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Génétique bovine
« La baisse de fertilité est faiblement liée à la génétique, » estime Pascale Le Mézec

La fertilité (taux de réussite à l´insémination) en Prim´Holstein se dégrade. L´Institut de l´élevage décortique actuellement les résultats d´insémination pour évaluer les causes de cette baisse.


Dans certaines zones d´insémination, le nombre moyen de vêlages obtenus après 100 inséminations est passé de 45 à 40 en moins de 10 ans en race Prim´Holstein. Une dégradation plutôt importante. Mais derrière ces données brutes se cachent une multitude de causes. Difficile de faire le tri entre la part de la sélection sur la production laitière (un caractère corrélé négativement avec la fertilité) et les conditions d´élevage. Cette tendance préoccupante est à l´origine de l´étude en cours menée par Pascale Le Mézec et Delphine Duclos, de l´Institut de l´élevage, en collaboration avec l´Inra.
Quelle est la part de la sélection en production laitière dans la baisse de fertilité des vaches ?
Pascale Le Mézec - La dégradation de la fertilité en race Prim´Holstein pose effectivement des questions. Dans cette race, selon des résultats obtenus dans quatre départements représentatifs, le taux de réussite moyen après insémination est passé de 45 % à 40 % en moins de dix ans. Tout le problème est de mesurer la part de la génétique dans ce résultat issu d´observations brutes. C´est l´objet d´une étude que nous menons depuis mars 2004 avec l´Inra et dont les résultats seront connus au printemps prochain. Mais il faut garder à l´esprit que la fertilité est un caractère peu héritable (h2 = 1 à 2 %). Cela veut dire que la génétique n´explique qu´une faible partie des variations des résultats de reproduction que nous observons. La plus grande proportion est liée aux conditions d´élevage.
Pourtant, ce phénomène touche surtout la Prim´Holstein.
P. L.M. - De fait. Nous savons qu´il existe une corrélation génétique négative entre la production laitière et la fertilité des vaches. Une sélection qui serait uniquement basée sur la production laitière entraînerait une baisse de fertilité de 0,3 à 0,5 point par an soit au maximum 5 points en dix ans. Dans la race Prim´Holstein, la plus spécialisée en lait, on observe effectivement un niveau moyen de fertilité moins élevé et une baisse plus importante que dans les races Montbéliarde et Normande. Mais nous n´estimons pas encore avec précision la part exacte de la génétique dans cette baisse. Dans ces résultats, les aspects génétiques sont masqués par l´âge des animaux, les systèmes d´élevage, l´évolution de la conduite. Qui plus est, les chiffres énoncés précédemment ne sont valables que dans le cas d´une sélection basée uniquement sur la production laitière, ce qui n´a jamais été le cas même en Prim´Holstein.
Quelles sont les solutions apportées par la sélection ?
P. L.M. - Les taureaux ont un index fertilité femelle depuis 1998. Concrètement un taureau a un index compris généralement entre - 2 et + 2. Un index de + 1 permet en moyenne une amélioration de la fertilité des filles de 2,5 points, à condition que la détection des chaleurs soit bonne. Avec un index de + 2, le progrès espéré est de 5 points. Inversement, un index négatif correspond à une dégradation de la fertilité. Mais attention, l´index fertilité individuel des taureaux est sensible aux apports de nouvelles informations massives, surtout lors de l´arrivée des génisses puis des vaches de service. La prise en compte de la fertilité dans les objectifs de sélection des différentes races est le moyen le plus efficace de stopper la dégradation observée, voire d´espérer une amélioration. L´index fertilité est entré dans la formule de l´ISU en 2001. Il compte pour 12,5 %.
A-t-on atteint le creux de la vague ?
P. L.M. - Nous sommes dans la période la plus difficile sur le plan génétique. Des taureaux détériorateurs comme plusieurs fils de Mascot (l´index fertilité moyen des 74 fils de Mascot qui ont été agréés est de - 0,7) ou même des plus anciens comme Gibbon (FER =-1,0) ou Gemidge (FER =-1,5) ont fait beaucoup d´IA et ont encore une forte influence dans les élevages actuellement. Heureusement, il y a de la diversité et certains taureaux très utilisés comme Heldostar (FER = +1,7) ont laissé des filles plus fertiles. Dans les générations plus récentes, il faut citer Merdrignac (FER = +3,4). En étudiant les bilans génétiques annuels des inséminations, on pense qu´ensuite cela va s´améliorer, probablement avec les vaches qui auront 4 ans en 2007-2008.

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