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La hausse du produit est mangée par la hausse des charges

L’association European Dairy Farmers a présenté les résultats 2012-2013 de 301 fermes membres de 18 pays(1). Le prix d’équilibre moyen atteint près de 39 centimes d’euros par kilo de lait.

© B. Compagnon / archives

Les années se suivent et se ressemblent… en tout cas pour ce qui est des résultats des membres du réseau European Dairy Farmers (301 analyses de résultats pour la période 2012-2013). La démarche EDF est ambitieuse. Elle traite les résultats économiques comme ceux d’une entreprise qui rend compte à ses actionnaires, qui rémunère son capital et son travail, et qui anticipe l’avenir avec ses inévitables gros investissements à prévoir.
Le Break even point II (BEP II) continue d’augmenter. C’est un prix d’équilibre à long terme, c’est-à-dire le prix du lait qu’il faut pour couvrir toutes les charges (hors charges liées au quota), y compris la dépréciation (amortissements) et la rémunération du capital et des terres en propriété (charges supplétives). De 2010 à 2013, le prix d’équilibre moyen a augmenté, passant de 34 à 38,6 c€/kg ECM(2), entraîné par la hausse des charges décaissées (essentiellement le coût des aliments achetés, le coût des salariés et du travail délégué, le fuel). Les amortissements et les charges supplétives sont restés stables.
L’entrepreneur’s profit I (EP I) est négatif à -5,4 c€/kg ECM. C’est la différence entre tous les produits et toutes les charges réelles et calculées de l’atelier laitier. Même en incluant les aides découplées (EP II), il reste négatif à -2,2 c€. Les produits (chiffre d’affaires lait, viande, aides couplées) ont progressé de 2 c€, mais les charges ont suivi dans les mêmes proportions, et les aides découplées ont baissé de 0,2 c€.

Un « entrepreneur’s profit » négatif comme l’an passé


« La situation est identique à l’année dernière, avec 27 % seulement d’exploitations profitables ; 42 % si on inclut les aides découplées », indique Steffi WilleSonk, économiste pour EDF, dans sa présentation aux éleveurs. « Les produits que vous dégagez sont supérieurs aux charges directes de votre atelier lait, à ce que coûtent vos salariés et le travail délégué ; vous arrivez à vous rémunérer, et donc vous pensez que tout va bien. Mais si on raisonne comme un entrepreneur, les produits ne parviennent pas à couvrir à la fois tous les coûts calculés : la rémunération recommandée pour les associés (équivalent à 16,70 €/h en France), la rémunération des terres et du capital. »
Sur les trente fermes françaises participant à l’analyse 2012-2013, seul un tiers a dégagé un EP II positif. « Les Français du réseau sont en moyenne très bons sur les coûts alimentaires, mais ils se font rattraper par leurs voisins européens sur les autres charges décaissées (intérêts d’emprunt…), les amortissements, et la rémunération calculée du travail des associés, sans doute parce qu’ils produisent moins à l’heure, et que le rapport investissement/volume de lait est plus élevé. N’oublions pas dans l’analyse que les fermes françaises ont souvent un atelier grandes cultures qui a une incidence sur la quantité de lait produite par heure, et qui peut expliquer la présence de matériels et d’amortissements importants », détaille Philippe Mathieu, du BTPL et animateur EDF France.


(1) En tout, le réseau EDF compte 455 membres actifs en Europe mais aussi au Canada et Australie.
(2) Lait standard à 3,4 % de MP et 4 % de MG.

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