Aller au contenu principal

Transformation laitière
Il est urgent de concentrer et restructurer

D´après une étude du cabinet Sofra, commandée par l´interprofession laitière, une ample restructuration de l´industrie laitière est indispensable. Dans un délai de cinq ans.


«Quand on observe l´industrie laitière française face à la réforme de l´OCM lait, c´est le sentiment d´impréparation qui domine. Si l´on excepte les efforts remarquables des tout premiers groupes laitiers (Danone, Lactalis, Bongrain-CLE, Bel), le paysage français apparaît quelque peu figé et contrasté avec celui plus animé de grands voisins laitiers (Irlande, Danemark, Benelux et Allemagne) et la réactivité de leurs leaders(1) », lit-on d´entrée de jeu dans le rapport de synthèse d´une étude sans complaisance réalisée par le cabinet Sofra(2).
Une étude sur la transformation laitière face à la réforme de l´OCM lait, qui a été commandée par l´interprofession laitière (Cniel).
Pour Sofra, trois caractéristiques se dégagent de l´industrie laitière française. Elle transforme une part importante du lait en beurre-poudre (29 % de la matière sèche utile), et en produits à faible valeur ajoutée dits « de commodités » (53 %) (voir encadré). Elle est peu concentrée, malgré la présence d´une poignée de groupes actifs sur la scène internationale : 300 entreprises et 700 usines ! Et la répartition par type de produits est très différente suivant les régions, avec une surexposition du Grand Ouest et de la Bretagne.
Face à cette situation, comment vont réagir les entreprises les plus exposées ?
Sofra table sur trois orientations qui ne seront pas sans conséquence pour la filière. La première est une réduction des approvisionnements en lait, et un désengagement à l´échéance des contrats ; un processus qui est déjà engagé et « qui pourrait se traduire par un volume de lait flottant de 2,5 à 3 millions de tonnes ». Autre planche de salut : l´abaissement sensible du coût de la matière première, donc du prix du lait à la production, qui pourrait tendre, selon Sofra, « vers 215 euros par 1 000 litres pour les volumes transformés en beurre-poudre ». Enfin, ces entreprises s´efforceront de réorienter progressivement une partie des fabrications vers des produits de grande consommation (PGC) et particulièrement des fromages. « Mais on connaît la lenteur de ce processus qui a déjà commencé ici ou là », souligne Sofra tout en insistant sur l´importance d´une réorientation maîtrisée et progressive pour ne pas déclencher de catastrophes économiques.
7 groupes français seulement dans le « Top 33 » mondial
Sur le plan stratégique, Sofra souligne « le travail considérable de concentration et de restructuration industrielle à accomplir sans tarder pour une majorité des entreprises ». Sept groupes français seulement sont dans le « Top 33 » mondial et dix groupes dans le « Top 40 » européen (Chiffre d´affaires produits laitiers).
Si l´on excepte quelques groupes qui font jeu égal avec les grands européens sur le plan de la taille et de la rentabilité (et des PME axées sur des fromages mais dont l´impact sur les volumes est faible), « les performances économiques et financières des opérateurs français sont fragiles, inférieures à celles des principaux groupes européens ». Le cabinet d´études recommande donc « une massification commerciale et une restructuration industrielle qui nécessiterait 255 à 360 millions d´euros d´investissements » ; investissements auxquels s´ajouteraient des coûts de restructuration estimés à 100-120 millions d´euros.
Des chiffres à rapprocher des investissements annuels de l´industrie laitière française (520-580 millions d´euros) au cours des dernières années, tout en sachant que ces efforts à faire sont inégalement répartis entre les régions et les entreprises. « L´ampleur de la restructuration commande que l´on agisse dans la durée (5 ans) », mais sans tarder. L´objectif est « de parvenir à moins d´usines, plus d´opérateurs à taille européenne, quelques marques puissantes et plus de recherche et développement ».
Pour cela, Sofra suggère vivement une action concertée, plutôt que le « laisser-faire ». Et propose donc « d´examiner sérieusement l´opportunité de créer un fonds de restructuration interprofessionnel de l´industrie laitière », sur le modèle déjà en place en Allemagne. Ce fonds pourrait être « alimenté par une CVO (Cotisation volontaire obligatoire) ». Il viendrait renforcer un accompagnement public français (Etat/région) et européen, et l´effort financier des entreprises (autofinancement, emprunts, leasing, capital développement).
A noter que le rapport égratigne aussi au passage le secteur de la production français en soulignant « le décalage en matière de référence laitière par rapport aux grands pays laitiers européens : 200 000 litres par exploitation contre 234 000 en Allemagne, 487 000 litres au danemark, 411 000 litres aux Pays-Bas. Ce qui constitue un handicap pour la filière dans la phase d´adaptation structurelle majeure qui s´ouvre ».


