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Désherbage du maïs, atouts et limites des différents outils

En conventionnel, le désherbage mécanique peut permettre de faire l’impasse sur un rattrapage phyto, avec une même garantie de rendements et au même coût.

Herse étrille, houe rotative, roto-étrille, bineuse… l’offre en matériel plus ou moins sophistiqué et onéreux est abondante. Le choix d’un itinéraire technique et d’un outil dépendent du système (bio ou conventionnel), du type de sol, des conditions climatiques, du débit de chantier recherché… Côté plus, le désherbage mécanique du maïs permet d’économiser un passage de phyto sans augmenter les coûts du désherbage ni occasionner des baisses de rendements. Il a également des atouts sur le plan agronomique. En bougeant le sol, il permet en effet à l’eau de pénétrer plus facilement et remet de l’azote en circulation. Mais il a aussi ses limites (il est inefficace contre le liseron, voire il favorise sa multiplication). C’est pourquoi, en agriculture conventionnelle, David Roy, d’Agrobio 35, préconise le désherbage alterné plutôt que le tout mécanique. « En conventionnel, quand il y a beaucoup d’adventices au stade 6 feuilles du maïs, mieux vaut aller chercher un pulvérisateur. C’est également vrai en présence de liseron ou pour gérer les graminées estivales. »

La réussite se prépare dès le semis

En amont du désherbage, il est bon de garder à l’esprit que les rotations longues et les faux semis sont deux stratégies permettant de limiter les adventices. Le faux semis peut être réalisé avec une herse étrille ou une houe rotative en travaillant au maximum à 3 ou 4 cm de profondeur pour ne pas faire remonter des graines. Son efficacité est très dépendante des conditions climatiques et du type de sol. « Avec des sols limoneux et battants, en cas de fortes pluies, on risque de ne pas pouvoir revenir sur la parcelle », prévient David Roy. En revanche, c’est une approche intéressante avec des sols drainants.

Dans tous les cas, la qualité du semis est un préalable incontournable à la réussite du désherbage mécanique. La préparation du lit de semence doit être soignée : sol nivelé, régulier, sans mottes et avec un minimum de résidus de cultures. « Il faut démonter les chasses mottes du semoir ou les remonter pour ne pas faire des buttes et bien rappuyer surtout quand on utilise une roto-étrille pour désherber. » Par ailleurs, il faut semer le maïs à 4-5 cm de profondeur plutôt qu’à 2 ou 3 cm pour qu’il puisse supporter les passages d’outils. En revanche, la densité de semis reste la même que pour un désherbage chimique.

Le désherbage alterné est idéal en conventionnel

« Avec le désherbage alterné, l’idée est de commencer par du désherbage mécanique, pour détruire les adventices et créer des relevés en bougeant le sol. L’objectif est d’aller le plus loin possible en mécanique et d’envisager un traitement phyto à faible dose de façon précoce (3-4 feuilles du maïs) si le mécanique n’est pas suffisant », explique David Roy. Le désherbage alterné est la stratégie la plus efficace quand on veut limiter l’emploi de désherbants, à condition de maîtriser à la fois le désherbage mécanique et chimique. David Roy conseille d’intervenir très tôt avec une houe rotative voire une roto-étrille. Un premier passage d’outil peut être réalisé au stade allumette-2 feuilles du maïs puis un second au plus tard au stade 3-4 feuilles. En conventionnel, ces deux passages sont complétés avec un traitement phyto à très faible dose (0,4 IFT).

Houe rotative, efficace et gros débit de chantier

Cet outil à la faveur de David Roy pour le désherbage du maïs. À l'exception de récents développements, les houes rotatives proposées sur le marché ont peu de critères de réglage. « Je pose l’outil et je roule vite, au minimum 16 km/h et à l'optimum 18 km/h »,  résume avec humour David Roy. Un tracteur de 120 ch pour une 6 mètres suffit. « Il faut exploser la terre pour bien travailler. C’est pour cette raison que tous les fabricants ont mis un protège pare-brise derrière », prévient-il. Attention, l’outil travaillant à 2 cm de profondeur, pour ne pas arracher le maïs, il faut l’avoir semé à 5 cm de profondeur. « L’idéal est d’intervenir tôt en conditions séchantes pour détruire les filaments des adventices. Si vous commencez à voir du vert dans le champ, c’est trop tard.» La houe est donc très efficace si elle est passée très tôt.

Concrètement, un premier passage peut être réalisé au stade levée et un second au stade 3-4 feuilles du maïs. Ces deux passages seront complétés par un désherbage chimique à faible dose ou un binage. « Le premier passage doit être réalisé 8 à 12 jours après le semis quand il y a eu un labour et seulement 6 à 8 jours en cas de non-labour car les parcelles se réchauffent plus vite. »

Côté équipement, David Roy conseille de privilégier les houes rotatives lourdes surtout avec des sols limoneux. Cela nécessite cependant d’utiliser des largeurs de pneus adaptées pour ne pas rouler sur le rang ou basse pression (600g/m2). Par ailleurs, il existe deux grandes familles de houes rotatives. « Celles qui sont équipées d’un bras avec un système de balancier avec une roue de chaque côté sont plus sensibles à la présence de pierres que celles équipées d’un double bras avec une roue sur chaque bras », précise David Roy.

