Massif central
La marque « Montagne » prend tournure
Le projet
de différenciation du lait
de montagne est en train
de prendre corps avec
les premières adhésions
de producteurs et l’engagement
de Sodiaal qui propose
la marque « Oui aux producteurs
de montagne ».
PRIORITAIREMENT LES PRODUCTEURS
DU MASSIF CENTRAL, OÙ UNE BONNE PART
DU LAIT EST MAL VALORISÉE, ELLE EST
OUVERTE AU TERRITOIRE NATIONAL.
L’association des producteurs de lait de montagne (APLM) vient de recevoir un renfort de poids. Lors du Sommet de l’élevage, François Iches, président de Sodiaal Union, a indiqué que son groupe venait « officiellement en appui » du projet de différenciation des produits laitiers de montagne. Lancée il y a un an par les organisations professionnelles du Massif central, la démarche a pour but de « créer et développer une marque ‘Montagne’ portée par les producteurs ». La différenciation se fera sur la base du décret montagne et de valeurs consignées dans une « Charte des producteurs de lait de montagne ».
« Sodiaal propose de mettre à disposition d’une société commerciale la marque ‘Oui aux producteurs de montagne’ », a annoncé François Attali, directeur marketing du groupe. Une déclinaison de la marque « Oui aux petits producteurs », qui lui permettrait de bénéficier d’emblée d’un capital de reconnaissance. Les modalités juridiques de partage de la marque entre Sodiaal et les producteurs sont en cours de discussion, ceux-ci souhaitant rester majoritaires au sein de la société commerciale qu’ils constitueraient avec le groupe laitier.
Premiers produits au prochain SIA de Paris
Sodiaal s’engage également à apporter l’expertise de ses services (recherche et développement, marketing…) pour développer de nouveaux produits, notamment des fromages estampillés montagne. «Nous construirons la valeur de la marque Montagne sur des produits différents plutôt que sur le lait de consommation, qui a l’avantage de valoriser des volumes importants mais qui crée très peu de différenciation. » L’objectif est de présenter les premiers produits au prochain Salon de l’agriculture de Paris.
Sodiaal est la première entreprise à s’engager dans la démarche. Néanmoins, François Iches s’est défendu vigoureuse ment de toute volonté « d’hégémonie. Il faut que ce projet soit ouvert et partagé par une grande majorité de producteurs, par l’ensemble des transformateurs de cette région et par les collectivités territoriales. Sinon, il n’existera pas. »
« Le projet doit être ouvert et partagé »
Certains départements, comme la Haute-Loire, et la région Auvergne soutiennent déjà financièrement le projet. Quant aux autres entreprises, tout reste à construire. Lors de la conférence du Sommet de l’élevage, Gérard Maréchal, de Lactalis, a fait part des réticences de son groupe « à s’associer à une marque qui ne lui appartient pas ». Les entreprises intéressées auront le choix, soit d’utiliser cette marque, soit de créer un partenariat semblable avec l’APLM autour d’une autre marque et d’autres produits, le souci étant d’éviter une concurrence trop frontale.
Les initiateurs de la démarche ont néanmoins prévenu les producteurs: elle sera longue à asseoir et la plus-value n’est pas pour demain. « Nous devons d’abord être capables de créer de la valeur ajoutée ensemble avant de pouvoir la partager », a martelé Dominique Barrau, président de l’APLM. « Fabriquer une marque, c’est long et coûteux, a averti François Attali. Les effets ne sont pas immédiats. » Bref, il s’agit maintenant de convaincre de nombreux producteurs de s’engager sur un objectif à long terme et sujet à aléas. « Investissez dans votre avenir », leur a enjoint Pascal Servier, de l’APLM.
Objectif de 3 000 à 4 000 producteurs laitiers
Deux cent producteurs ont déjà adhéré. L’APLM s’est donné pour objectif « de regrouper 3 000 à 4 000 producteurs laitiers pour un potentiel de 300 à 400 millions de litres de lait identifiés sous la marque Montagne ».
Les producteurs s’impliqueront financièrement par le biais de leur adhésion à l’APLM (150 euros par tranche de 100 000 litres de quota), signant ainsi leur engagement dans la construction de cette filière. Complétés par des soutiens des collectivités territoriales, ces fonds permettront de faire vivre la marque et d’en assurer sa notoriété. Et donc de lui donner une valeur.