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En Allemagne, les producteurs comptent profiter de la liberté retrouvée

Depuis le 1er avril, les producteurs allemands peuvent livrer autant de lait qu’ils veulent. Tout indique qu’ils ne se gêneront pas pour le faire.

En Allemagne, aucune laiterie n'a souhaité encadrer la production. Les industriels s'attendent à transformer 3 à 4 % de lait en plus par an.
En Allemagne, aucune laiterie n'a souhaité encadrer la production. Les industriels s'attendent à transformer 3 à 4 % de lait en plus par an.
© Christophe Reibel

Excepté le BDM, syndicat minoritaire qui revendique le même système de régulation du marché que l’OPL en France, aucun autre acteur de la filière laitière allemande ne verse une larme sur feu les quotas laitiers. Leur bilan est jugé très sévèrement. Entre paiement des pénalités, achats et location, le DBV, le syndicat majoritaire, estime leur poids financier pour les éleveurs à trois milliards d'euros. Peter Bleser, secrétaire d’État à l’Agriculture, déclarait en janvier à Berlin : « les quotas n’ont que trop duré : s’ils étaient la solution du moment au début des années quatre-vingts, il est dommage qu’ils n’aient pas été supprimés dix ans plus tard, lors de la conclusion de l’Uruguay Round ». Producteurs et industriels ne sont pas prêts à renoncer à la liberté retrouvée. Elle commence par celle de livrer autant de lait que souhaité. En Allemagne, aucune laiterie n’a souhaité encadrer la production. DMK, la principale entreprise, a annoncé qu’en tant que coopérative sa « mission est d’accepter tout le lait qui sera livré ». Une enquête menée chez ses 9400 adhérents a chiffré l’augmentation de leurs livraisons entre 15 et 20 % d’ici 2020, soit au mieux un volume supplémentaire de 1,3 milliard de litres ! Globalement, les industriels s’attendent ainsi à transformer de 3 à 4 % de lait en plus par an.

Le Nord se spécialise, le Sud mise sur la valeur ajoutée

Ce pronostic se réalisera-t-il ? Pour le DBV, le prix du lait, la disponibilité du foncier et les contraintes environnementales seront déterminants face à des éleveurs confiants et majoritairement prêts à accepter une plus grande volatilité prévisible des cours. Beaucoup d’entre eux ont investi en voyant grand. D’une part, ils estiment travailler de manière plus rationnelle avec de grands troupeaux et, d’autre part, il leur semble logique de toujours traire le plus de litres possibles afin de diluer leurs importantes charges fixes. Les inégalités de développement entre régions, facilitées par des bourses de quotas, risquent de s’amplifier. Depuis 2006, la production laitière allemande s’est déplacée dans les zones herbagères près des Alpes, un peu dans le centre de la Forêt Noire, près de la frontière tchèque, mais surtout sur une bande côtière longeant la mer du Nord, la Baltique et le Rhin avant qu’il ne bifurque vers les Pays-Bas. Globalement, les quotas ont migré du Sud vers le Nord et l’Ouest. Pendant que la Bavière en abandonne, la Basse-Saxe, le Schleswig-Holstein et le Meklembourg-Poméranie en récupèrent.

Pendant que le Nord se spécialise, le Sud mise sur une meilleure valeur ajoutée permise par une communication axée sur le rôle des élevages dans le maintien des paysages et des aides publiques régionales. À l’Est du pays, les grosses structures apparaissent peu tentées par le défi de davantage de production. Avec souvent des troupeaux de plusieurs centaines de vaches, voire plus, elles font plutôt le choix de se diversifier ailleurs que dans le lait.

 

D'après La Revue Laitière Française

Exporter sur pays tiers

Les entreprises laitières ont fourbi leurs outils. La tendance générale est d’investir dans les produits de longue conservation et les tours de séchage, en particulier dans le Nord du pays. La poudre se stocke bien et peut profiter de grands ports comme Hambourg et de leur logistique. Un litre de lait UHT par exemple part vers l’Asie moyennant un coût de transport de 10 à 12 centimes.

Les industriels sont persuadés que « l’Allemagne restera une place forte de la production laitière. Les conditions y sont favorables, au contraire des pays tiers qui tentent de développer la leur, mais qui ne sont pas toujours certains de tenir la distance en raison du manque d’eau, d’une disponibilité aléatoire des fourrages, ou soumis à des problèmes de pollution. Ces mêmes pays vont cependant demeurer demandeurs de produits laitiers car le mode de consommation occidental s’y répand. Le marché réclamera des produits de qualité garantie par leur origine et leur mode de production ».

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