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Politique laitière
« La Pac va accélérer les évolutions en cours » affirme l´Institut de l´élevage

L´Institut de l´élevage a mené au printemps dernier quinze entretiens collectifs sur les conséquences de la réforme de la Pac, auprès de 152 élevages laitiers de toute la France. Analyse d´Anne-Charlotte Dockès de l´Institut de l´élevage.


Quel est le principal enseignement de cette étude ?
Anne-Charlotte Dockès - Plus qu´une révolution des systèmes et des stratégies, la réforme de la Pac semble constituer un accélérateur des évolutions en cours. Les 152 éleveurs que nous avons rencontrés se posaient beaucoup de questions. Ils n´avaient pas encore pris de décisions définitives et hésitaient entre plusieurs stratégies. Mais ils avaient très bien analysé les conséquences possibles de la réforme. Leur choix dépendra surtout de l´évolution du prix du lait, de la situation de la main-d´oeuvre sur leur exploitation et de la stratégie des laiteries.
Quelles sont les stratégies envisagées par les éleveurs ?
A.-C. D. - Nous avons identifié quatre types de stratégies. Certains producteurs vont arrêter la production laitière (21 éleveurs), pour certains plus vite qu´ils ne l´auraient fait sans la réforme, lors du départ d´un associé ou quelques années avant la retraite. Le découplage leur permettra de continuer à bénéficier des primes laitières.
La deuxième stratégie consiste à continuer la production laitière sans l´augmenter (53 éleveurs) ; leur priorité est d´améliorer leurs conditions de travail, ou parfois leur choix est d´ordre politique ou collectif (maintenir le plus d´éleveurs possible dans leur zone). Chez certains d´entre eux (une dizaine), la réforme va accélérer un projet de diversification vers l´accueil ou la transformation ; d´autres vont plutôt miser sur la réduction des charges et l´autonomie.
La troisième stratégie est l´agrandissement à coût réduit. Il s´agit d´éleveurs (49) ayant un bâtiment avec des places disponibles ou occupées par des bovins viande, et ils envisagent d´arrêter les taurillons ou veaux de boucherie.
Enfin, restent ceux qui vont augmenter la production en investissant (25 éleveurs) ; ce sont des éleveurs motivés, qui ont des années devant eux, pas de problème de succession, et un système souvent à base de maïs.
Il est clair que nous avons sous-estimé dans notre échantillon le nombre d´éleveurs susceptibles d´arrêter le lait (dans les projections, l´hypothèse basse se situe autour de 40 % des éleveurs). Mais l´équilibre des autres scénarios est plausible.
Avez-vous été étonnée par certaines réactions ?
A.-C. D. - Oui, par l´importance du nombre d´éleveurs qui ont exprimé une réticence forte par rapport à l´agrandissement. Mais cela ne veut pas dire que si leur laiterie le leur demande, si le prix du lait baisse beaucoup, ou s´ils n´ont pas d´aures solutions, ils ne le feront pas. Ceci rejoint d´ailleurs les résultats de l´enquête Sofrès menée au printemps 2003. D´après nos estimations, il faudrait une augmentation moyenne de 30 % de la production pour maintenir le quota national.
Y-a-t-il des tendances différentes selon les régions ?
A.-C. D. - Oui, les zones les plus laitières, le Grand Ouest notamment, semblent davantage prêtes à augmenter la production. A l´inverse, les autres zones sont plus enclines à arrêter le lait ou à maintenir la production. Spontanément, on s´oriente donc vers davantage de spécialisation des régions. Tout dépendra de la politique nationale qui sera mise en place, avec la question du transfert ou non de quotas entre régions.
Un échantillon composé d´une diversité d´exploitations
L´Institut de l´élevage a rencontré des éleveurs dans des situations de systèmes de production, de zones d´élevage et de profils de carrière ou de motivations diversifiés. Ils ont été autant que possible choisis parmi les « réseaux d´élevage » mais pas systématiquement. L´échantillon n´a en revanche pas de représentativité statistique. Ce sont des exploitations plus grandes que la moyenne avec un quota moyen de 316 000 litres. 57 % se déclarent « aux normes », 87 % satisfaits de leurs conditions de travail, et 71 % de leur revenu.

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