En Loire-Atlantique
DES PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES SUR LE TOIT DE LA STABULATION
Depuis juillet 2007, le Gaec des genêts produit de l'électricité grâce aux panneaux solaires installés sur une stabulation. Un geste pour l'environnement, mais aussi une façon de rentabiliser le bâtiment.

«Nous sommes désormais producteurs de lait, de viande et d’électricité », déclare Guillaume Vallée, associé avec ses parents Jacques et Patricia du Gaec des genêts, à Pont- Château en Loire-Atlantique. Depuis juillet 2007, le Gaec produit de l’électricité grâce à 270 m2 de panneaux photovoltaïques installés sur le toit d’un bâtiment. « Quand je me suis installé en janvier 2006, j’ai amené 200 000 litres de lait dans le Gaec, ce qui portait le quota à 344 000 litres, explique Guillaume Vallée. Mais nous étions limités en place et coincés dans le village. Nous avons donc décidé de construire à l’écart un bâtiment pour loger les génisses et les 45 vaches allaitantes. » Le site n’étant relié ni à l’eau ni à l’électricité, les trois associés envisagent d’abord d’installer des panneaux solaires pour l’alimenter et s’adressent pour cela à la société Librélec (Morbihan). Mais celle-ci leur montre qu’il serait plus intéressant d’installer une grande surface de panneaux et de vendre l’électricité à EDF. En juillet 2006, le Gaec décide donc d’installer 270 m2 de panneaux solaires produisant 36 kWc (kW crête : par plein ensoleillement), capacité maximale acceptée par le réseau à cet endroit.
270 M2 DE PANNEAUX SOLAIRES
« Nous ne l’avons pas fait pour l’argent mais pour l’environnement », insiste Jacques Vallée. Depuis longtemps en effet, le Gaec est engagé dans une démarche de développement durable. « Cela nous a amenés à créer une nouvelle salle de traite pour améliorer les conditions de travail, explique Patricia Vallée, mais aussi à extensifier en réduisant le maïs au profit de l’herbe, par le choix de variétés résistantes pour limiter les traitements, en arrêtant un atelier de taurillons… » L’environnement reste donc une donnée importante. Le nouveau bâtiment est ainsi alimenté en eau grâce à une éolienne qui pompe l’eau d’un puits. L’eau de pluie est également récupérée. Et les éleveurs ont testé en 2007 un semis de triticale-pois-avoine qui les a satisfaits, sans désherbage et avec seulement 30 unités d’azote par hectare. « Le solaire entrait donc tout à fait dans notre démarche », assurent les associés.
INTÉGRÉS DANS LA TOITURE
Les panneaux ont été installés dans le toit, à la place du fibrociment initialement prévu. « En France, le tarif de base d’achat de l’électricité est de 0,30 €/kWh,explique Guillaume Salis, responsable technique à Librélec. Mais l’état ajoute une prime de 0,25 €/kWh si les panneaux sont intégrés à l’architecture du bâtiment, notamment pour des raisons esthétiques. » L’installation s’est faite lors de la construction de la stabulation de 1600 m2 divisée en deux bâtiments accolés, sur le pan sud de l’un des toits. « Le bâtiment était commencé avant que nous décidions d’installer du solaire, précise Guillaume Vallée. Heureusement, il était orienté plein Sud, sur une butte, sans arbre autour. Des points essentiels pour un bon ensoleillement. » Un bâtiment orienté plein Est ou plein Ouest produit 10 à 12 % de moins. La rentabilité a été calculée à partir des données météo sur dix ans pour un ensoleillement de 1000 heures par an (1250 heures à Toulon, 850 heures à Lille). Une modification de la charpente a toutefois été nécessaire. Les panneaux solaires étant plus courts que les plaques de fibrociment, il a fallu ajouter une demi-pane entre les panes prévues. Et pour ne pas trop réduire la lumière dans le bâtiment, un translucide supplémentaire par travée a été inséré sur les deux pans nord. Au final, 180 modules photovoltaïques ont été installés, reliés à 13 onduleurs dont le rôle est de transformer le courant continu produit en courant alternatif normalisé et de déconnecter le système en cas de problème sur le réseau.
REVENU D’APPOINT
Si la partie technique s’est déroulée sans problème, l’administratif s’est révélé plus ardu. « Il y a de nombreux interlocuteurs à EDF, beaucoup de papiers et de procédures… », déplore Guillaume Vallée. Au final, EDF leur a fait un contrat où l’entreprise s’engage à acheter l’électricité produite pendant vingt ans, au tarif de 0,55 €/kWh. « La production annuelle prévue est de 37412 kWh, soit un revenu de 20576 € HT », calcule l’éleveur. La totalité de la production est vendue à EDF. « Nous achetons l’électricité à 0,0772 €/kWh. Il est donc beaucoup plus intéressant de tout vendre à EDF et d’acheter ce dont nous avons besoin pour le bâtiment. » L’investissement a été de 226000 €, auxquels se sont ajoutés les frais de raccordement du bâtiment au réseau. Le Gaec a obtenu du Conseil régional, via l’Ademe, une aide de 2 €/kWc plafonnée à 10 kW, soit 20000 €. Le reste a été financé par un emprunt, avec un amortissement sur quinze ans. « L’investissement est élevé et le retour sur investissement assez long, admet Guillaume Vallée. Mais dans quinze ans, la production d’électricité constituera un revenu d’appoint non négligeable. De plus, cela permet d’apporter une valeur ajoutée au bâtiment qui sert ainsi toute l’année alors que pour les bovins il ne sert que l’hiver. »
L’équipement solaire■ Production annuelle :
37412 kWh;
■coût des panneaux et onduleurs
: 226000 € HT ;
■ coût des câbles pour relier
le bâtiment au compteur :
5 000 € ;
■ coût de l’extension de
réseau : 6125 € ;
■ temps de retour sur investissement
brut : 11,2 ans.