Coût : 29-33 euros HT/ha (machine + chauffeur + tracteur)

Débit de chantier : 5 ha/h

La herse étrille, plutôt réservée au bio

La herse étrille travaille en plein. Ce sont les vibrations des dents qui détruisent les adventices. « Il est possible de passer en prélevée, avant que le germe atteigne le dernier centimètre, puis à partir du stade 2 feuilles du maïs. »  Côté plus, c’est un outil très polyvalent (utilisable sur céréales…). Le 1 km/h par feuille de maïs et le réglage des dents permettent de l’utiliser sur une fenêtre de temps plus large que la houe rotative. Son bémol est le débit de chantier. « Elle peut varier de 2-3 km/h à 10-12 km/h », prévient David Roy. « Le faible débit de chantier sur les stades très précoces est un véritable frein à son utilisation par les ETA. »  Compte tenu de ce bémol, la herse étrille est surtout préconisée en bio. La qualité du réglage des dents et de la vitesse est primordiale. En maïs, le réglage doit être agressif mais sans excès. « Il faut tester au départ sur une quinzaine de mètres en roulant à 2 km/h et augmenter la vitesse tant qu’on ne casse pas de maïs. » Le diamètre des dents ne doit pas dépasser 6-7 mm. Au-delà, le désherbage est trop agressif pour les cultures de printemps.

Coût : 12 à 15 euros/ha hors MO.

Débit de chantier : de 3 à 12 km/h

Le binage n'intervient que sur l'interrang  

Autre solution, le binage a un vrai intérêt agronomique. « En revanche, pour réellement économiser des doses de phyto, les passages en plein avec une houe rotative ou une roto-étrille seront plus efficaces que la bineuse qui intervient uniquement dans l’interrang. » Il ne faut pas hésiter à intervenir au stade 7 feuilles du maïs plutôt qu'à 8-9 feuilles. Après, les adventices sont très développées et on ne les recouvre pas assez. Il faut travailler entre 5 et 8 cm de profondeur. Le salissement est aussi sur le rang. « Le rang est l’endroit où les adventices sont le plus impactantes sur l’eau et les éléments nutritifs, et c’est justement le point faible de la bineuse », explique David Roy. Attention, la bineuse intervenant sur l’interrang, cela peut poser des problèmes lorsque le semis n’est pas droit. D’où l’intérêt des systèmes d’autoguidage. Et mieux vaut installer des leds sur les bineuses équipées de caméras pour ne pas perturber le binage quand il y a des zones d’ombre.

Coût : 35 à 45 euros HT/ha (machine + tracteur + chauffeur)

Débit de chantier : 2 à 2,5 ha/ en six rangs

La roto-étrille arrache et recouvre

L’outil travaille par arrachement mais surtout par recouvrement des adventices (réglage de la pression sur les roues). « Sa particularité est qu’elle déplace beaucoup de terre qui va recouvrir les adventices. Attention donc à ne pas recouvrir la culture. Il faut réduire la vitesse quand le sol n'est pas assez rappuyé. » La roto-étrille est plus agressive que la herse étrille. « Avec des débits de chantier plus importants, la roto-étrille peut remplacer la herse étrille en Cuma ou ETA. » La vitesse d’avancement est correcte : 4 à 5 km/h en prélevée plus 1 km/h/feuille de maïs.

Coût : 35 euros/ha (machine + tracteur + chauffeur)

Débit de chantier : 4 à 12 km/h

Zéro pointé pour le désherbinage

« Je ne conseille pas le désherbinage parce que cette technique requiert des conditions antagonistes », prévient David Roy. Le désherbage mécanique est efficace quand le sol est sec et inversement pour le désherbage chimique. Autre limite, « le binage produit de la poussière qui peut colmater les buses. Dans ces conditions, la répartition du produit de traitement est très irrégulière ».

Le saviez-vous ?

Le désherbage mécanique est efficace sur les dicotylédones annuelles, correct sur les graminées annuelles et plutôt inefficace sur les vivaces.

En bio, quatre passages s’imposent

Le choix des variétés sur leur vigueur de départ pour gagner la course contre les adventices est un atout à ne pas négliger en bio. « Les agriculteurs sélectionnent les adventices en fonction de leurs pratiques. Plus il y a de cultures dans la rotation, moins il y a d’adventices au mètre carré », rappelle David Roy. « En bio, grâce aux rotations longues, le liseron ne pose pas de problèmes. » Il faut aussi miser sur la qualité de la préparation du sol au moment du semis. Le désherbage est plus efficace avec deux passages très précoces en plein avec une houe rotative ou herse étrille dès que les filaments des adventices apparaissent, suivis par un ou deux passages de bineuse. « Généralement, il faut réaliser quatre passages. Et, dans certains cas, cela vaut vraiment le coup de faire un passage supplémentaire. » Avec quatre passages, comptez 110 à 150 €/ha.

Des économies de phytos moins flagrantes sur céréales

« Il est actuellement difficile de faire des économies de produits phytosanitaires grâce au désherbage mécanique sur céréales », estime David Roy. À l’instar des cultures de printemps, pour les céréales, il faut bien niveler le sol. En revanche, il faut laisser de la motte sur les sols battants pour éviter la fermeture des sols en hiver. « Pour les mêmes raisons, il ne faut pas utiliser de herse rotative dans les sols limoneux battants. » Pour intervenir sur une céréale, il faut attendre le stade 2-3 feuilles. Ce dernier est atteint vers fin novembre-début décembre, à une période où les fenêtres météo sans excès de pluies sont rares. « Quand on intervient avec une herse étrille en sortie d’hiver, après le début du tallage, il faut régler les dents de façon très agressive et prévoir une vitesse d’avancement rapide (10 à 12 km/h). »

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