Aller au contenu principal

Du lait produit à la mode islandaise

Des vaches bigarrées, des fermes isolées au milieu de nulle part… En Islande, l’élevage laitier se montre aussi singulier que le paysage. Témoignage d’un jeune éleveur.

Les vaches islandaises sont rustiques. L’importation de bovins 
est interdite. Seule l’importation de semences Angus et Limousines 
est autorisée. L’Islande est indemne de BVD et d’IBR.
Les vaches islandaises sont rustiques. L’importation de bovins
est interdite. Seule l’importation de semences Angus et Limousines
est autorisée. L’Islande est indemne de BVD et d’IBR.
© E. Bignon

À Isatjardarbar, au Nord-Ouest de l’Islande, le temps semble s’être littéralement arrêté. Perdu au bout du monde, sous un manteau de brouillard, Jonatan Magnüsson Höll exploite une ferme nichée au creux d’une vallée rocheuse encadrée par de majestueuses montagnes d’où ruissellent des cascades. Un environnement sublime mais pour le moins hostile pour l’agriculture. On peine à croire que le camion de l’unique laiterie du pays, située à 350 km de là, vienne y collecter le lait tous les trois jours, tant l’endroit se trouve reculé. Pourtant, malgré des sols constitués de roches volcaniques acides et des conditions naturelles rudes (longs hivers, ennuagement, températures moyennes de 10 °C en été, 3 °C en hiver), l’exploitation produit un quota de 355 000 litres de lait. Et à terme, Jonatan projette même de produire 70 000 litres de plus. « Ici, chaque éleveur peut prétendre à produire plus, à condition de payer un droit à produire supplémentaire de 2 € par litre de lait », indique-t-il.

Un environnement pédologique et climatique hostile


Sur les quelques six cents exploitations laitières que compte l’Islande, celle de Jonatan fait partie des plus intensives. Ses 60 vaches (deux fois plus que la moyenne nationale) produisent 6 500 litres, soit 1 000 litres de mieux que la moyenne. L’exploitation présente 160 hectares - dont 20 en propriété et 140 en mise à disposition gratuite -, essentiellement de vastes herbages peu productifs, et quelques champs d’orge. « La surface n’est pas un problème ici. Par contre, les rendements restent limités. » Le jeune éleveur a resemé ces dernières années une partie des prairies naturelles avec de la fléole des prés, une espèce particulièrement adaptée aux sols acides (le pH ne dépasse pas 4,5) et aux zones froides, mais lente d’implantation. « C’est le premier hiver où les vaches sont nourries exclusivement avec de l’herbe issue des prairies resemées », se réjouit Jonatan, qui espère parvenir peu à peu à améliorer le potentiel des terres.



Un élevage sur six est équipé d’un robot de traite


Les contraintes naturelles condamnent les éleveurs à un système de production assez simple, essentiellement à base d’herbe enrubannée et de concentrés. Jonatan récolte généralement deux coupes d’herbe par an, uniquement sous forme d’enrubannage du fait de la météo. Les balles enrubannées (à 30 % MS) composent 80 % du régime hivernal des laitières, plus 20 % d’ensilage d’orge plante entière. Les concentrés tiennent une part importante de la ration. La moitié est incorporée dans la mélangeuse à pales avec de l’huile de foie de morue et du lithothamne pour ses propriétés tampon ; et l’autre moitié est distribuée au robot. C’est surprenant, mais en Islande un élevage sur six est équipé d’un robot de traite ! Malgré l’isolement de la ferme, la maintenance ne semble pas poser de souci. « J’ai suivi un stage de formation spécifique pour l’entretien et la réparation et j’arrive à bout des problèmes les plus fréquents. »
Plutôt bas et compact, le bâtiment en tôles rouges et blanches à double paroi dépareille un peu dans ce coin de vallée retranché. Cela dit, en termes d’ambiance et de confort, les vaches islandaises logées dans un bâtiment équipé de logettes tapis, racleurs, brosse et offrant un accès permanent au pâturage, n’ont rien à envier aux stabulations françaises.

Un prix du lait de 800 €/1000 l

 

. À 800 €/1000 l, le prix du lait payé aux producteurs islandais a de quoi faire rêver… Mais ce rêve s’avère de courte durée au regard des coûts de production auxquels sont confrontés les éleveurs. L’aliment, par exemple, revient à 580 €/t dont 80 € de frais de transport… Le lait produit au-delà du quota est, quant à lui, payé 250 €/1 000 l.

. En Islande, il n’y a qu’une seule entreprise laitière. Cette coopérative collecte 1,5 million de litres transformés en produits diversifiés (beurre, crème, yaourts, lait liquide…), essentiellement destinés à une consommation intérieure. Les Islandais sont d’ailleurs les premiers consommateurs de lait liquide au monde.

Les plus lus

 Chauffeur-Ramasseur de lait
Lactalis veut réduire sa collecte de lait en France

La dernière médiation avec l’Unell le laissait présager, Lactalis l’a officialisé lors de la présentation de ses résultats…

Eleveur veau moins de quinze jours niche individuelle
Veaux laitiers : « Je ne connais ni les diarrhées ni les problèmes pulmonaires »

À la SCEA des vertes prairies, en Seine-Maritime, Nicolas Banville concentre ses efforts sur la préparation au vêlage et la…

veaux en igloo individuel
Les bons gestes pour des veaux laitiers en pleine forme dès la naissance

Il n’y a pas une seule et unique recette pour élever un veau. Ce qui est sûr, c’est que les premiers jours sont déterminants…

Deux stalles de robot de traite GEA
Robot ou salle de traite, les indicateurs à calculer pour bien choisir

Les tensions sur la main-d’œuvre poussent de nombreux éleveurs à sauter le pas des robots de traite. Pourtant le retour sur…

Après maïs, il est conseillé de semer dense (15 kg/ha de ray-grass pur, 13 kg/ha de ray-grass + 5 à 13 kg/ha de trèfle, 13 kg/ha de ray-grass + 8 à 10 kg/ha de vesce, ...
Quel couvert semer après un maïs ?

Très présents dans la nouvelle PAC, les couverts ont des atouts agronomiques, environnementaux et pour l’alimentation des…

Une prairie de fauche en Normandie, en juillet
Autonomie protéique : « Des prairies de fauche plutôt que des méteils en dérobée »

Fabien Olivier, de la chambre d'agriculture de Normandie, accompagne un groupe d'éleveurs de la Manche et témoigne de leur…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière