« Je stocke une partie de mon ensilage de maïs en boudins »

« Je manque de place pour stocker le maïs ensilage. Aujourd’hui, j’ai trois silos de 40 t chacun et je ne peux pas en construire un supplémentaire car ils sont situés à 50 mètres de la mer. Pour stocker l’excédent de fourrages, je montais chaque année un silo taupinière à côté. Mais cela demandait beaucoup de travail au quotidien pour débâcher, rebâcher, enlever les parties abîmées, pour un résultat finalement assez décevant car il y avait énormément de pertes. Depuis trois ans, j’ai abandonné la taupinière et je stocke désormais l’équivalent de quatre hectares de maïs en boudins. L’ETA avec laquelle je travaille s’est équipée d’une emboudineuse depuis quelques années. La prestation me coûte 30 € le mètre linéaire, soit un total de 1 440 € pour un boudin de 48 mètres de long qui stocke 60 tonnes de maïs.
Le boudin est stocké sur un terrain stabilisé. Au début, j’avais un peu peur pour la reprise du fourrage à la désileuse, mais en fait, ça se fait bien. Je débâche tous les deux jours en coupant le dessus du plastique. L’ensilage est parfaitement conservé. Il n’y a plus de perte, plus de moisissures. Cela n’a rien à voir avec le fourrage conservé en taupinière ou même en silo couloir ! Le fourrage est nettement plus compressé. Si un oiseau perce le boudin d’un coup de bec, la perte n’excède pas la taille d’une balle de tennis. L’autre avantage que je vois au boudin, c’est l’élévation des taux. En moyenne, je gagne plus d’un point et demi de TB et autant de TP. Cela compense une partie du surcoût lié à ce mode de stockage. On voit aussi une différence sur les butyriques, qui diminuent systématiquement lorsqu’on attaque le boudin en juillet.
Trois minutes pour mettre en boudin le volume d’une remorque de 15 tonnes
La confection du boudin intervient le jour du chantier d’ensilage. En général, quand ça commence à bouchonner au silo, les remorques sont envoyées à la boudineuse pour laisser plus de temps au tracteur pour tasser. Il faut seulement trois minutes pour mettre en boudin le volume apporté par une remorque de 15 tonnes. Cela donne un boudin de 1,20 m de long. Nous mettons des appâts pour éviter les attaques des ravageurs, et pour l’instant, nous n’avons pas eu de souci. Le seul inconvénient du boudin, c’est de ne pas pouvoir mélanger les variétés de maïs, le fourrage n’étant pas réparti par couches superposées. Du coup, j’ai pris l’habitude de semer simultanément trois variétés différentes au champ (deux rangs par variété sur le semoir 6 rangs). »