Engraisser des vaches est presque toujours rentable
Si la finition à la pâture reste la plus intéressante, engraisser ses vaches de réforme laisse presque toujours une marge positive, mais plus ou moins élevée selon la période de vente.
Si la finition à la pâture reste la plus intéressante, engraisser ses vaches de réforme laisse presque toujours une marge positive, mais plus ou moins élevée selon la période de vente.
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L’engraissement des vaches de réforme est rarement une priorité pour les éleveurs, affirme Michel Deraedt, ingénieur au BTPL. Quand il y a concurrence sur la ressource fourragère, ils préfèrent la consacrer aux laitières et aux génisses de renouvellement. Mais, je ne suis pas sûr que ce soit un bon calcul de les négliger. Quand on peut le faire, ça rapporte de l’argent. » En 2005, la station expérimentale de Mauron (Morbihan), spécialisée en viande bovine, avait confirmé cet intérêt de la finition par un essai d’engraissement de vaches de réforme à l’auge et au pâturage. Daniel Le Pichon, responsable de la ferme, a actualisé l’évaluation économique de cette expérimentation pour notre dossier.
Amener les vaches à l’état d’engraissement optimum s’avère toujours payant à quelques bémols près. À l’époque, 80 vaches Prim’Holstein avaient été mises à l’engrais : 42 vaches à l’auge avec une ration comprenant de l'ensilage de maïs à volonté (consommation de 12,5 kg MS/jour), un peu de paille au démarrage et du tourteau de soja (1,2 kg/jour) ; 38 vaches en pâturage tournant sans concentré sur des associations de ray-grass ou dactyle avec du trèfle blanc. Elles sont entrées en finition avec une note d’état de 1 ou 2, un poids vif moyen de 571 kg en moyenne et une conformation entre P= et P+. L’objectif étaient de les amener à un état d’engraissement de 3. Certaines n’y sont pas tout à fait parvenu.
L’engraissement amène une plus-value sur le prix au kilo
À l’auge, les vaches ont réalisé une croissance de 1 250 g/jour sur une durée moyenne de 95 jours (dont 80 jours avec le régime d’engraissement ci-dessus après une phase de transition). Les résultats ont été « spectaculaires », de l’avis des auteurs de l’étude, aussi bien en conformation (+ 2/3 de classe à O-/O=), qu’en poids carcasse (+ 55 à 60 kg). Elles affichaient en moyenne un poids carcasse de 317 kg (694 kg en vif). A l’herbe, elles ont réalisé une croissance de 1 080 g/jour pour une durée moyenne de pâturage de 100 jours. Plus maigres (note d’état 1), elles ont repris 1/2 classe de conformation, 2 points de note d’état et 53 kg de poids carcasse (307 kg carcasse pour 676 kg en vif). Au-delà du gain de poids, l’engraissement amène aussi une plus-value sur le prix au kilo. « Passer de 2 à 3 en note d’état accroît le prix du kilo carcasse de 0,15 €/kg et il augmente de 0,04 €/kg par tranche de 20 kg de 260 à 320 kg, indique Daniel Le Pichon. Ainsi, entre une vache maigre classée P= 2 et d’un poids carcasse de 258 kg et la même vache finie de 317 kg, classée P+ et notée 3, on a une différence de prix d'environ 0,25 à 0,30 €/kg de carcasse. »
« Programmer ses réformes pour améliorer le coproduit viande »
Pour des vaches maigres (état 1 à 1,5), la finition à l’auge, sur la base des prix de 2015 à 2017 et des résultats de l’essai de 2005, la plus-value hors travail et après déduction du coût alimentaire (100 €) est en moyenne de 141 € par vache. Mais, elle varie de - 21 à 244 € selon la période de vente. Le prix au kilo augmente en effet à partir du premier trimestre pour redescendre au quatrième. Pour des vaches notées 2 en état d’engraissement, la plus-value après une finition à l’auge est en moyenne de 70 € (de - 52 à 139 €). « La finition des vaches pour une vente en fin d’année n’est pas très intéressante. Pour améliorer le coproduit viande en élevage laitier, il faut programmer ses réformes », en conclut Daniel Le Pichon.
Pour les vaches finies à l’herbe (coût : 115 €/ha), au début du printemps, et vendues en début d’été, le gain s’élève à 232 €/tête. Il est toujours positif. « À cette période, les vaches de réformes peuvent être conduites avec les vaches taries ou les génisses de renouvellement, ce qui simplifie le travail », observe le responsable de la ferme du Mauron. L’excès d’engraissement peut aussi obérer le résultat, prévient-il : « Les vaches doivent être amenées au maximum à un état d’engraissement de 3. Au-delà, chaque journée d’alimentation en plus, sera une journée de trop : excès de gras, surcoûts, pénalités… »
« Livrer des vaches en état d’engraissement satisfaisant »
Une autre étude à la ferme de Mauron avait montré que la finition avec tarissement ne se justifie pas toujours économiquement. Pour des vaches présentant un état d’engraissement presque satisfaisant, « le gain de carcasse (une quinzaine de kilos) ne permet pas de couvrir les frais d’alimentation et le coût d’un éventuel traitement au tarissement ». « Ce qui est important, c’est de livrer une vache en état d’engraissement satisfaisant, explique Christian Veillaux, responsable de l’équipe herbivores Est des chambres d’agriculture de Bretagne. Il y a plusieurs façon d’y parvenir. Soit en tarissant les vaches et en les mettant en régime de finition avec 12 kilos MS maximum d’ensilage de maïs pour éviter l’excès de gras. Soit en continuant de traire l’animal : avec les conduites actuelles (ration complète ou semi-complète) et des lactations longues, on peut avoir une reprise d’état en fin de lactation. »
L’engraissement, plus rentable au printemps et en été