Aller au contenu principal

Des vaccins efficaces contre 25 cibles infectieuses

Les laboratoires proposent des vaccins contre des maladies d’origine bactérienne ou virale. Pour les bovins, il n’y a pas encore de solution contre les parasites ou la maladie de Mortellaro par exemple.

Cinquante vaccins disposent d’une AMM et sont commercialisés actuellement en France. Nous vous proposons un tour d’horizon sur les principales affections concernées à l’exception des diarrhées néonatales qui sont évoquées pages 38-39. Dans tous les cas, le temps d’attente pour le lait et la viande est nul. Au-delà des cas traités ci-dessous, une attention particulière est portée depuis quelques mois sur la dermatose nodulaire, une maladie virale des bovins, enzootique en Afrique subsaharienne, et détectée pour la première fois en Turquie fin 2013. « Il existe un vaccin contre cette maladie mais celui-ci n’a pas d’AMM en France », précise Gilles Foucras de l'École nationale vétérinaire de Toulouse. Cette maladie progresse dans les Balkans. Mais, comme il n’y a pas de cas répertoriés en France, « il faut simplement rester vigilant pour l’instant et espérer que la mise en place des mesures, dont la vaccination dans les pays concernés, empêcheront la maladie de venir sur notre territoire. »

Des travaux sur la vaccination contre les strongles

Concernant la FCO, la vaccination permet de réduire la circulation et la propagation du virus. À l’échelle d’un élevage, « elle est surtout importante pour les troupeaux allaitants puisqu’elle permet aux animaux d’être exportés même s’ils sont issus de zones réglementées ». En revanche, « l’intérêt pour les troupeaux laitiers serait de limiter la maladie, qui apparaît heureusement sur un nombre assez faible d’animaux. Son intérêt dans ce cas ne se justifie peut-être pas ». Pour certaines maladies, il n’existe aucune solution vaccinale. C’est notamment le cas pour « la maladie de Mortellaro, les cryptosporidies ou les mammites à Streptococcus uberis alors que c’est un agent majeur dans l’apparition des mammites cliniques, souligne Gilles Foucras. Des travaux sur la vaccination contre les strongles sont en cours, mais il y a très peu d’espoirs de voir un vaccin commercialisé à court terme. »

Réduire l’impact sur la repro et la naissance d’IPI

Le BVD provoque entre autres de la mortalité embryonnaire et des avortements. Plusieurs régions ont mis en place un plan de lutte visant à l’éradiquer via le dépistage et l’élimination des veaux IPI (infecté permanent immunotolérant). « Les vaccins actuels sont efficaces contre les différentes souches de virus BVD mais sont sans effets sur les veaux IPI après la naissance. L’immunisation de la femelle doit donc avoir lieu avant la gestation », prévient Gilles Foucras. La protection vaccinale ne dépasse pas un an, d’où la nécessité des rappels réguliers tous les six mois ou tous les ans selon le vaccin. L’idéal est de vacciner les femelles un à deux mois avant la mise à la reproduction. Mais, si l’objectif est d’assainir votre troupeau, outre la recherche et l’élimination des IPI, la vaccination de toutes les génisses et des vaches, indépendamment du stade de gestation, s’impose. Il existe six vaccins dont deux associent également une protection contre les maladies respiratoires d’origine virale comme le VRSB et le PI-3.

La fièvre Q est une zoonose (maladie transmissible à l’homme) causée par une bactérie (Coxiella Burnetii). Cette maladie provoque notamment des avortements en fin de gestation, des mises bas prématurées, des métrites… « Il est conseillé de vacciner les jeunes animaux non infectés et non gestants afin de réduire le risque qu’ils deviennent excréteurs par le lait et le mucus vaginal avec un rappel annuel. » Un seul vaccin pour les bovins est proposé sur le marché.

La leptospirose est provoquée par une bactérie qui peut être transportée par les rongeurs. La maladie se manifeste souvent uniquement par un avortement. Reste que le recours à la vaccination est rare en raison des difficultés à diagnostiquer la maladie. Un seul vaccin contre le sérotype Hardjo est disponible. « Il permet de prévenir l’infection rénale et l’excrétion de la bactérie dans l’urine mais n’empêche pas le portage de la bactérie en cause si l’infection a lieu avant la vaccination », explique Gilles Foucras.

Un seul vaccin contre les mammites

Ce vaccin est destiné à accompagner la lutte contre les mammites à E. Coli, Staphylococcus aureus et les staphylocoques coagulase-négatifs. Les mammites provoquées par Streptococcus uberis ne sont donc pas concernées par ce vaccin. D’où la nécessité « de réaliser au préalable une étude des facteurs associés à l’apparition des mammites et des analyses bactériologiques pour bien identifier le ou les germes responsables des mammites dans le troupeau ». Cette vaccination peut aider à la gestion des mammites "à la condition de bien gérer les autres facteurs de risques comme l’hygiène de la traite, la propreté de la litière, les vaches infectées chroniques… », insiste Gilles Foucras.

Des solutions contre les maladies respiratoires des génisses

Le virus respiratoire syncytial bovin (RSB) est le virus le plus répandu lors de troubles respiratoires chez les bovins de moins d’un an. « C’est souvent le premier vaccin auquel il faut penser en cas de troubles respiratoires chez le jeune », souligne Gilles Foucras. Certains vaccins ont également une action contre les virus PI-3 et BVD.

