Des solutions pour pallier le manque de fourrage
Le froid et les faibles
pluies du printemps
ont entraîné une diminution
rapide des stocks fourragers.
Zoom sur les pistes d’action
pour faire face au déficit
fourrager en attendant
la récolte du maïs.
s’implante en été
après une céréale.
Il s’utilise en
fourrage d’appoint,
sans dépasser
4 à 5 kg de matière
sèche par vache.
En premier lieu, un recensement du besoin et de l’offre en fourrages s’impose pour estimer au plus juste les besoins alimentaires du troupeau et les stocks disponibles. « C’est le point de départ pour réfléchir à des alternatives, avancent les techniciens. L’idéal est de réaliser une prévision à deux échéances : la première jusqu’en octobre prochain, et la seconde jusqu’au printemps 2011 pour s’assurer que les stocks seront suffisants pour passer l’hiver », indique Étienne Doligez de Calvados Conseil élevage
C’est aussi l’occasion de faire le point sur les effectifs d’animaux, d’ajuster éventuellement le nombre de génisses et d’anticiper les réformes ou les ventes d’animaux destinés à la boucherie. « Cela dit, mieux vaudra raisonner prudemment le tri des laitières dans la mesure où le lait d’été est mieux payé et que l’on s’attend à une rallonge de quota assez importante. »
Implanter rapidement des dérobées après céréales
Pour prévenir le manque de stocks, certains éleveurs ont pris les devants en ensilant des céréales immatures fin juin. Cette solution sera beaucoup moins coûteuse que d’acheter des fourrages en milieu d’hiver, à une époque où il sera difficile d’en trouver à bon marché. L’ensilage de blé (0,64 UFL/kg MS, 35 % MS) est beaucoup moins riche en énergie que l’ensilage de maïs. Appétent et riche en fibres, ce fourrage peut être réservé en priorité aux animaux aux besoins plus limités, mais il donne aussi des résultats corrects sur vaches laitières s’il entre à moins de 50 % de la ration, comme cela a été testé à la ferme expérimentale des Trinottières. En pleine lactation, 4 à 5 kg MS de céréales ensilées évitent de pénaliser les performances.
Deuxième possibilité : implanter des dérobées après céréales. Cette solution intercalaire peut fournir quelques tonnes de matière sèche pour pâturer en début d’automne, ou constituer des stocks complémentaires pour l’hiver. Sachant que la réussite dépendra beaucoup des conditions météorologiques de cet été. « Si la pluie revient, le ray-grass d’Italie apparaît bien adapté, indique David Delbecque de la chambre d’agriculture du Calvados. Pour une exploitation à l’automne, mieux vaut choisir une variété non alternative, c’est-à-dire qui n’épie pas l’année du semis. » Un type diploïde est indispensable si le RGI se destine à la fauche. Pour une pâture, un mélange 50 % diploïde/50 % tétraploïde est préférable. Il se sème en pur entre 15-20 kg/ha pour les variétés diploïdes et 20-25 kg/ha pour les tétraploïdes.
Plus original, le colza fourrager bénéficie d’un développement rapide. Son cousin, le chou fourrager se montre moins rapide à pousser et moins productif en semis tardifs (après le 15 juillet) mais plus souple à exploiter.
Crucifère, moha, trèfle d’Alexandrie, avoine et vesce…
Le moha est une graminée estivale, moins exigeante en eau que le RGI ou le sorgho fourrager. En bonnes conditions, il pousse rapidement, en 70 à 90 jours avec une production potentielle de 2 à 4 tMS/ha. Sa valeur alimentaire est estimée à 0,77 UFL (0,72 UFL en association avec le trèfle d’Alexandrie) et 12-14 % de MAT. Riche en fibres et plutôt encombrant, il se destine plutôt aux élèves qu’aux laitières. Il est pauvre en sucres et s’exploite davantage en foin qu’en ensilage. Non météorisante, l’association peut aussi être pâturée. Une fois coupé, le moha ne repart pas, contrairement au trèfle d’Alexandrie. Pour un mélange semé à 25 kg/ha (moitié moha, moitié trèfle), il faut compter 60-65 €/ha.
« L’avoine diploïde associé à la vesce recueille aussi de bon échos de la part des éleveurs qui l’ont déjà utilisé les années précédentes, rapporte Etienne Doligez. C’est un fourrage productif qui se développe vite et qui ne nécessite pas d’intrants. Il se montre appétant et ses valeurs semblent intéressantes. »
Se tenir à l’affût des opportunités en co-produits
Le recours aux co-produits secs ou humides n’est pas non plus à exclure, selon les opportunités locales. Riches en énergie et en azote fermentescible, les drêches de céréales et le corn gluten feed par exemple peuvent permettre d’économiser de précieux stocks. « Il faut se tenir à l’affût des occasions qui se présentent, conseillent les techniciens. Mais quel que soit le co-produit utilisé, mieux vaut toujours obtenir le maximum d’informations sur leur provenance, leur fabrication et leur composition. Quitte à faire une analyse pour s’assurer au moins du taux de matière sèche et de la MAT. » Assimilables à des concentrés, les coproduits secs ne se substituent pas à eux seuls à la ration de base. Et toute introduction d’un nouvel aliment dans la ration nécessite une transition alimentaire. ■