.


La Grande-Bretagne travaille sur un vaccin bovin


En Grande-Bretagne, la tuberculose bovine représente un important problème sanitaire, économique et politique, malgré une stratégie active d’éradication de la maladie. La majeure partie des troupeaux infectés se situe au Sud-Ouest du pays. Il a été établi que les blaireaux sont devenus « un réservoir primaire de tuberculose mais que la transmission entre bovins ne doit pas pour autant être sous-estimée. Peu d’études visant à mesurer les densités de populations de blaireaux ont été conduites jusque-là dans le pays, une est en cours actuellement pour y pallier. L’abattage de ces animaux est difficile à mettre en œuvre car l’espèce est protégée. Nous avons autorisé l’usage du vaccin BCG pour cette espèce », observe James McCormack, de l’agence des laboratoires vétérinaires de santé animale. Bien que ce vaccin n’empêche pas l’infection, il diminue considérablement les formes cliniques de la maladie et par conséquent le pouvoir de dissémination du bacille de ces animaux infectés, qui excrètent alors peu ou pas du tout le bacille. La vaccination des bovins n’est pas envisageable vu qu’il y a interférence avec les tests de dépistage. « Cependant son déploiement est très coûteux. Un travail a donc été engagé pour développer un vaccin oral. »

Possibilité d’introduire génétiquement la résistance bovine à la maladie


En Europe, il n’est pas possible de vacciner le bétail en raison d’interférences avec les tests de dépistage existants. De manière expérimentale, le vaccin fonctionne bien. « On essaie donc de développer un test distinguant un animal infecté d’un animal vacciné. La recherche sur l’obtention d’un vaccin pour les bovins est également très active. »
Cependant, cette alternative ne semble pas envisageable à court terme, les études de validation demanderont encore au moins dix ans de travail. Il ne faut pas non plus écarter la possibilité, grâce aux nouvelles technologies, d’introduire génétiquement la résistance bovine à la maladie et de séquencer le génome de Mycobacterium bovis (bactérie causant la maladie). « Une étude est également en cours sur la persistance de la bactérie dans les prairies et les terriers des blaireaux », remarque James McCormack.
Dans la lutte contre cette zoonose, on ne peut donc pas écarter la faune sauvage. La problématique varie selon la zone avec la configuration de son cheptel et la taille des populations d’espèces sauvages. « Cependant, l’intervention de l’homme pose question, car il interfère dans un système naturel. La tâche est plus difficile qu’avec les animaux domestiques, d’où la complexité du sujet », remarque Christian Gortazar, institut de recherche nationale de la faune sauvage IREC. Malgré le travail déjà fourni, beaucoup de questions restent et les besoins de recherche persistent pour arriver à éradiquer la maladie.

Prédominance de la tuberculose en Europe

 

La législation distingue deux catégories pour les États membres : les non-indemnes de tuberculose et les officiellement indemnes. Cependant, au sein de cette seconde catégorie,
on constate des différences : les pays où la maladie est absente comme en Scandinavie, et ceux où la maladie est présente avec un niveau de prévalence inférieur à 0,1 %.

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