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La hausse du prix des aliments renforce l’intérêt de la luzerne

Des essais et simulations en Pays de la Loire montrent l’intérêt technique et économique de l’introduction de la luzerne sur un élevage laitier, encore plus quand le prix des aliments augmente.

© Chambre d'agriculture de Loire-Atlantique
«Produire de la luzerne en élevage laitier a des impacts techniques, économiques et sur le travail », a souligné Jean-Claude Huchon, de la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique, lors de la journée Recherche lait des Pays de la Loire.

De 2007 à 2010, quatre essais ont été réalisés à la ferme expérimentale des Trinottières sur la valorisation de la luzerne (ensilage, enrubannage, foin).
Dans trois essais, la luzerne a été introduite à hauteur de 50% des fourrages en complément de maïs, avec apport de maïs grain et blé aplati pour compenser les faibles valeurs énergétiques de la luzerne.
Le 4e essai a permis de tester une ration sèche fermière composée de foin de luzerne et de concentrés.
Les rations témoins contenaient 100 % d’ensilage de maïs pour la partie fourragère.

Jusqu’à 9 euros de gain pour 1000 litres de lait


Avec du foin de luzerne en début de lactation, la production de lait a été inférieure de 3,2 kg/VL/j (31 kg lait brut contre 34,2 kg pour le témoin) avec des taux stables. Mais l’introduction de la luzerne a permis de réduire la consommation de correcteur azoté de 60 %.

Avec l’ensilage en milieu de lactation, les résultats en lait et taux ont été identiques à ceux obtenus avec le maïs seul, avec 32 % de correcteur azoté en moins.

Avec l’enrubannage en début de lactation, la production a diminué (31,8 kg de lait brut contre 34,2 kg pour le témoin) et le TP a été significativement inférieur (29,5 contre 30,7 g/kg). Mais la consommation de correcteur azoté a baissé de 33 %.

Enfin, avec la ration sèche fermière en milieu de lactation, l’ingestion a été supérieure (25,7 contre 24,2 kg MS/VL), la production laitière à 4 % équivalente et les taux ont diminué, avec 38 % de correcteur azoté en moins.
« 50 % de luzerne dans la ration permet de maintenir de bonnes performances laitières », souligne Jean- Claude Huchon.

En 2012, pour évaluer l’impact économique de l’introduction de luzerne dans un système fourrager laitier, les réseaux lait et le groupe alimentation des Pays de la Loire ont fait des simulations sur un système spécialisé avec base maïs toute l’année (61 ha, 360 000 l, 11 tMS/ha en maïs, 6,1 tMS/ha en prairies, 46 VL à 8000 l/an). L’effet sur la santé animale, la structure du sol et la pression des adventices n’a pas été pris en compte.
« Globalement, l’introduction de luzerne entraîne une baisse des achats de concentrés azotés, une augmentation de l’auto-consommation de céréales et donc une baisse des ventes de céréales, des coûts SFP plus élevés, le coût SFP de la luzerne étant 1 à 1,5 fois supérieur à celui du maïs, et une amélioration de la fertilisation du blé et des rendements. »

Maintien des performances avec 50 % de luzerne dans la ration


Dans la conjoncture 2011 (blé à 160 €/t et correcteur à 330 €/t), l’introduction de luzerne en remplacement de maïs, au même rendement de 11 tMS/ha, permet un gain de 700 € (2 €/1 000 l). Dans la même conjoncture, le gain est de 5 €/1000 l si la luzerne remplace une part d’ensilage d’herbe et un peu de maïs. Et l’augmentation du prix des aliments renforce encore l’intérêt de la luzerne.

Ainsi, avec un correcteur azoté à 500 €/t, l’impact de l’introduction de luzerne à la place de maïs est de +4 à +6 €/1 000 l et celui de l’introduction de luzerne à la place d’herbe récoltée et d’un peu de maïs atteint +7 à +9 €/1 000 l. La simulation indique un léger avantage au remplacement à la fois de surfaces fauchées et d’un peu de maïs par rapport à la substitution exclusive maïs-luzerne.

Si le maïs ensilage est de très bonne valeur énergétique, le remplacement d’un peu de maïs par de la luzerne n’entraîne pas d’augmentation de la consommation de céréales et l’impact économique est encore amélioré de 4-5 €/1 000 l.

Enfin, « une tonne de luzerne en plus ou en mois par hectare, soit +/-10 % du rendement, a un impact de 2 à 3 €/1000 l, ce qui souligne l’importance de la réussite de la culture ».

Un impact travail non négligeable


Le coût de mécanisation de la luzerne est un poste de charge important lié principalement aux multiples récoltes (3 à 4 par an). En termes de temps de travail, selon le mode de récolte, ce temps varie de 11 à 15h/ha contre 7 à 9 h/ha pour le maïs. « Ce n’est donc pas un facteur négligeable, souligne Jean-Claude Huchon, d’autant plus que les interventions se font souvent tôt le matin, juste après la traite, à une période où il y a déjà des ensilages, que le matériel n’est pas toujours disponible… »

Le coût hors main-d’oeuvre est également supérieur. Une approche du coût de mécanisation sur une première coupe à 4,5 tMS/ha a été réalisée à partir du barème d’entraide (BCMA). Il intègre le coût du tracteur, des outils attelés, de l’ensileuse et du carburant.
Sur cette approche, le foin est le mode de récolte le moins coûteux (150 E/ha) mais le plus gourmand en temps (3 h 10/ha). L’enrubannage est le mode de récolte le plus coûteux (200 E/ha), avec également 3h/ha de temps de travail. L’ensilage est le moins gourmand en temps (2 h 10/ha) et le moins coûteux (170 E/ha), l’utilisation d’un conservateur pouvant toutefois augmenter fortement le coût de la matière sèche stockée.

Au final, pour une luzerne à 10 tMS/ha exploitée en quatre coupes (ensilage, foin, foin, enrubannage), le coût total de récolte s’élève à 570 E/ha, soit 57 E/tMS. En comparaison, les frais de récolte, transport et stockage pour un maïs à 10 tMS/ha sont de 20 à 25 E/tMS.

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