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Elargissement de l´Europe
Jean-Pierre Carlier estime qu´il y a « peu de risques pour les marchés laitiers européens »

Avec les quotas, la production des nouveaux Etats-membres ne devrait pas beaucoup augmenter, alors que leur consommation intérieure devrait plutôt progresser. C´est l´avis de Jean-Pierre Carlier, de l´Association de la transformation laitière.


RLE : Certains craignent que les agriculteurs des dix nouveaux Etats-membres deviennent plus compétitifs que ceux de l´UE des quinze, notamment à cause de la main-d´oeuvre bon marché. Que leur répondez-vous ?

Jean-Pierre Carlier - L´argument des salaires, beaucoup plus bas, ne tient pas. En Pologne, il y a deux ans, pour fabriquer un même tonnage de beurre et de poudre, il fallait six fois plus d´employés qu´en France ! A cette main-d´oeuvre vient s´ajouter un handicap logistique important. Il existe du lait à bas prix dans ces pays, mais il n´est pas aux normes européennes. Aujourd´hui, le lait aux normes (1) est payé autour de 0,25-0,26 e/l (1,70 F/l) ; cet écart de prix, vu les handicaps actuels au niveau de la production et de la transformation, n´est pas un problème.
Chaque pays sera bénéficiaire de l´élargissement, en particulier les agriculteurs. L´élargissement, c´est un pari économique. Les nouveaux membres, qui ont un niveau de vie très inférieur au nôtre, vont progressivement se rapprocher de nous, comme cela a été le cas pour l´Espagne et le Portugal. L´Union européenne représentera un grand marché de plus de 500 millions de consommateurs où les biens et les services pourront circuler librement. Les courants d´échanges vont s´intensifier entre les Peco (2) et l´Europe des Quinze.

Y a-t-il un risque de déséquilibre des marchés laitiers européens ?

J.-P. C. - A moyen terme sur 2008, il n´y a aucune raison de penser que l´élargissement amènera des éléments de déséquilibre des marchés européens. On sait que leur production, avec les quotas, ne va pas beaucoup augmenter, alors que leur consommation intérieure va plutôt progresser. Ils sont globalement légèrement excédentaires et devraient le rester. A plus long terme non plus, d´après nos études, il ne devrait pas y avoir de graves déséquilibres.

Que pensez-vous des niveaux de quotas attribués aux dix futurs Etats-membres lors du sommet de Copenhague ?

J.-P. C. - Les quotas ont été fixés à un niveau légèrement inférieur à leur production de ces dernières années (- 3 à - 5 %). Il aurait été plus juste de leur donner plus, c´est un niveau trop bas. La conséquence est que la plupart de ces pays sont très mécontents et très agressifs vis-à-vis du système des quotas. A partir du 1er mai 2004, ils siègeront au Conseil des ministres. Le risque est que, si la décision de prolonger les quotas n´est pas prise avant le 1er mai 2004, la question du maintien des quotas sera rendue particulièrement délicate. Il faut savoir que la « bande des quatre » (pays libéraux) favorables à la suppression des quotas plus la moitié des Peco représente 123 voix, alors que la minorité de blocage dans l´UE à 25 est à 88 voix.

Les quotas seront-ils réellement appliqués dans les nouveaux Etats-membres ?

J.-P. C. - S´ils en ont la volonté politique, la Hongrie, la Tchéquie et la Slovaquie seront en mesure de les appliquer. La Slovénie et l´Estonie devraient pouvoir le faire assez vite. Par contre, il est certain que la Pologne, où il existe une multitude de tout petits producteurs avec quelques vaches, la Lettonie et la Lituanie, ne pourront pas appliquer notre système de quotas. Mais l´Italie ne les a pas appliqués non plus pendant des années.
Que pensez-vous du niveau d´aides directes qui leur a été attribué ?
J.-P. C. - Ces pays sont obligés de dire qu´ils ne sont pas satisfaits. Mais ils pourront, dès la première année, amener le niveau d´ aides directes à 45 % du niveau des aides directes des quinze, avec un système totalement découplé. Ils pourront en effet compléter les aides attribuées (25 % la première année) par des crédits européens destinés au développement rural et avec leurs ressources budgétaires nationales. Compte tenu de la grande différence de niveau de vie entre ces pays et les quinze, ces 50 % d´aides directes sont équivalents en terme de pouvoir d´achat de biens de consommations à nos 100 %.


(1) plus de 90 % du lait livré aux laiteries en Hongrie, République tchèque et Slovaquie.
(2) Peco : pays d´Europe centrale et orientale

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