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FERTILISATION
JUSQU’OÙ SE RISQUER DANS LES IMPASSES EN PK?

Les engrais P et K sont devenus chers, mais ils ne sont pas toujours nécessaires. Par contre, si l’impasse en PK se répète, la fertilité des sols ne peut que diminuer.

Avec les lisiers et fumiers
notamment, certains sols
ont été enrichis à des niveaux
tels que l’impasse peut se
prolonger plusieurs années
sans risque sur le rendement.
Avec les lisiers et fumiers
notamment, certains sols
ont été enrichis à des niveaux
tels que l’impasse peut se
prolonger plusieurs années
sans risque sur le rendement.
© S.Leitenberger

«Bien souvent, l’apport d’engrais P ou K n’est pas nécessaire pour assurer la production maximale des cultures, affirme Pierre Castillon, spécialiste de la fertilisation pour Arvalis- Institut du végétal. Les expérimentations de longue durée menées en France l’ont bien montré. »

Des essais ont effectivement été réalisés pendant une trentaine d’années, sur des sols moins riches en P et K que la plupart des sols actuels, sans que les rendements des cultures soient affectés par l’arrêt de fertilisation P et K. « L’absence de fertilisation peut donc se concevoir et se prolonger plus ou moins longtemps selon la disponibilité de P et K dans le sol et l’exigence des cultures, sans effet significatif sur leur production », résume l’expert.

Et de poursuivre : « certains sols ont été enrichis à de tels niveaux qu’ils peuvent assurer pendant de nombreuses années une nutrition P et K non limitante pour leur production. En Bretagne, où les épandages de fumiers et lisiers ont multiplié par deux à quatre le stock total de phosphore dans le sol, cela peut même durer des dizaines d’années. »

ANALYSE DE TERRE PRÉALABLE

Ces conclusions optimistes sur la stratégie d’impasse n’empêchent pas l’Unifa de tirer la sonnette d’alarme. Pour l’Union des industries productrices d’engrais, « la baisse d’utilisation des engrais phosphatés et potassiques observée en France depuis de nombreuses années pose le problème à court et moyen terme de l’épuisement des sols ». Le bilan de la dernière campagne affiche des niveaux de baisse très importants en P et K. « Les livraisons de phosphore régressent aux niveaux de celles des années 1900- 1905, et celles de potassium aux niveaux des années 20, alors que les rendements ont été multipliés par cinq ou six », prévient Gilles Poidevin, de l’Unifa.

LE SOL S’APPAUVRIT

Si l’absence de fertilisation devient la règle pour certaines parcelles, le sol s’appauvrira progressivement. Cette pratique engendre une diminution de la disponibilité de P et K dans le sol, assez lente mais inexorable. Réaliser une analyse de terre périodique, tous les 4 à 6 ans, permet de stopper à temps cette dérive. Si la teneur de l’élément dans le sol se révèle inférieure au seuil au-dessous duquel l’apport d’engrais devient nécessaire, les pertes de production liées à l’impasse apparaîtront faibles dans un premier temps, mais tendront à s’accentuer au fur et à mesure que le sol s’appauvrit.

Dans les systèmes d’élevage, l’apport régulier d’amendements organiques permet grosso modo de couvrir les exportations de P et K des cultures. Les prairies qui sont pâturées ne posent pas de problème. Seules celles exclusivement fauchées, et ne recevant aucune fertilisation, peuvent voir leur production fortement chuter en cas d’impasse en PK. « Si la parcelle tient une place importante dans le système fourrager, mieux vaut ne pas prendre de risque et apporter 40 à 60 unités de P2O5 et 120 à 150 unités de K2O par hectare (soit l’équivalent de 15 t de fumier/ha), conseille Sabine Battegay, d’Arvalis. Objectivement, la seule façon de savoir si l’impasse est possible, c’est de réaliser une analyse d’herbe au printemps et de confronter les indices de nutrition P et K avec les pratiques de fertilisation de l’exploitant.

LES PRAIRIES FAUCHÉES SENSIBLES AUX IMPASSES

« Sur prairie fauchée, l’impasse se révèle moins risquée pour le phosphore que pour le potassium, indiquent les techniciens. Alors que c’est l’inverse en culture de maïs. »

Sur maïs, s’il y a un apport d’effluents, cela s’avère en général suffisant. « Toutefois, en condition de sols froids ou de parasitisme susceptible d’affecter la croissance des racines des jeunes plantes, il est préférable de réaliser un petit apport d’engrais starter localisé au semis, même dans les sols riches, à hauteur de 15 à 30 kg de P2O5 par hectare, préconise Pierre Castillon. Sans ce coup de pouce, on s’expose à un risque de perte de rendement de 5 à 10 %. »

Enfin, que les exploitants qui pratiquent des impasses de longue date se rassurent ! Ramener de l’engrais PK sur une parcelle procure une réponse immédiate.  ■

Campagne 2008-2009 : Des livraisons d’engrais en chute libre

D’après les statistiques récemment publiées par l’Union des industries productrices d’engrais, les livraisons ont diminué tous engrais confondus de 24 %, avec des records pour les engrais simples phosphatés (-59 %) et les engrais simples potassiques

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