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Groupements d´agriculteurs
Des médiateurs pour renouer le dialogue en cas de conflits entre associés

Inciter les éleveurs en conflit à trouver et construire eux-mêmes une issue à leur discorde, c´est l´enjeu du Relais départemental médiation, créé dans le Morbihan.


« Les conflits, ça fait souvent avancer », confie Pierre Tassé en esquissant un sourire bienveillant. Cet agriculteur en retraite sait de quoi il parle. Riche d´une longue expérience sociétaire en exploitation agricole, Pierre est médiateur depuis une dizaine d´années. Son truc, c´est d´aider les gens, mais pas n´importe comment. « J´ai été formé pour cela, explique-t-il. Devenir médiateur ne s´improvise pas. J´ai suivi une formation spécifique à la prise en compte des relations humaines et à la gestion des conflits. »

S´il est utile, ce soutien ne fait cependant pas tout. L´expérience joue aussi beaucoup pour sentir les choses et intervenir au moment adéquat. Face aux conflits entre associés, un conciliateur doit savoir être à l´écoute, trouver les mots justes pour aider les exploitants à sortir de leur retranchement. « Le plus important, c´est de mettre les gens à l´aise, estime Pierre. Si l´exploitant ne se sent pas en confiance, il ne videra jamais son sac. »
Les médiateurs interviennent systématiquement en binôme. Le choix des deux intervenants n´est pas laissé au hasard. Généralement, ce sont deux personnes de sexe opposé, dont l´une au moins encore en activité. L´objectif est de rechercher une certaine complémentarité entre les deux intervenants au niveau de leurs compétences d´une part et de leur perception de la situation.

Impartialité et confidentialité
Avec tact et impartialité, les médiateurs viennent à la rencontre des exploitants et les écoutent individuellement sans à-priori. « On essaie toujours de discuter dans un lieu neutre, que ce soit autour d´une botte de paille ou dans la laiterie. » Si certains éleveurs déballent tout, tout de suite, d´autres en revanche mettent du temps à exprimer leurs ressentiments. Il faut alors les aider à sortir du non-dit et extirper les causes profondes du conflit. « Dans les structures familiales, les crises sont souvent plus complexes à régler. Ils nécessitent de tout mettre à plat, tant sur le plan professionnel que sur le plan familial. Sans compter que les sources du conflit remontent parfois à plusieurs générations. »

Ne pas attendre le point de non-retour
A l´issue d´une ultime réunion générale, les conciliateurs font la synthèse de différentes propositions avancées par les associés afin de dégager un accord satisfaisant pour tous. « On ne peut pas résoudre un conflit à la place des exploitants, c´est à eux de prendre en compte leurs problèmes pour que les solutions soient partagées, précise Pierre. Notre rôle est de faire émerger les solutions envisagées par chacun, mais nullement de choisir à leur place. »

Ouvert à tous les agriculteurs du Morbihan, le Relais départemental médiation a été créé pour mettre en place ce dispositif de résolution des conflits. « Avec les deux tiers des installations sous forme sociétaire, le Relais offre une solution concrète à des problèmes de plus en plus fréquents, remarque Marie-Claire Piel, animatrice du Relais. Mais reste à oser s´engager dans la démarche. »
Le plus difficile est souvent de convaincre tous les associés de participer à la médiation. « Une fois cet obstacle franchi, c´est la moitié du chemin qui est parcouru », témoigne Pierre, en incitant les éleveurs à intervenir le plus tôt possible. A en croire les résultats, le jeu en vaut la chandelle. « Le bilan des médiations réalisées est très encourageant, insiste Marie-Claire Piel. Dans la plupart des cas, le problème est résolu et l´activité de l´exploitation continue. »
La même démarche se profile pour « rabibocher » employeurs et salariés agricoles.


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