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ÉVITER LES CONDUITES À RISQUES
ÉVITER LES CONDUITES À RISQUES - Six conseils pour bien tarir

Pour beaucoup, l’heure du tarissement approche. Voici quelques conseils pour que vos vaches démarrent leur prochaine lactation sous les meilleurs auspices.

LA RATION DES VACHES TARIES doit être suffisamment énergétique pour avoir des papilles
ruminales bien développées, mais pas trop pour éviter le surengraissement.
LA RATION DES VACHES TARIES doit être suffisamment énergétique pour avoir des papilles
ruminales bien développées, mais pas trop pour éviter le surengraissement.
© S. Roupnel

1 - Tarir en « bon » état

L’état d’engraissement doit être un élément clé de la conduite du tarissement, avec des repères adaptés à l’objectif de production attendu. « L’éleveur visera 3,5 ou un peu plus, sans dépasser 4, s’il souhaite une expression maximale du potentiel laitier et plutôt 3,2 - sans descendre en dessous de 3 - dans une conduite plus économe, avec un pic de lactation un peu écrêté, explique ainsi Philippe Brunschwig, de l’Institut de l’élevage. L’idéal est de tarir les vaches à la note d’état souhaitée au vêlage, le tarissement permettant simplement de la maintenir. Une reprise d’état limitée de l’ordre de 0,5 point, un point grand maximum, est possible pour les laitières un peu maigres. Mais c’est plutôt en fin de lactation qu’au tarissement que l’on adaptera l’alimentation pour obtenir la note d’état souhaitée. »


2 - Pas de diète traumatisante

La pratique qui consiste à mettre les vaches au foin (ou à la paille) et à l’eau pour faciliter leur tarissement est à éviter. Même de courte durée, cette diète va fortement perturber la flore du rumen et provoquer une régression importante des papilles, en pénalisant durablement l’ingestion de la vache. Si vous craignez d’avoir du mal à tarir vos laitières, mieux vaut supprimer le concentré individuel et réduire les apports alimentaires au moins une semaine avant l’arrêt de la traite et/ou passer en monotraite. C’est avant tout l’arrêt de la traite qui provoque le tarissement.

3 - Assurer une ingestion maximale

Par rapport à ses congénères en lactation, l’ingestion d’une vache tarie est réduite d’environ 1/3, et même un peu plus dans le dernier mois de gestation, le veau et les annexes laissant peu de place au rumen. «Mais, même réduite, cette ingestion doit être satisfaite, avec un rumen rempli en permanence. Une vache qui perd 1 à 2 kg MS d’ingestion au tarissement, démarre un cran plus bas en lactation et les conséquences se font sentir pendant plusieurs semaines. » En pratique, comme l’apport énergétique de la ration de tarissement doit rester limité sous peine d’engraissement excessif, c’est la présence d’un lest suffisant qui va garantir un remplissage optimal du rumen. Si l’éleveur apporte du foin au râtelier, par exemple, il doit s’assurer que celui-ci est en permanence facilement accessible (démêlé) et réellement consommé.


4 - Garder un fond de cuve, ça a du bon

« Si les éleveurs sont en général attentifs aux transitions pour leurs vaches en lactation, ils le sont souvent beaucoup moins au tarissement. » Pourtant, les conséquences sont les mêmes et c’est en début de lactation que les erreurs se paient. L’idéal pour le rumen est de maintenir tout au long du tarissement un fond de cuve de la ration des laitières en production. Pour les tarissements courts, entre 4 et 6 semaines, c’est même indispensable car l’éleveur n’a matériellement pas le temps de faire une transition dans de bonnes conditions. Une vache tarie peut sans problème recevoir 1/3 de la ration des laitières en production. «Mais un tiers n’est pas une demi-ration. L’éleveur doit être vigilant sur les quantités apportées et sur le fait que ses vaches taries consomment en complément suffisamment de fourrages fibreux moins énergétiques. » S’il y a changement de fourrage entre le tarissement et la lactation, quatre semaines de transition sont nécessaires. Le changement ne doit pas porter sur plus d’un quart de la ration à la fois par semaine. Ainsi, des vaches taries à l’herbe pâturée et qui recommencent leur lactation au maïs ensilage doivent disposer un mois avant vêlage de 7 à 8 kg de MS de maïs équilibré en azote et de foin à volonté.

5 - Tarir à l’herbe, oui mais…

Pâture, ensilage de maïs, d’herbe ou foin… différents régimes peuvent permettre de satisfaire les besoins des vaches taries (voir tableau). Mais le tarissement à l’herbe n’est pas forcément le plus facile à gérer. Toutes les prairies, notamment celles qui contiennent des légumineuses riches en calcium, ne conviennent pas aux taries. L’herbe jeune, riche en azote et très ingestible, est également mal adaptée, sauf à la rationner par un fort chargement, avec un complément de fourrage fibreux.

« Une prairie de graminées un peu avancée peut convenir à des taries en état, sous réserve quand même que la quantité d’herbe offerte soit suffisante, avec un supplément de 3 kg MS de maïs. Par contre, envoyer ses vaches taries sur des prairies peu fournies ou de qualité médiocre en se disant qu’elles récupéreront plus tard lors du retour avec les laitières en lactation un peu avant vêlage, expose l’éleveur à de mauvaises surprises au démarrage de la lactation, met en garde Philippe Brunschwig. Attention également aux tarissements à l’herbe en fin d’été-début d’automne. La quantité d’herbe présente peut être suffisante, mais sa qualité médiocre (dure, rouillée…), avec des animaux qui réduisent leur ingestion. L’éleveur doit alors être attentif à apporter la complémentation fourragère nécessaire. » Avec des vaches taries à l’herbe qui démarrent leur lactation au maïs, la transition n’est pas forcément non plus évidente à gérer au niveau pratique puisqu’il va falloir soit faire rentrer les vaches en bâtiment pour qu’elles consomment un peu de maïs, soit le leur apporter au champ.


6 - À chacune sa durée de tarissement

Tarir deux mois reste conseillé pour les primipares, les vaches ayant besoin de reprendre un peu d’état ou celles dont on espère assainir la mamelle. Par contre, pour des laitières en état et/ou sujettes aux maladies métaboliques, sa durée peut être raccourcie à six semaines, voire moins. Attention cependant en cas de traitement antibiotique, la spécialité doit être à durée d’action courte.



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