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Elevage laitier
La Jersiaise, seule race bovine admise sur l´île de Jersey !

A Jersey, île anglo-normande, le nombre d´élevages bovins se réduit à peau de chagrin : il est de 3500 vaches aujourd´hui. La loi interdisant depuis 1763 d´importer de la génétique fait des remous.


Les noms des exploitations, de certains habitants, des rues. témoignent de l´annexion de Jersey par les Normands et plus largement de ses liens historiques avec la France. « Nous utilisons couramment le mot normand `vergées´ (un cinquième d´hectare environ) comme unité de surface », précise Anne Perchard, ancienne présidente du Bureau international de la race Jersiaise.
Pour le reste, pas de doute : l´île de Jersey est bien un territoire anglo-saxon. Un choix des habitants qui remonte au XIIIe siècle. Ici on parle anglais, on roule à gauche. Les anglais fortunés achètent à tout va les anciens corps de ferme. Beaucoup d´élevages ont en effet disparu en un demi-siècle. « Il y avait 1000 exploitations laitières sur l´île voici cinquante ans. Il n´en reste plus que 34 aujourd´hui », précise Kevin Keen, le directeur de la coopérative Jersey Dairy.

Chaque élevage détient en moyenne une centaine de vaches. « Certaines exploitations produisent plus d´un million de litres de lait et d´autres très peu. Ces derniers sont malheureusement voués à disparaître. »
Une loi oblige les éleveurs à livrer en totalité leur lait à la seule laiterie de Jersey. Cette coopérative collecte 14,5 millions de litres de lait par an. Ses administrateurs ont le pouvoir de décider des quantités de lait à produire sur l´île en attribuant des licences de production plus ou moins élevées selon le contexte économique.
Depuis cinq ans, la filière laitière est entrée dans une zone de turbulence aiguë. En 2002, la coopérative a perdu un marché à l´exportation de lait ou de crème conditionnés en petits pots. Ce filon représentait un débouché pour 3 millions de litres de lait (environ 20 % du lait produit) depuis 1990. « Nous avons subi de plein fouet la concurrence de l´Irlande dont la filière laitière a très largement profité des aides européennes », affirme Anne Perchard.
©F. Mechekour


Un programme d´abandon volontaire de la production
Face à ce désastre, la coopérative décide en 2002 de réduire de 25 % (4,5 millions de litres) le « quota » sur l´île. « Nous avons lancé un programme d´abandon volontaire de la production laitière », souligne Andrew Le Gallais, éleveur et président de la coopérative.
Concrètement, chaque éleveur a été contacté pour savoir s´il était d´accord pour vendre une partie ou la totalité de son « quota » à la laiterie et à quel prix. Nous avons acheté en priorité
du lait aux éleveurs qui le vendaient le moins cher », précise Andrew.
Le prix d´achat moyen a été de 224 euros/1000 litres de lait.
Finalement 80 % des litres de lait achetés ont été acquis auprès d´éleveurs désirant cesser leur activité et 20 % chez des éleveurs qui voulaient réduire leur quota. « Cette opération a été un véritable succès. Personne n´a été contraint à réduire son quota », se félicite Andrew.

De son côté le gouvernement a favorisé l´exportation de 1000 vaches (25 % du cheptel de vaches) en versant une subvention de 480 euros par vache sortie de l´exploitation, complétés de 240 euros pour le transport. Cette aide gouvernementale s´ajoute au prix de vente des animaux au Royaume-Uni.
La situation s´est un peu améliorée cette année. Le prix du lait est remonté à 528 euros/1000 litres en 2004 alors qu´il était en deçà de 450 euros/1000 litres en 2002.
Mais les marges sont faibles. « L´année dernière, le prix de vente moyen payé aux producteurs n´était que de 480 euros/1000 litres alors que le coût de production s´élevait à 450 euros dont 176 euros/1000 litres pour les charges opérationnelles et 272 euros/1000 litres pour les charges de structure », précise John Jackson, conseiller agricole pour le compte du ministère de l´environnement.
©F. Mechekour


Le lait payé 528 euros pour 1000 litres en 2004
Deux solutions sont envisagées pour améliorer la situation économique des élevages laitiers. La première concerne l´arrêt de l´interdiction d´importer de la génétique afin d´accélérer le progrès génétique. Cette loi est en vigueur sur l´île depuis deux cents ans ! Sa levée se heurte à des réticences incroyables (lire article ci-contre). La seconde, plus classique, concerne la diminution des coûts de production. « Nous dépendons beaucoup des importations pour les concentrés, les engrais, les pesticides. Or, chaque tonne de produit nous coûte entre 80 et 100 euros de plus qu´en Angleterre ou en France en raison des coûts de transport », souligne John Jackson. Qui précise : « le prix du lait payé aux producteurs (528 euros/1000 litres) et le niveau de subventions (104 euros/1000 litres) ne doivent pas occulter le niveau très élevé des coûts de production. Il n´existe pas de prime à l´hectare pour les cultures destinées à l´alimentation des vaches (maïs, herbe.) ».
©F. Mechekour

Un hectare de très bonne terre coûte 35 200 euros
L´agrandissement des exploitations s´est accompagné d´un éclatement du parcellaire. « Les agriculteurs font de longs trajets et augmentent ainsi leurs charges de mécanisation. » Par ailleurs, le secteur autrefois très rémunérateur de la pomme de terre nouvelle est en crise depuis trois ans. Ce phénomène inquiète beaucoup parce que cette culture est très largement répandue dans les élevages laitiers.
Seule consolation : la crise a provoqué la libération de nombreuses surfaces et donc la baisse du prix de vente de la terre. Ce dernier reste toutefois très élevé. « Une terre de qualité exceptionnelle se vend encore 35 200 euros/hectare, explique Anne Perchard. Le prix de la location a par contre été divisé par trois pour se situer autour de 416 euros/hectare pour une prairie. »

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