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« Je ne traite plus à l’aveugle contre les strongles grâce à l'audit parasitaire »

Dans la Manche, Georges Macé a opté pour un suivi parasitaire proposé par son vétérinaire en 2013. Depuis, seules les génisses en première année de pâturage sont traitées contre les strongles.

Pas de traitement contre les strongles à la rentrée à l'étable pour les génisses de première année, zéro strongylicide sur les génisses de deuxième année, les amouillantes et les vaches laitières... le tout sans nuire aux performances zootechniques des animaux. Ce bilan correspond aux attentes de Georges Macé, lorsqu'en 2013, il a été parmi les premiers éleveurs à signer un contrat de suivi parasitaire avec son vétérinaire.

Ce ne sont pas les économies sur les produits qui l'ont motivé mais l'envie d'optimiser l'emploi des traitements antiparasitaires pour ne pas pénaliser les performances de ses animaux. Et ne pas compromettre une belle dynamique d'élevage mise en place dès la naissance des veaux : distribution du colostrum le plus rapidement possible après le vêlage (moins de 5 % de mortalité), imprégnation des veaux, ration calée pour permettre une croissance optimale des génisses sur la période 0 à 6 mois…

Le troupeau de 65 Prim’Holstein à 10 850 kg (en lait standard) se porte plutôt bien confirme le vétérinaire Gilles Rouquet. « Quand on a des vaches avec un tel niveau de production, on n’a pas le droit à l’erreur », explique Georges Macé. « Avant, je travaillais trop à l’aveugle pour les traitements antiparasitaires », reconnaît-il. La maîtrise du parasitisme est d'autant plus nécessaire que le pâturage occupe une place non négligeable dans cet élevage à haut niveau de production par vache. Les génisses ne sont pas les seules concernées. Les vaches pâturent en effet une dizaine d'hectares au printemps.

Dosage de pepsinogène à la rentrée à l'étable

La première étape de l'audit a consisté à réaliser un dosage de pepsinogène trois semaines après la rentrée à l’étable sur cinq génisses choisies au hasard parmi les quinze en première année de pâturage. « Les résultats des analyses étaient bons et comme nous n’avons pas observé de signes cliniques permettant de suspecter un problème lié à des strongles digestifs (amaigrissement, diarrhée, poils piqués), nous ne les avons pas traitées », indique Gilles Rouquet. Ce protocole est appliqué tous les ans. Et depuis 2013, aucun strongylicide n’est utilisé sur les génisses en première année de pâturage à la rentrée à l’étable.

En revanche, elles sont toutes traitées avant la mise à l'herbe. « Les génisses nées entre août et novembre sortent en mai sur une parcelle fauchée. Nous leurs faisons systématiquement un traitement en injection sous cutanée à l’oreille avec un produit rémanent (120 jours) un mois avant la mise à l’herbe », souligne Georges Macé. Un délai nécessaire pour protéger les génisses tout en leur laissant un temps de contact suffisant avec les strongles en fin de saison de pâturage. « Ce traitement permet de répondre aux attentes de l’éleveur en termes de sécurisation des performances zootechniques de ses animaux mais aussi d’organisation du travail. La manipulation et la contention des génisses au pâturage est une contrainte dans cet élevage », précise Gilles Rouquet avant d'ajouter : « Il est préférable de prescrire un traitement qui tient compte des contraintes des éleveurs si l’on veut qu'il soit respecté. » L'injection sous cutanée sécurise d'autant plus l'éleveur qu'il est certain que « tous les animaux ont la bonne dose de produit » indique t-il. « Ce n'était pas toujours le cas quand nous faisions des traitements en pour-on ».

Lire aussi : Gérer la grande douve avec discernement

La stratégie retenue pour les génisses en deuxième année de pâturage se base sur le temps de contact effectif des génisses avec les strongles en première année et les résultats des analyses de pepsinogène effectuées à la rentrée à l'étable. « Le temps de contact effectif est d'environ 3 mois et comme les résultats des analyses de pepsinogène sont bons, nous ne faisons aucun traitement contre les strongles sur les génisses de deuxième année », indique le vétérinaire. En revanche, comme elles pâturent une parcelle de 6 hectares très humide et que les résultats des sérologies douves sont positifs, les génisses sont systématiquement traitées contre la douve à la rentrée en stabulation.

Les vaches laitières ont profité d'un réajustement du traitement contre la douve grâce à l'audit. « Quand il y avait des problèmes de paramphistome mis en évidence par des coproscopies réalisées sur les vaches laitières, on utilisait un produit actif contre ce parasite et contre la grande douve. Mais comme les comptages réalisés annuellement sur les vaches laitières ont fortement baissé et qu'il n'y en a plus depuis deux ans, nous utilisons un produit à base de triclabendazole très efficace sur tous les stades de développement de la grande douve », expose le vétérinaire.

Les conditions d'élevage et météorologiques n'étant pas figées dans le temps, l'équilibre entre acquisition d'immunité, traitements antiparasitaires et performances zootechniques est évalué chaque année via l'audit. Georges Macé n'entend pas baisser la garde même si le suivi représente un coût. D'ailleurs, l'éleveur préfère parler d'investissement plutôt que de coût.

Aucun strongylicide sur les vaches

Les vaches sortent de mars à fin octobre. La surface accessible au printemps est de 10 hectares. Elles ne pâturent que le jour pour des raisons d'organisation du travail. « Le matin, elles sont plus propres et le vacher ne perd pas de temps pour aller les chercher dans une parcelle », précise Georges Macé. Les dosages des anticorps anti-Ostertagia dans le lait de tank ont toujours révélé de faibles taux d'anticorps. Par ailleurs, le temps de contact effectif des génisses avec des strongles avant leur premier vêlage est élevé (supérieur à 8 mois). L'usage de ces deux indicateurs a permis de faire l'impasse sur un traitement contre les strongles depuis 2013.

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