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La nutrigénomique fait ses premiers pas

Nous connaissions la génomique… Voici maintenant venir la nutrigénomique ! Cette nouvelle science étudie comment les nutriments peuvent modifier l’expression des gènes.

L’alimentation animale serait-elle à l’aube d’une révolution ? Déjà au service de la sélection animale, la génomique s’applique aussi à la nutrition. Si elle en est encore à ses balbutiements, la nutrigénomique ouvre des perspectives prometteuses. Cette science permet de mesurer précisément l’impact de l’alimentation sur l’expression des gènes. L’exemple des abeilles se montre parlant. Dans une ruche, toutes les abeilles sont dotées d’un même patrimoine génétique. Pourtant seule l’une d’elles - qui aura la chance de déguster la fameuse gelée royale, miellat particulièrement concentré en oligoéléments, vitamines et acides aminés - deviendra reine et développera des organes reproducteurs. Comme quoi, un apport alimentaire spécifique présente bel et bien une incidence sur l’expression d’un gène ou groupe de gènes.

La nutrigénomique véritable accélérateur de la recherche

Sans renverser les fondements de la nutrition animale, la nutrigénomique va contribuer dans les années qui viennent à découvrir des mécanismes d’action de voie métabolique jusqu’alors insoupçonnés. « Il ne s’agit pas de manipuler les gènes, comme dans le cas des organismes génétiquement modifiés, rassure Bertrand Ménard-Brulé, responsable ruminants chez Alltech France, à l’initiative d’une récente journée sur la nutrigénomique, en partenariat avec Valorial et l’Unceia. Nous cherchons simplement à connaître l’influence de tel ou tel élément nutritif sur l’expression des gènes, et notamment sur ceux qui conditionnent la santé et les performances des animaux. » Comment les chercheurs s’y prennent-ils ? « Ils recourent aux puces à ADN, qui permettent non seulement de vérifier la présence d’un gène mais aussi d’analyser l’impact d’un nutriment sur l’activation ou la désactivation de celui-ci », a expliqué Laurent Journaux de l’Unceia.

Tout se passe à l’échelle cellulaire. Par exemple, plus un nutriment active un gène, plus celui-ci déclenche une synthèse importante de protéine. Et c’est à travers l’intensité de cette synthèse que les chercheurs déduisent l’effet plus ou moins important d’un nutriment sur l’expression de tel ou tel gène. « La nutrigénomique constitue surtout un formidable moyen d’accélérer l’innovation par des avancées plus rapides et moins coûteuses qu’avec les expérimentations classiques sur un nombre important de vaches », poursuit Bertrand Ménard-Brulé. Alltech a investi dans cette technologie en créant le premier centre de recherches dédié à la nutrigénomique animale à Lexington aux États-Unis.

Optimiser le potentiel génétique par une alimentation adaptée

« La nutrigénomique marque un tournant car elle permet d’aboutir à une quantité précise de nutriments à apporter (ni trop ni trop peu), observe Christine Leroux de l’Inra de Theix. Avec à la clé des économies pour les éleveurs et moins de rejets dans l’environnement. » À terme, on peut imaginer qu’il sera possible d’activer la capacité de l’animal à produire plus de lait par une meilleure utilisation des éléments de la ration. Fruit des travaux engagés par Alltech, Actigen et EconomasE « qui permet d’optimiser l’expression des gènes de défense contre le stress oxydatif » sont deux exemples récents de produits issus de la recherche nutrigénomique.

Les microbes du rumen vont aussi y passer

On connaît aujourd’hui le génome du bovin. Mais demain, un nouveau pas sera franchi avec la connaissance du génome des microbes du rumen. Pourquoi faire ? « Pour parvenir, eux aussi, à mieux les ‘alimenter’ et mieux contrôler leurs effets sur la production des ruminents », a expliqué en substance Christine Leroux de l’Inra de Theix. Un vaste programme –MetaRIT- est conduit actuellement pour construire un catalogue de référence du génome du rumen bovin. Les interactions entre la flore gastro-intestinale, le bovin et l’alimentation seront appréhendées en vue d’augmenter l’efficacité alimentaire, la réponse immunitaire, ou encore la diminution des rejets en méthane.

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