Garderons-nous un service mutualisé d’évaluation génétique ?
Règlement zootechnique européen. Certaines races s’orientent vers plusieurs Organismes de sélection (OS). Seront-ils capables de mutualiser l’évaluation génétique ?
Règlement zootechnique européen. Certaines races s’orientent vers plusieurs Organismes de sélection (OS). Seront-ils capables de mutualiser l’évaluation génétique ?
Le Règlement zootechnique européen oblige tous les États membre à se fondre dans un même moule, basé sur des Organismes de sélection (OS) qui auront la main sur tout : du schéma de sélection au contrôle de performances. La construction de ces OS est en route. Les entreprises de conseil en élevage (Ecel) se préparent à être prestataires de services de ces futures OS pour le contrôle de performances.” Nous aurions souhaité avoir une OS par race, explique Serge Bazin, directeur de France conseil élevage. Mais on s’oriente vers une structuration des OS autour des unités de sélection", avec probablement trois OS en race Prim’Holstein (autour d’Évolution, Gènes diffusion et Prim’Holstein France), deux en Montbéliarde et en Charolaise… L’une des questions centrales pour demain concerne donc l’évaluation et l’indexation génétique. La réglementation actuelle la confie à l’Inra. À partir du 1er novembre 2018, date d’entrée en application du texte européen, ce sont les OS qui auront la main. Seront-elles capables de la mutualiser ?
Les entreprises de conseil en élevage devront choisir
Au niveau professionnel, la réflexion est sous l’autorité de la CNE (Confédération nationale de l’élevage). Comment va se réorganiser l’interprofession génétique (France génétique élevage) ? Il va falloir réinventer des modalités d’évaluation avec un jeu d’acteurs (Inra, Institut…) “La CNE dispose d’un atout maître en faveur d’une mutualisation de l’évaluation génétique : les 3 millions d’euros qu’elle apporte actuellement”, souligne Serge Bazin.
En ce qui concerne le contrôle de performances, France conseil élevage espère garder un seul système de management de la qualité. Mais la multiplication des OS dans certaines races ne sera pas sans poser un dilemme à ses adhérents : "les Ecel vont devoir choisir l’OS avec laquelle elles travailleront”. La plupart des OS auront une dimension nationale. C’est donc une révolution pour les Ecel qui historiquement se sont partagées le territoire et le respectent. « Si un éleveur veut travailler avec Gènes diffusion et son voisin avec Évolution, cela se traduira par deux voitures d’agents de pesée qui circuleront sur la même route. Pas sûr que ce soit économiquement le plus pertinent. » Autre conséquence : la pression à la restructuration des Ecel va s’accentuer.
Le marché sera à l’OS qui aura le meilleur rapport qualité/prix
Autre question centrale pour France conseil élevage : allons-nous garder ou non un service public de contrôle de performance avec des règles du jeu communes ? La réponse sera dans le nouveau Code rural que l’État est en train de revoir de fond en comble pour répondre aux exigences du Règlement européen. L’ensemble des textes devraient être prêts fin 2017, pour que l’État soit en mesure d’agréer les OS le 1er novembre 2018. Les OS devront en effet déposer une demande d’agrément dans chacun des 28 États membre où elles souhaitent intervenir.
"Le règlement européen nous fait passer d’un modèle administré à un modèle économique entrepreneurial. Celui qui aura le marché, sera celui qui aura le meilleur rapport qualité prix, conclut Serge Bazin. Dans cette compétition mondiale, les entreprises de sélection françaises seraient plus fortes si elles avaient fait le choix d’une OS par race.” C’est ce qu’ont fait les Allemands et les Hollandais.