Aller au contenu principal

Deux grandes stratégies de développement des grands groupes laitiers

Marché mondial des produits laitiers. Les privés misent sur le développement de leurs marques PGC (produits de grande consommation) dans les pays émergents, alors que les coopératives prennent une orientation ingrédients pour apporter des débouchés à leurs adhérents.

Nestlé réalise 43 % de ses ventes dans les pays émergents.
Nestlé réalise 43 % de ses ventes dans les pays émergents.
© Pierrick Bourgault

Les perspectives sur le marché mondial sont très favorables. Le développement a même été spectaculaire sur la campagne 2012-2013, selon Luc Morelon, consultant « Lait & Milk » (ex-Lactalis) intervenu lors d’une journée sur le marché mondial des produits laitiers de l’Institut de l’élevage. Quelle est la stratégie des grands groupes laitiers - les « plus de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires » - face à ces perspectives ? Luc Morelon a dressé le 15 mai dernier un rapide tour d’horizon montrant que si chaque grand groupe développe une stratégie qui lui est propre, deux grandes tendances générales se dessinent.



Du marketing de pointe dans les pays émergents


On retrouve d’un côté les grands groupes internationaux privés qui cherchent à accroître leur profit en développant leurs marques au niveau mondial sur les marchés des PGC (à partir de lait produit régionalement) ; ils mettent pour cela en place un « marketing de pointe. » C’est par exemple le cas de Nestlé, leader mondial incontesté, de moins en moins présent en Europe. « Le groupe a réalisé d’importants investissements dans le Sud-Est asiatique et en Amérique latine. Et il travaille en coopération très étroite avec la coopérative néo-zélandaise Fonterra qui fournit en poudre de lait toutes ses usines d’Amérique du sud. » De même Danone réalise plus de 50 % de son chiffre d’affaires dans les pays émergents où il développe des produits frais très spécifiques. Leader en Europe et aux Usa, il marque depuis deux ans un affaiblissement relatif en Europe. Quant au groupe Lactalis, doté de trois marques milliardaires (dont Président), il accentue sa diversification géographique et rachète des entreprises avec marques. Sa stratégie est clairement de « devenir le leader mondial des produits laitiers ».



Quel rôle jouera la coopérative néo-zélandaise Fonterra demain ?


Les grands groupes coopératifs ont une stratégie un peu différente avec une orientation ingrédients : ils misent sur le volume pour baisser leur prix de revient et incitent leurs producteurs à produire plus. Ils cherchent donc à accroître leur vente de poudres (0 %-26 %), en partie dans les pays émergents, pour apporter des débouchés à leurs producteurs de lait européens. C’est le cas des grandes coopératives d’Europe du Nord. La néerlandaise Friesland Campina s’est par exemple énormément développée dans le Sud-Est asiatique et en Afrique/Moyen Orient (où elle réalise 33 % de son CA mais 61 % de ses profits) sur la reconstitution de lait. La danoise Arla a une activité très Europe du Nord ; elle mène depuis deux ans une stratégie de conquête en Allemagne, et devrait opérer de nouvelles alliances dans ce pays.
La coopérative néo-zélandaise Fonterra, spécialisée dans les ingrédients, mène depuis longtemps une stratégie mondiale de développement. Elle est n° 1 sur le marché des ingrédients, leader écrasant de la poudre 26 % avec plus d’un tiers du marché mondial. Très bien implantée en Australie et Amérique du Sud, elle a de brillantes perspectives de développement sur le marché du Sud-Est asiatique ; elle investit d’ailleurs en Chine dans des fermes de 3-4000 vaches. « Fonterra a développé des alliances très importantes avec Nestlé mais aussi Dairy farmers of America ». Elle est également en relation plus ou moins étroite avec les grandes coopératives européennes (notamment Friesland). « On va vers un renforcement des alliances au niveau européen » Le plafonnement de la production néo-zélandaise pourrait à terme limiter son développement.
Plus généralement pour Luc Morelon, il faut s’attendre à de nouveaux regroupements entre coopératives en Allemagne et en France, et à une accélération des rachats chez les privés. Des privés qui montrent des signes tangibles « d’un désengagement relatif de l’approvisionnement en lait ».

Les plus lus

<em class="placeholder">Christine et Pascal Garnier,éleveurs laitiers</em>
Eleveur lâché par Lactalis : « Finalement, c’est un mal pour un bien », en Meurthe-et-Moselle

Fin 2024, Lactalis a décidé de dénoncer le contrat de 290 éleveurs laitiers. Une annonce brutale pour Christine et Pascal…

<em class="placeholder">éleveur Célestin Jaunel devant son robot de traite</em>
Qualité du lait : « Mon souci de germes provenait de la pompe doseuse de produits lessiviels »
À la SCEA de Beaudival dans le Nord, un problème de germes est intervenu quelques mois après la mise en route du robot de traite…
<em class="placeholder">Camion de collecte en train de dépoter, livrer, du lait de vache sur un site de Lactalis</em>
Prix du lait 2026 : « Nous ne tolérons aucune baisse »

Les éleveurs laitiers déplorent un prix du lait qui a commencé à baisser en cette fin d'année 2025, alors qu'ils sont moins…

<em class="placeholder">fouille et échographie d&#039;une vache</em>
« Suite à la FCO, il va manquer de femelles de renouvellement dans 30 % des élevages laitiers », d’après Innoval

La reproduction des troupeaux laitiers a été mise à mal avec le passage de la FCO 3 et 8, particulièrement marqué dans le…

<em class="placeholder">Argent de la zone Euro. Pièces et billets de 10 20 et 50 euros. Monnaie d&#039;échange dans l&#039;Union européenne. Paiement en euros. Europe monnétaire.</em>
Prix du lait 2026 : Lactalis et l'Unell trouvent un accord pour sécuriser une partie du prix

Le groupe Lactalis et l'association d'organisations de producteurs Unell ont trouvé un accord pour un prix du lait à 440 euros…

<em class="placeholder">les représentants de l&#039;APBO et Bel France</em>
Prix du lait 2026 et volume de lait en hausse avec l’accord entre Bel et l’APBO

Dans une conjoncture de prix du lait orientée à la baisse, l’accord 2026 entre le groupe fromager Bel et l’organisation de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière