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« Du lait payé un tiers plus cher avec les Jersiaises »

Le Gaec Lebret en Charente aura bientôt terminé la reconversion en Jersiaise, motivé par une race au lait riche en TB (et TP), qui assure le même produit lait avec seulement 15 % de vaches en plus.

François Lebret, éleveur en Charente avec son père Alain, a toujours gardé un œil sur la Jersiaise et le troupeau a toujours été émaillé de quelques vaches à la robe fauve. En 2008, ils ont eu l’opportunité d’acheter un cheptel de 30 vaches dans l’idée de développer un système plus pâturant. Ils avaient alors 80 vaches, moitié Prim’Holstein, moitié Jersiaises. « Le déclic et le choix de passer tout le troupeau en Jersiaise se sont faits à mon installation, en 2011, suite à plusieurs stages en France et à l’étranger (États-Unis, Danemark), confortés dans notre choix par la suppression de la référence matière grasse, raconte-t-il. Puis nous avons accéléré la reconversion en 2015 lorsque notre coopérative Terra Lacta, qui fabrique du beurre AOC Charente Poitou, a mis en place un bonus sur les grammes de TB au-dessus de la moyenne de la laiterie. » Les grammes différentiels de TB sont payés 2,92 euros et 1 euro de plus au-dessus de 41,5. Fin 2015, ils ont acheté 40 génisses au Danemark. Le troupeau compte aujourd’hui 190 vaches dont 150 Jersiaises, le temps de laisser « les Holstein terminer leur carrière ». Le système de production a beaucoup évolué, suite à un agrandissement de 35 hectares et à l’arrivée de l’irrigation. Les vaches ne pâturent plus et sont alimentées en bâtiment avec une ration complète : 9,5 kg (MS) d’ensilage de maïs, 3 kg d’ensilage d’herbe, 2 kg de tourteau de colza et 2 kg de tourteau de soja, 1,5 kg de pulpe de betterave et 1 kg de corn gluten feed.

140 euros de produit lait en plus par mélangeuse

« Toutes les vaches ont la même ration. C’est l’ingestion qui fait la différence. Trois Jersiaises mangent approximativement comme deux Holstein, explique l’éleveur. Il faut faire très attention à l’alimentation des vaches taries pour éviter les fièvres de lait auxquelles sont sujettes les Jersiaises. Quinze jours avant le vêlage, on distribue une ration avec un Baca négatif. » En 2014, il a comparé deux lots de vaches : 75 Jersiaises d’un côté ; 39 Prim’Holstein et 14 kiwis de l’autre. Par le hasard des choses, les deux lots consommaient exactement la même quantité de ration (une mélangeuse entière de 3 200 kg bruts). Lors du contrôle, le lot des Holstein et croisées produisait en moyenne 28,3 litres de lait à 41,5 de TB et 33 de TP ; les Jersiaises étaient à 19,4 litres à 61,9 en TB et 40,9 en TP. Sur la base du prix d’alors (330 €/1 000 l), cela représentait un produit journalier par vache de 9,8 € et un prix du lait de 346 € pour les premières et un produit de 8,83 € et un prix du lait de 455 € pour les Jersiaises. « Ramené au lot de vaches, on vendait 660 € de lait par jour avec les Jersiaises et 520 € avec les Holstein et croisées, calcule l’éleveur. Pour la même mélangeuse, on avait 140 € de produit lait en plus à chaque fois qu’on donnait aux Jersiaises. »

« 50 % de TB en plus et 30 % de TP en plus »

Sur les douze derniers mois, le troupeau a produit en moyenne 7 084 kg de lait à 54,5 g/kg de TB et 39,7 g/kg de TB, sachant qu’il y a encore un quart de vaches Holstein et kiwis. « En lait standard à 7 %, cela fait un niveau moyen de 9 529 kg », précise l’éleveur. Les Jersiaises sont à 6 119 kg, au-dessus de la moyenne de la race, tout comme en TB (environ 5 points de plus). Ces performances sont dues au fait que les vaches sont alimentées toute l’année avec une ration complète riche en énergie, estime François Lebret. Au cours de la dernière campagne (2016-2017), le Gaec a livré 1 254 000 litres de lait à 57,3 g/l de TB et 40,2 g/l de TP. Un lait rémunéré 100 à 120 euros au-dessus du prix de base. Le prix d’équilibre (méthode Ecolait), qui comprend la rémunération des associés (1,5 Smic/UTH), est de 270 €/1 000 litres, ramené en lait standard. « Pour comparer, il faut toujours ramener soit au chiffre d’affaires soit au lait standard, devance l’éleveur. On fait le même produit lait avec seulement 15 % de vaches en plus. Par rapport aux Holstein, les Jersiaises produisent 50 % de TB en plus, 30 % de TP en plus, un tiers de lait en moins. Elles mangent un tiers de moins et font un lait payé un tiers plus cher. On trait plus de vaches mais elles sont plus faciles à conduire. Elles vont très bien pour des troupeaux importants. »

Semences sexées pour éviter des veaux mâles

Les veaux mâles de race Jersiaise n’ont aucune valeur sur le marché. Pour échapper à cette fatalité, le Gaec Lebret insémine toutes les génisses et 25 à 30 % des meilleures vaches avec des semences sexées. Les 50 % les moins bonnes sont inséminées avec un taureau Blanc Bleu Belge. Ce qui permet de vendre les veaux mâles autour de 150 euros. Certaines Jersiaises, ni bonnes ni mauvaises, sont croisées avec du Holstein (kiwi). « Ça marche bien et les mâles sont commercialisables », dit l’éleveur.

Adapter les installations

Jusqu’à l’agrandissement de la stabulation, Jersiaises et Prim’Holstein ont cohabité dans les mêmes installations. Pas de souci particulier si ce n’est qu’elles étaient souvent à l’envers dans les logettes. Les nouvelles logettes ont été dimensionnées à leur taille et les nouveaux cornadis, de 5 m, prévus pour huit vaches. Les anciennes logettes seront redimensionnées quand le troupeau sera à 100 % en Jersiaise. « Le plus gros souci, c’était la salle de traite, explique François Lebret. Nous l’avons refaite en 2011 en la dimensionnant pour les Jersiaises. »

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