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Des troupeaux anglais à la sauce néo-zélandaise

Plusieurs centaines de vaches à l’herbe, des veaux dehors à 21 jours, des vêlages groupés sur trois semaines… voyage décapant en Angleterre à la découverte de techniques innovantes.

© F. Mechekour

À moins d’être un riche propriétaire issu de l’aristocratie, il faut une bonne dose de flegme et de motivation pour faire partie des 7 600 producteurs laitiers encore en activité en Angleterre. Dans les années 1980, "le 'thatchérisme' a fait voler en éclat la recherche et le développement en agriculture. Crises sanitaires, volatilité du prix du lait, des terres aux prix exorbitants (environ 19 000 €/ha pour des prairies et 25 000 €/ha pour les terres arables)… ont accéléré le déclin du nombre de producteurs jusqu’en 2010", note Valérie Brocard de l’Institut de l’élevage. Pas simple de s’en sortir dans un pays où la production agricole est loin d’être une priorité nationale. L’impact du Brexit sur les subventions est actuellement difficile à évaluer.

Dans un tel contexte, la grande majorité des éleveurs anglais ont misé sur l’intensification et l’agrandissement des structures pour garder la tête hors de l’eau. « Les exploitations véritablement professionnelles ont en moyenne un troupeau de 200 et 250 vaches à 8 000 litres et une surface de 200 hectares. »

D’autres éleveurs, beaucoup moins nombreux, ont choisi une voie diamétralement opposée inspirée du modèle néo-zélandais. Inspirée seulement. Contrairement aux Néo-Zélandais et aux Irlandais, les quatre élevages anglais visités dans le cadre de la formation proposée par la chambre d’agriculture de Normandie(1) misent en effet plus sur la complémentarité entre les graminées et les légumineuses qu’une production d’herbe abondante permise par une fertilisation azotée maximale.

Le système le plus simple du monde

Mais les autres fondamentaux restent de mise. Maxi pâturage avec des troupeaux de 300 à 500 vaches croisées, gros investissements sur les chemins d’accès au paddock, monotraite pour certains, vêlages groupés au printemps, veaux lâchés dans une pâture parfois dès l’âge de trois semaines et nourris au lait froid dès 15 jours, bloc traite isolé au milieu du parcellaire à près d’un kilomètre de la stabulation… Dans ces élevages, l’innovation est au service de la simplification du travail sans rogner sur la performance économique. Mat Boley, dont le principal objectif est « d’avoir le système le plus simple du monde » pour profiter de sa famille et dégager du temps libre pour faire de l’ULM l’après-midi, affiche des résultats économiques remarquables. Autant de bonnes raisons pour la vingtaine d’éleveurs français inscrits à la formation de traverser la Manche pour décortiquer le fonctionnement de ces exploitations. Tout n’est pas transposable, notamment parce que les surfaces disponibles, l’organisation du parcellaire et la taille des troupeaux ne sont pas comparables mais peuvent être source d’inspiration. « En France, quand on a autant d’hectares, on fait plutôt des cultures », constate un éleveur normand. Bousculés dans leurs repères, confortés dans leurs choix… les éleveurs, mus par un intérêt commun pour les systèmes pâturant et le bio, ont ouvert leur champ du possible. Pour eux, l’une des principales difficultés pour adopter certaines techniques, c’est d’être « prêt dans sa tête ».

(1) « Découvrir des techniques innovantes en Angleterre »
« Être prêt dans sa tête »

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