(1) Arla foods, Glanbia, Kerry, Nordmilch, Humana, Müller, Hochwald, Friesland, Campina, Emmi.
(2) Synthèse d´étude et entretiens avec une quinzaine de groupes parmi les plus exposés.


Produits industriels/PGC : Raisonnons plutôt valeur ajoutée
Le cabinet Sofra suggère de « revoir la distinction classique entre produits de grande consommation (PGC) et produits industriels, car elle peut conduire à des contresens stratégiques ». De plus en plus de produits de consommation (sous marque distributeur, premiers prix) se sont banalisés : c´est le cas en particulier de l´emmental, du lait de consommation, des pâtes molles blanches et de certaines pâtes pressées non cuites.
A l´inverse, une partie croissante des produits industriels ne sont plus des commodités basiques mais sont des ingrédients à contenu technologique élevé et bien valorisés. La Sofra propose donc une nouvelle répartition de la matière sèche utile qui rend plus fidèlement compte de la réalité : elle distingue les « produits valorisés » des « produits de commodités ». Ainsi en France, 47 % de la matière sèche utile est transformée en produits valorisés (42 % de PGC et 5 % de produits industriels « technologiques ») et 53 % en produits de commodités (30 % de PGC « basiques » et 23 % de produits industriels « basiques »).

Les plus lus

<em class="placeholder">éleveurs laitiers dans leur bâtiment vaches laitières</em>
« Nous sommes passés de 8 300 à 14 500 litres de lait corrigé par vache en cinq ans »
Le Gaec des Landelles, en Loire-Atlantique, a maximisé la production de matière utile par logette. Les divers leviers…
<em class="placeholder">franck et </em>
Élevage laitier bio : « Nous avons le goût de la productivité en Mayenne »

La moyenne d’étable du Gaec Hivert, en Mayenne, s'établit à 8 500 kg de lait en bio. Équipé de deux robots de traite…

<em class="placeholder">jeunes semis de luzerne</em>
Luzerne : sept erreurs à éviter au semis

La luzerne est une culture fourragère exigeante qui réclame de la rigueur et une certaine technicité pour bien démarrer. Tour…

<em class="placeholder">franck et émilie hivert devant leur robot alimentation en bio en mayenne</em>
Robot d’alimentation : « Nous consacrons six heures par semaine à nourrir 140 UGB en bio en Mayenne »

En Mayenne, les associés du Gaec Hivert ont opté pour un robot d’alimentation pour nourrir les vaches, les taries et les…

<em class="placeholder">robot d&#039;alimentation GEA dans la cuisine</em>
Votre production laitière a-t-elle augmenté suite à l'installation d'un robot d’alimentation ?

L’installation d’un robot d’alimentation s’est-elle traduite par une hausse de l'ingestion et de la production laitière chez…

<em class="placeholder">pièces de monnaie et billets</em>
Prix du lait 2025 : Sodiaal annonce un objectif de 470 €/1000 l en conventionnel et de 520 euros en bio, après un bon résultat 2024

Après de bons résultats pour l’année 2024 et un prix du lait payé à 492 euros les 1000 litres toutes primes et ristournes…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière