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« Je sursème du trèfle dans mes prairies permanentes »

Pierre Deldicque dans le Pas-de-Calais rénove ses prairies permanentes tous les cinq ans. Le sursemis réussit trois années sur quatre en moyenne. Mais pas par hasard.

Installé à Helfaut avec 60 Montbéliardes à 5 000 l et 80 ha, Pierre Deldicque a adopté un système bio intensif. Il mène ses céréales et cultures maraîchères sur des limons profonds battants à fort potentiel. Les prairies permanentes, qui représentent quasiment la moitié de la SAU, se répartissent sur des terres de marais ou des limons argileux. Leurs rendements varient entre 5 t MS/ha (dans les bas-fonds) à 8 tMS/ha. La fertilisation se limite à 15 t MS/ha tous les ans sur prairies fauchées. « Nous voulons une herbe de qualité, riche en trèfle. En bio, sans trèfle, l’herbe ne pousse pas, affirme Pierre Deldycke. La difficulté ici, c’est que le trèfle disparaît vite car il n’aime pas les terres humides. »

Limiter l’effet lissage de la herse rotative et la levée d’adventices

Chaque année, l’exploitant rénove 5 hectares parmi ses 35 hectares de vieilles prairies. Certaines se trouvent parfois inondées, d’autres compactées ou encore surpâturées. L’éleveur a longtemps sursemé avec une herse rotative, mais « ce matériel favorise la levée des adventices car il ouvre trop le sol, estime-t-il. De plus, en émiettant le sol, la rotative entraîne un effet glaçage du fond de la ligne de semis. » C’est pourquoi Pierre a abandonné la rotative il y a trois ans ; il a placé à l’arrière un vibroculteur dont il a modifié les dents, et installé son vieux semoir dessus (cf. article page suivante). Il peut ainsi travailler à 3-4 cm de profondeur avec un outil à dent uniquement dans la ligne de semis. « Cela limite grandement la levée des adventices et favorise la minéralisation grâce à l’effet d’aération du sol. Deux avantages qui s’avèrent essentiels en bio. » 

 « Avec ce nouveau système, j’obtiens de meilleurs résultats, apprécie-t-il. Quand le sursemis est réussi, je gagne 3, voire 4 tonnes de matière sèche à l’hectare. » Pierre amène tous les 5 ans 20 kg /ha de trèfle blanc, hybride et violet, du ray-grass anglais, ray-grass hybride, fétuque et dactyle. « Sur les prairies pâturées, j’apporte 3 kg de trèfle/ha et 5 kg/ha sur les prairies fauchées. » Le mélange revient environ à 150 €/ha. Un engrais organique starter (20 €/ha) est mélangé à la semence pour booster le développement des plantes. Et les vaches passent systématiquement sur les parcelles après le sursemis.

Le sursemis est plus difficile sur les parcelles compactées

Le taux de réussite du sursemis est relativement bon. « On essuie un échec une année sur quatre en général », précise Pierre. Globalement, l’éleveur préfère sursemer en fin d’été en ciblant une période humide. Le trèfle bénéficie de lumière contrairement au printemps où l’herbe pousse vite. Ceci dit, s’il ne trouve pas de fenêtre météo adaptée, il préfère décaler le sursemis au printemps suivant. « Avec des semis de fin d’été, il ne faut pas s’affoler si on ne voit pas forcément les résultats dès le printemps suivant, souligne-t-il. C’est plutôt l’été et l’automne quand le trèfle sort que l’on peut voir si ça a bien marché. »

Le sursemis s’avère plus délicat sur les parcelles fauchées, car celles-ci sont davantage compactées. L’autochargeuse y réalise 4 à 5 récoltes par an. De plus, sur l’exploitation, les terres compactées hydromorphes ne facilitent pas la tâche. « Soit il fait humide et elles accumulent l’eau en surface, soit il fait sec et l’enracinement devient impossible. » Dans ce cas, Pierre privilégie un travail de surface agressif sur 5 cm de profondeur. Il mise également sur une amélioration de la vie du sol en apportant un complexe d’oligo-éléments riche en calcium pour nourrir les champignons et bactéries.

Raisonner le choix du matériel en fonction des conditions météo

Côté matériel, en première intention, Pierre pratique désormais un sursemis en ligne avec son outil à dents. « Par contre, en conditions humides, les dents risquent d’entraîner le même phénomène que la herse rotative, relève Fabien Leleu, conseiller spécialisé en fourragères chez Olmix. Mieux vaut alors réaliser un semis à la volée avec le semoir monté sur la houe. La houe griffe le sol juste après le semis et évite le lissage. »

avis

« Mettre toutes les chances de son côté »

« Un sursemis doit se réaliser dans des conditions climatiques optimales, sur un sol ressuyé et par temps poussant.  Il n’y a pas réellement de période idéale, tout dépend des conditions de l’année. Pour les prairies pâturées, deux périodes sont envisageables : en avril après un pâturage si le printemps ne révèle pas trop sec, ou bien l’été, de préférence avant le 20 août pour profiter encore des jours longs et de la chaleur. Pour les prairies fauchées, on peut également intervenir fin août après une fauche. La végétation doit être rase et aérée, on parle souvent de « trous larges d’une assiette ». S’il y a du mulch, un ou deux passages de herses étrille s’imposent avant le sursemis pour bien gratter le sol. Et il ne faut pas négliger non plus le roulage, en rappuyant le sol une à deux fois après le semis. Le fait de sortir les animaux sur la parcelle ne s’avère pas suffisant. »

« Je n’ai pas peur d’investir dans les semences »

« Les semences fourragères, c’est mon investissement de l’année ! Pas question de lésiner pas là-dessus, décrit Pierre Deldicque. J’achète à la carte, variété par variété, et je cherche avec mon conseiller une solution adaptée à chaque parcelle. » En zone humide, Pierre privilégie plutôt sur le trèfle hybride et la fétuque élevée, deux espèces qui supportent bien les excès d’eau. En zone très séchante, l’éleveur mise plutôt sur du dactyle ou de la fétuque élevée. Sur les parcelles de fauche, il sème des RGA diploïdes (demi-tardifs maxi), plus résistants que les tétraploïdes, qui sont plus riches en eau et dont le plateau de tallage est plus haut.

« L’objectif est de trouver des variétés productives adaptées au contexte pédo-climatique de chaque exploitation », souligne Fabien Leleu, conseiller spécialisé en fourragères chez Olmix.  Le choix variétal se fait en fonction de la précocité, de l’agressivité et du rendement.

L’éleveur mise aussi sur le progrès génétique des fourragères. « Les variétés récentes fournissent 10 à 15 % de rendement supplémentaire pour un surcoût de 15-20 €/ha. Ramené à la durée de la prairie ou à l’UGB, c’est dérisoire ! », estime-t-il.

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