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"J'obtiens un ensilage concentré en protéine et énergie"

A l'EARL Mayorne, dans l'Orne, Régis Bisson fauche trois fois ses dérobées. Pour assurer la qualité de façon rentable, le chantier de récolte doit aller vite.

Le deuxième prix du concours de la qualité de l'ensilage d'herbe organisé par Elvup(1) est affiché dans le bureau de l'EARL Mayorne, à Magny-le-Désert dans l'Orne. Une récompense du travail de Régis Bisson, de son salarié à temps partiel, son apprenti et son père. La notation est basée sur des critères visuels, olfactifs et des résultats d'analyses.

L'EARL valorise en ensilage une vingtaine d'hectares de dérobées semées après la récolte du blé. "Quitte à mettre des couverts, autant que cela amène une plus-value. Je cultive du ray-grass d'Italie (RGI) alternatif diploïde sur les meilleures parcelles", indique Régis Bisson.

Régis Bisson cherche à récolter un ensilage à hautes densités énergétique et azotée pour ses vaches laitières hautes productrices à plus de 10 000 kg lait/an. "Mon objectif est que l'ensilage d'herbe permette de faire des économies de correcteur azoté sans déconcentrer la ration en énergie . Avec 4 kg MS d'ensilage d'herbe à 18 de MAT par vache, j'économise 1 kg de tourteau de colza, soit plus de 30 tonnes pour 100 vaches sur 300 jours." Pour son ensilage du printemps 2017, l'analyse réalisée en juin donne : 16,6% de MAT, 0,94 UFL, 103 PDIN, 1,05 UEL.

Une première coupe entre le 15 mars et le 1er avril

Pour chercher une qualité élevée, l'éleveur réalise trois coupes : une à l'automne et deux au printemps. À l'automne il est difficile d'obtenir une matière sèche correcte (20% en 2017). Cet ensilage est donc destiné aux génisses. "Cette coupe a un autre intérêt. Si je ne fauche pas et qu'il gèle en hiver, le RGI aura du mal à repartir au printemps et la valeur alimentaire sera moins bonne." Avant, l'éleveur ne faisait qu'une coupe au printemps ; la valeur alimentaire était trop faible pour les vaches. Depuis deux ans, pour maximiser la qualité, il fait deux coupes ; sauf sur les parcelles à moins bon potentiel.

La première coupe printanière a lieu à partir du 15 mars. La deuxième, au plus tard le 8 mai. "Ce qui détermine la date de la première fauche, c'est que ma deuxième fauche doit impérativement être réalisée au plus tard la première semaine de mai. Sinon, cela décale l'implantation du maïs. Comme il faut 30 à 35 jours entre les deux coupes, cela nous amène tout début avril au plus tard. Donc, entre le 15 mars et le 1er avril, je guette une fenêtre météo favorable. C'est la météo qui déclenche la première coupe. À cette date, la MAT est forcément très élevée ; on est largement avant le stade épiaison. Il vaudra toujours mieux faucher une quantité moindre le 15 mars, mais être sûr de tenir ce calendrier."

L'ETA fauche 20 hectares en 3 heures

Régis Bisson utilise Scan'Récolte MS, un outil proposé par Elvup basé sur les données météo à 5 jours pour évaluer le temps de séchage après la fauche, dans le but d'atteindre 35% MS et éventuellement adapter la chaîne de récolte en fonction des conditions météo.

Classiquement, le premier jour en fin d'après-midi (fourrage plus concentré en sucre), l'ETA fait une fauche à plat avec une conditionneuse à fléaux (réglage pour éviter d'abîmer le fourrage) de 9 mètres (8 ha/h - 25 à 30 €/ha). "L'avantage de l'ETA est le matériel performant qui permet de tout faucher en trois heures, ce qui est important quand la fenêtre météo est courte. L'inconvénient est la disponibilité. Il faut bien anticiper ses chantiers en guettant la météo", rappelle Régis Bisson. La hauteur de coupe est de 6-7 cm. Le deuxième jour, le fanage est réalisé avec un matériel en copropriété. "Je fane pour accélérer le séchage, atteindre rapidement mon objectif de matière sèche, et avoir un fourrage plus homogène en MS." L'andainage est réalisé en fin de journée, avant que le fourrage reprenne de l'humidité. Le troisième jour, l'ETA ensile.

Un nouvel andaineur pour améliorer le débit d'ensilage

"La recherche d'une haute qualité ne doit pas se faire à n'importe quel prix !", insiste Régis Bisson. Faire de petites coupes (2,5 t MS/ha chacune) peut vite être coûteux. "Pour que le coût à la tonne de matière sèche soit correct par rapport à un élevage ne faisant qu'une seule coupe de 5 t MS/ha, il faut optimiser le débit de chantier, de la fauche à la récolte, avec un objectif de doubler le nombre d'hectares à l'heure."

Pour cela, les dérobées sont implantées sur de grandes parcelles (environ 8 ha). L'implantation est soignée. "Il faut adapter le matériel aux petites coupes. Pour l'instant, la Cuma a un andaineur de 7 mètres qui fait une dépose centrale. Nous allons investir dans un andaineur à dépose latérale qui nous permettra de réaliser des andains tous les 14 ou 21 mètres selon la quantité de fourrage. Ainsi, on pourra ensiler 6 ha/h au lieu de 3. Autre avantage : le fourrage reprendra moins la rosée."

"Il faut que les remorques arrivent au silo aussi vite qu'avec un rendement de 5 t MS/ha. Je privilégie les parcelles proches des silos pour cultiver les dérobées. Ceci nous permet d'être autonomes à la récolte ; trois remorques et le tracteur pour tasser sont conduits par nous quatre." Le chantier est rapide, mais le tassage est soigné. L'analyse de la densité est très bonne : 766 kg MB/m3 en 2017 avec 41% de MS, porosité de 34%.

(1) Elvup : organisme de conseil en élevage

Une implantation soignée

Un ensilage de qualité et rentable commence à l'implantation. "Avec le déchaumeur à disques, après la récolte du blé, je passe une première fois pour faire comme un faux semis, pour favoriser la germination des graines de blé. Dix jours après, je passe une seconde fois pour détuire les repousses et mauvaises herbes et semer le RGI. Ensuite, je roule pour favoriser la germination du ray-grass et aplanir le sol. Un terrain bien aplani est un gage de rapidité pour la récolte future, et de qualité d'ensilage (moins de terres)", détaille Régis Bisson.

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