Aller au contenu principal

François Guégan, président de l’Organisme de sélection Prim’Holstein
LA GÉNOMIQUE VA CHANGER LES RELATIONS ENTRE CIA ET ÉLEVEURS

Les premiers taureaux issus de la sélection génomique pourraient être commercialisés dès la sortie d’index de juin. Une révolution historique dans la sphère du progrès génétique.

« La
propriété
de
l’information
issue du
génotypage
est une
question
de fond
qui devra
être
réglée. »
« La
propriété
de
l’information
issue du
génotypage
est une
question
de fond
qui devra
être
réglée. »
© DR

La sélection génomique va-t-elle révolutionner le monde de la sélection, comme ce fut le cas avec l’insémination artificielle ?

Oui, parce qu’elle représente une évolution majeure permettant d’affiner le choix des taureaux et des souches femelles.Avec la sélection assistée par marqueurs génétiques de première génération (SAM 1, utilisée de 2000 jusqu’à 2007), on pouvait déjà sélectionner des animaux mais sur un nombre restreint de caractères. Et les animaux devaient appartenir à la même famille génétique. Depuis 2008, avec la SAM de deuxième génération (SAM 2), on peut évaluer le potentiel génétique de tous les animaux d’une même race partout dans le monde à partir d’un simple échantillon de sang. On va pouvoir travailler sur plus de caractères de manière plus fiable, notamment sur les caractères fonctionnels tels que la fertilité, la résistance aux mammites… On pourra également utiliser des taureaux beaucoup plus jeunes. Par ailleurs, la SAM 2 est un bon moyen pour découvrir de nouvelles souches et donc améliorer la variabilité génétique. À terme, la sélection génomique devrait permettre de diminuer le coût des programmes.

Est-ce pour autant la fin du testage sur descendance ?

Non, je ne crois pas. En tout cas pas dans un premier temps. Je pense que les éleveurs vont utiliser à la fois des taureaux issus de la sélection génomique et des taureaux confirmés issus du testage sur descendance. Il y aura par contre beaucoup moins de taureaux achetés aux éleveurs sélectionneurs pour être testés ensuite sur descendance, parce que la sélection génomique permet de faire une présélection. Jusqu’ici, les entreprises de sélection achetaient plusieurs jeunes taureaux issus du même montage génétique pour les tester sur descendance. Avec la sélection génomique, ce ne sera plus le cas. On pourra savoir par exemple quel plein frère a le plus de potentiel génétique.

Les partenariats entre entreprises de sélection et éleveurs sélectionneurs vont-ils être profondément modifiés ?

Aujourd’hui, le coeur du débat est en effet de savoir comment les entreprises de sélection vont adapter leurs relations contractuelles avec les éleveurs sélectionneurs pour continuer à les motiver. S’il y a moins de taureaux à entrer en testage, cela veut dire que les éleveurs sélectionneurs vendront moins de mâles. Or le travail sur des souches génétiques demande beaucoup d’efforts et d’investissements à la fois en temps, en argent et en énergie. Les entreprises de sélection réfléchissent beaucoup depuis quelques mois à la meilleure façon d’entretenir leur partenariat avec les sélectionneurs dans le cadre de ce nouveau contexte. Cela promet des débats passionnants et passionnés au sein de l’Organisme de sélection (parlement de la race qui a remplacé l’Upra). Mon souci en tant que président de l’OS est que ce débat soit constructif et qu’il n’y ait pas d’oppositions entre les éleveurs sélectionneurs et les utilisateurs de la génétique.

La concurrence en Holstein ne risque-t-elle pas d’être forte ?

Effectivement, d’autres pays, comme par exemple les Pays-Bas et les Etats-Unis, sont dans la course. Ils pourraient proposer de génotyper des vaches ou des taureaux dans des élevages français. La propriété de l’information concernant le génotypage des animaux est donc la seconde question centrale qui reste à régler. À qui appartient l’information ? À l’éleveur propriétaire de la vache souche, aux entreprises de sélection qui ont investi dans la recherche sur le génotypage ? Toutes ces questions vont être débattues. ■

Identité

François Guégan est le président de l’Organisme de sélection (OS) de la race Prim’Holstein depuis juillet 2008. Eleveur laitier dans les Côtes-d’Armor (une cinquantaine de Prim’Holstein à 9000 kg) et adhérent à l’association Prim’Holstein- France (ex-Upra), François Guégan va occuper le poste de président de l’OS pendant trois ans.

Les plus lus

<em class="placeholder">jeunes semis de luzerne</em>
Luzerne : sept erreurs à éviter au semis

La luzerne est une culture fourragère exigeante qui réclame de la rigueur et une certaine technicité pour bien démarrer. Tour…

<em class="placeholder">Le vétérinaire et l&#039;éleveur lors d&#039;un suivi reproduction du troupeau</em>
« Le suivi repro avec le vétérinaire est une porte d’entrée pour gérer la santé du troupeau »
Thierry et Claudine Jaguelin, éleveurs en Mayenne, sont engagés avec leur vétérinaire dans un suivi repro avec un forfait aux 1…
<em class="placeholder">robot d&#039;alimentation GEA dans la cuisine</em>
Votre production laitière a-t-elle augmenté suite à l'installation d'un robot d’alimentation ?

L’installation d’un robot d’alimentation s’est-elle traduite par une hausse de l'ingestion et de la production laitière chez…

Hugo Barraillé et Florian Gibaud, deux éleveurs assis devant des bottes de paille
Installation : « J’ai trouvé mon associé grâce à la page Facebook des producteurs de lait »

Florian Gibaud du Gaec à l’étable du Mézenc en Haute-Loire a recherché avec méthode un associé pour remplacer son père. Il…

<em class="placeholder">courbe de l&#039;évolution du prix 12 mois glissants du lait bio en France, en Allemagne et en Autriche</em>
Prix du lait bio : pourquoi l'Allemagne fait mieux que la France ? 

Les transformateurs laitiers payent mieux les éleveurs bio en Allemagne qu'en France. En magasin, le prix d'un litre de lait…

<em class="placeholder">pièces de monnaie et billets</em>
Prix du lait 2025 : Sodiaal annonce un objectif de 470 €/1000 l en conventionnel et de 520 euros en bio, après un bon résultat 2024

Après de bons résultats pour l’année 2024 et un prix du lait payé à 492 euros les 1000 litres toutes primes et ristournes…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière