Prix du lait au 4e trimestre 2007
La recommandation à +58 euros pour 1000 litres
La France commence à rattraper son retard dans l'ascension du prix du lait, déjà bien engagée chez ses voisins européens. Les laiteries étrangères cherchent du lait en France, provoquant des tensions.
La FNPL, la FNCL et la Fnil(1) ont établi la recommandation pour le 4e trimestre à + 58 euros pour 1 000 litres pour le prix du lait. Cette hausse s’explique par un indicateur produits industriels à + 16,20 euros, un indicateur PGC export à + 26,80 euros, et un indicateur de compétitivité avec l’Allemagne à + 15 euros. « Les prix élevés de la poudre et du beurre ont incité les entreprises à en fabriquer davantage et à faire moins de fromages d’exportation. Du coup, le prix des goudas, cheddars et Cie ont fait un bond phénoménal », explique Gilles Psalmon, de la FNPL. Le système de calcul français a provoqué un décalage entre le prix du lait de l’hexagone et ceux des autres pays de l’Union européenne. « La France était vraiment décalée par rapport aux autres pays. Avec cette recommandation, il y a un rattrapage, mais il reste encore un écart entre la France et ses voisins. Et le lait spot (lait flottant) est également plus cher », note Bertrand de Kermel, directeur de la FNCL.
DES BAGARRES POUR LE LAIT
D’où des tensions entre des producteurs et leur laiterie. « Dans le Sud-Ouest, les laiteries espagnoles démarchent et débauchent des éleveurs. Elles ont besoin de lait, et le prix du lait espagnol est bien plus élevé », indique Jehan Moreau de la Fnil. « Les Belges et les Allemands viennent aussi chercher du lait en France. Les coopératives de collecte, qui hier étaient malades, ont recouvré la santé, et cherchent du lait », complète Bertrand de Kermel, qui ajoute : « Mais attention à ceux qui quittent leur laiterie pour profiter du lait spot, car les marchés peuvent se retourner, et le prix peut rebaisser brutalement. » Les marchés resteront tendus si la consommation en Asie reste dynamique, si l’Océanie accuse toujours les effets de sécheresses à répétition, si l’Union européenne ne parvient pas à produire son quota et si la hausse de production en Amérique ne suffit pas à contrebalancer le marché mondial. Pour apaiser les tensions, et réduire l’écart avec les pays voisins, les laiteries françaises pourraient donc être amenées à pratiquer des compléments de prix, ou à accorder des prêts de quota supplémentaires. ■ Costie Pruilh
(1) Fédération nationale des producteurs de lait, Fédération nationale des coopératives laitières, Fédération nationale des industriels laitiers
Forte hausse du prix du lait en Europe
De fortes hausses ont été enregistrées dès juin et juillet.
Les tensions sur le marché mondial, liées à la demande croissante des pays asiatiques et à la sécheresse en Australie, se répercutent un peu partout sur les cours du beurre et du lait en Europe. En Allemagne, le prix du lait à la production a commencé à augmenter dès le début de l’année. En juillet, il est passé à 326 euros/tonne, retrouvant le niveau exceptionnellement élevé de juillet 2001 (au moment de l’ESB). Il progresse ainsi de 60 euros/tonne par rapport à juillet 2006, soit une hausse de 23 %. Les plaquettes de beurre sous marque allemande ont connu une hausse spectaculaire de 50 % en août pour le beurre selon ZMP! Le prix des fromages a lui aussi fortement augmenté, ainsi que le lait liquide et la crème (+ 10 à 25 %). La collecte allemande évolue bien et l’Allemagne devrait être en mesure de produire son quota comme l’an passé.
+ 25 % en Allemagne et en Irlande
L’Irlande connaît une progression du prix du même ordre de grandeur (+ 25 % en juin). Cette hausse stimule la production qui a progressé de 2 % sur le premier tiers de la campagne. Au Royaume-Uni, l’augmentation est plus modeste (+ 7 %) et le pays s’achemine vers une nouvelle sousréalisation encore accrue. En Espagne, le prix du lait payé a connu également une hausse historique de 15 % lors du premier semestre 2007 et pourrait encore augmenter de 20 % au second. Cette tendance est due pour l’essentiel au déficit structurel espagnol. Le contexte de pénurie mondiale n’a fait qu’aggraver la situation. Devant la menace de certains producteurs de quitter leur entreprise pour vendre leur lait sur les marchés spot, les grandes coopératives de l’Europe du Nord ont annoncé à partir de septembre de forte hausse : 360 euros la tonne étant la référence la plus fréquente en septembre, avec la possibilité d’atteindre 400 euros la tonne en fin d’année en Allemagne (lait à 37 % MG et 34 % MP). Le prix du lait spot s’affiche aujourd’hui à plus de 400 euros/tonne départ ferme ! Mais gare au retournement de situation. Tout va très très vite, et il y a quelques mois encore, personne n’avait prévu la situation actuelle. ■
L’OPL veut du lait à 400 euros
«Les producteurs de lait européens exigent aujourd’hui au minimum 400 euros pour 1 000 litres de lait ! », clament l’OPL(1) et l’EMB (European Milk Board) lors d’une conférence de presse organisée au Space. L’OPL a récemment adhéré à l’association d’éleveurs laitiers EMB, qui compte des adhérents dans douze pays européens. L’objectif est de peser davantage face à l’aval, afin d’obtenir un prix du lait décent, en rapport avec les coûts de production. « Sur le marché du lait spot (ou lait flottant), le lait se négocie à plus de 400 euros pour 1000 litres en ce moment (mi-septembre). La France peut mieux payer le lait ; en Allemagne, aux Pays- Bas, au Danemark, le prix est plus élevé. » Les producteurs de lait font pression sur leur laiterie. Certains quittent leur laiterie pour aller sur le marché spot. En Autriche, des éleveurs ont fait des grèves de livraison, en Allemagne, certains ont menacé leur laiterie de grèves… ■
(1) Organisation des producteurs de lait (branche lait de la Coordination rurale).