La France peut-elle continuer à limiter seule sa production?
La gestion de l’augmentation des quotas diffère fortement selon les pays. Mais la France est la seule à limiter volontairement sa production laitière.
Globalement, au niveau de l’Union européenne, les sous-réalisations laitières augmentent d’année en année (3,8 % en 2008-2009). Les livraisons de lait continuent à progresser légèrement, mais elles ne suivent pas l’augmentation des quotas. La mise en parallèle des courbes de livraisons et d’évolution des quotas sur les neuf dernières campagnes, pays par pays (étude Cniel), montre des évolutions radicalement différentes. Un certain nombre d’entre eux (Royaume-Uni, Suède, Finlande) ont manifestement lâché prise comme en témoignent leurs sous-réalisations structurelles qui vont s’amplifiant. Pour d’autres (Grèce, Slovénie, Slovaquie), le décrochage est plus récent mais paraît néanmoins irréversible. Quelques-uns enfin, récemment rentrés dans l’Union européenne (Pays Baltes, Hongrie…), sont en sous-réalisation structurelle mais leur collecte continue à progresser. A l’opposé de ces pays en déclin ou en devenir, quelques autres, qui ne sont pas parmi les moindres, ont décidé de produire la totalité de leur quota. Ils se préparent à la libéralisation de la production. La Belgique et le Danemark collent parfaitement à leur référence avec une gestion fine qui leur évite des pénalités. Mais, ils ont de la réserve sous le pied. En revanche, l’Allemagne et les Pays-Bas, sont en dépassement quasi chronique malgré l’augmentation des quotas.
Pas de frein de la production en Allemagne, qui est en dépassement quasi-permanent
Reste enfin les pays en situation intermédiaire. Leurs livraisons se maintiennent peu ou prou mais ils n’arrivent pas à suivre l’augmentation du quota et voient leur sous-réalisation s’accroître. Dans ce groupe, l’Espagne et l’Irlande mais aussi la France. Notre pays est néanmoins un cas particulier car cette sous-réalisation est en grande partie volontaire. C’est particulièrement vrai pour la campagne en cours avec l’option « double zéro ». « Ce choix a permis d’assainir le marché, mais il peut difficilement être tenu sur la durée parce que cette vision française de la gestion offre/demande n’est pas partagée », analyse Benoît Rouyer, auteur de l’étude du Cniel.