Il existe un vaccin contre le VRSB dont l’administration se fait par voie nasale. "C’est la voie recommandée lorsque le délai entre la vaccination et le risque d’apparition des troubles (à la mise en lots par exemple) est court, car l’immunité locale apparaît après cinq six jours environ." Par contre, la durée de protection permise par ce vaccin est plus courte. Il est donc nécessaire de faire un rappel ou d’utiliser un protocole vaccinal par injection lorsque, après quelques mois, le risque de maladies respiratoires apparaît à nouveau.

La pasteurellose à Mannheimia haemolytica est le deuxième microbe respiratoire le plus fréquent après le VRSB. « Il peut être utile de vacciner dans des élevages où apparaissent des épisodes de maladie respiratoire due à cette bactérie. Elle est plus particulièrement réservée aux génisses d’élevage. » Sept vaccins sont disponibles. La vaccination est réalisée avec deux injections à trois quatre semaines d’intervalle et elle doit donc survenir six semaines avant la période à risque.

Le virus PI 3 (Parainfluenza 3) s’invite également quelquefois dans les épisodes de pathologies respiratoires. Son pouvoir pathogène est cependant moindre que ceux cités précédemment. Et comme les symptômes ne sont pas différents de ceux provoqués par les agents infectieux mentionnés ci dessus, il faut réaliser des tests en laboratoires pour identifier l’agent pathogène en cause, et utiliser un vaccin multivalent combinant PI3, BVD et VRSB si on suspecte sa participation.

Le cas très particulier de la paratuberculose

Cette maladie, à l’origine d’une entérite chronique incurable, est provoquée par la bactérie Mycobacterium avium paratuberculosis (de la même famille que la tuberculose et la lèpre). Un seul vaccin inactivé est disponible pour les bovins. « L’immunité se met en place trois semaines après l’injection unique et dure toute la vie de l’animal », souligne Gilles Foucras. Mais, attention, « la vaccination contre la paratuberculose reste interdite ou exceptionnelle. Elle est soumise à une demande d’autorisation auprès de la DDCSPP par le vétérinaire traitant en raison de l’interférence avec le dépistage de la tuberculose bovine ». Elle rend également difficile le dépistage sérologique de la paratuberculose. La vaccination des bovins permet de réduire la vitesse d’évolution de l’infection vers la maladie. Elle est donc plutôt réservée aux troupeaux où la paratuberculose clinique est présente, avec un grand nombre d’animaux infectés. Elle peut aider à gérer une situation difficile.

Des solutions contre l’entérotoxémie et le botulisme

Ces deux affections, bien que très différentes, sont causées par les toxines produites par des bactéries du genre Clostridium. Six vaccins peuvent être utilisés pour prévenir l’entérotoxémie. « Cette toxi-infection, à point de départ digestif, concerne les élevages où la part de concentrés dans l’alimentation est grande avec un risque d’acidose élevé. Elle touche surtout les bovins à l’engrais, mais peut exister chez la vache laitière », précise Gilles Foucras. Les vaccins contiennent aussi une valence contre le tétanos.

La vaccination contre le botulisme est possible avec un vaccin importé d’Australie qui dispose d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU). Le botulisme est provoqué par l’ingestion de toxines qui sont produites par Clostridium botulinum. Cette bactérie prolifère dans les cadavres en décomposition ou les fourrages souillés par de la terre où le germe est présent. « C’est à ce moment-là que la toxine est produite et que les bovins très sensibles à son action, l’ingèrent en même temps que les aliments."

Les plus lus

Eleveur veau moins de quinze jours niche individuelle
Veaux laitiers : « Je ne connais ni les diarrhées ni les problèmes pulmonaires »

À la SCEA des vertes prairies, en Seine-Maritime, Nicolas Banville concentre ses efforts sur la préparation au vêlage et la…

Pièce de monnaie
Prix du lait : Sodiaal payera 485 €/1 000 l pour 2023 en conventionnel

En conférence de presse le 4 avril, Damien Lacombe, président de Sodiaal, a annoncé 14,4€/1000 litres de ristournes pour les…

Deux stalles de robot de traite GEA
Robot ou salle de traite, les indicateurs à calculer pour bien choisir

Les tensions sur la main-d’œuvre poussent de nombreux éleveurs à sauter le pas des robots de traite. Pourtant le retour sur…

Éleveuse veaux pouponnière
« J’utilise zéro antibiotique pour élever mes veaux laitiers »

Dans les Côtes-d’Armor, le Gaec Restquelen enregistre 3,3 % de mortalité périnatale sur les quatorze derniers mois. Les…

veaux en igloo individuel
Les bons gestes pour des veaux laitiers en pleine forme dès la naissance

Il n’y a pas une seule et unique recette pour élever un veau. Ce qui est sûr, c’est que les premiers jours sont déterminants…

Yohann Barbe, président de la FNPL élu le 8 avril 2024
Yohann Barbe, nouveau président de la FNPL : « Nous ne devons plus perdre ni litre de lait, ni actif pour le produire »

Yohann Barbe, éleveur dans les Vosges, a été élu président de la FNPL le 9 avril. Il livre sa feuille de route à Réussir Lait…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière