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Du vêlage à 21 mois, c’est possible

Le vêlage des génisses dès 21-22 mois est aujourd’hui possible. C’est ce qui ressort de trois années d’expérimentation menées à l’Agrocampus-Ouest-Inra.

Yannick le Cozler, enseignant-chercheur à Rennes. « Avoir des génisses plus âgées en première lactation, plus lourdes et plus développées, que l’on voudrait presqu’aussi productives que les multipares, n’est peut-être pas la bonne solution. »
© V. Bargain

L’élevage des génisses est une des clés de la rentabilité en élevage. « Le renouvellement est le cinquième poste dans le coût de production, indique Lara Lebœuf, du groupe CCPA. Selon les données Cogedis 2014-2015, son coût moyen est de 18 €/1000 l. Mais il n’est que de 13 €/1000 l pour les 25 % meilleurs, ce qui montre qu’il y a de grosses marges de progrès. » Un point important pour assurer un élevage optimal est une ingestion rapide et importante de colostrum. Un autre est le choix de l’âge de mise à la reproduction et la stratégie à mettre en place pour y arriver.

La puberté dès 9-10 mois en Prim’Holstein

« Actuellement, l’âge moyen au premier vêlage est de 30 mois en Holstein et 33 mois en Normande, indique Yannick Le Cozler, enseignant-chercheur à Rennes. Toutefois, de nombreuses études sont en faveur d’un abaissement de l’âge au premier vêlage pour réduire la période d’élevage, le nombre d’animaux présents et bénéficier plus vite du progrès génétique. »

Physiologiquement, un vêlage à 21-22 mois est possible, la puberté apparaissant vers 9-10 mois en Holstein et 11-12 mois en Normande et Montbéliarde. « Et on peut émettre l’hypothèse que l’évolution de la génétique, de l’alimentation et des conditions d’élevage permettent d’envisager un vêlage avant 22 mois, note Yannick le Cozler. Cela soulève toutefois de nombreuses questions comme, comment accélérer la croissance et faire vêler les génisses plus jeunes dans de bonnes conditions et quelles conséquences cela a-t-il. »

En attendant 2 ou 3 cycles avant l’IA, un 1er vêlage à 22 mois est possible

Pour répondre à ces questions, trois lots de 50-60 génisses ont été élevés trois années consécutives selon trois modalités : un lot standard témoin d’animaux nés de septembre à fin novembre, un lot « intensif » d’animaux nés sur la même période (H1) et un lot de génisses nées du 1er décembre à la fin de saison (H2). Les génisses des lots H1 et H2 ont reçu 15 % de lait de plus que celles du lot témoin jusqu’au sevrage et 2,5 kg/jour de concentré de 4 à 6 mois, contre 2 kg pour les génisses du lot témoin. Au pâturage, le lot H2 recevait 2 kg de concentré et 1 kg MS de maïs contre 1 kg de concentré pour les lots témoin et H1.

Le suivi a montré un effet année important et qui a perduré jusqu’au vêlage. Mais indépendamment de l’année, les génisses du lot H2 ont été significativement plus lourdes que celles des autres lots. L’âge moyen de la puberté a été de 10,3 mois pour un poids de 296 kg, avec certains animaux pubères dès 6,5 mois. « En attendant 2 ou 3 cycles avant l’IA, pour un maximum de fertilité, un premier vêlage à 22 mois est donc possible », souligne Yannick Le Cozler. La fertilité en 1re IA augmente avec l’âge de mise à la reproduction mais l’effet est limité dès qu’il y a une 2e IA.

Des génisses qui perdent moins d’état et se reproduisent bien

La comparaison des groupes de vêlage (21 mois, 23,5 mois, 25 mois en moyenne, indépendamment du traitement initial) montre qu’il n’y a pas de différence de difficultés au premier vêlage. 62 % des animaux ont vêlé sans assistance. Le poids des veaux était similaire dans les trois lots (38 à 40 kg). Et le taux de réussite après une et deux IA était le même pour les primipares (65 %). « Les interactions régime-âge au premier vêlage doivent être analysées, précise Yannick le Cozler. Mais les premiers résultats montrent que des génisses vêlant très précocement sont plus légères et moins grasses au vêlage, qu’elles produisent un peu moins (2 kg/j, lactation sur 15 semaines), qu’elles consomment autant mais qu’elles reprennent plus de poids, perdent moins d’état et se reproduisent bien. D’autres essais semblent aussi montrer que les vaches vieillissent de la même façon, quel que soit l’âge au premier vêlage. « Dans le cas de vêlages groupés, un vêlage très précoce peut être pratique pour réalloter des animaux nés tardivement, suggère le chercheur. Il pourrait peut-être aussi être un moyen pour ménager les animaux en première lactation et les préserver sur le long terme. »

Véronique Bargain

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