Des lunettes «intelligentes» bientôt dans les fermes?
Senoe (1) en est convainvue : les lunettes « intelligentes »
auront rapidement de multiples applications agricoles.
Leur atout ? Permettre de travailler en mains libres.

près de l’oreille suffit
à éveiller les lunettes
« intelligentes » connectées
à un ordinateur
ou un smartphone.
Imaginez un smartphone amélioré que l’on aurait en permanence devant l’oeil mais avec les mains libres. Il faut juste prendre l’habitude de lever le regard pour voir les images qui apparaissent sur un mini-écran en surimpression de la réalité.
« Les lunettes « intelligentes » sont dotées de toutes les fonctionnalités d’un smartphone: commande vocale, système d’exploitation, accès au wifi et bluetooth, GPS, photo et video. La différence, c’est qu’elles permettent de travailler avec des mains humides, sales ou affectées à d’autres tâches, explique Michel Buchet, responsable développement commercial de Senoe. L’application est commandée à la voix, on déclenche l’écoute en passant la main près de l’oreille, on peut même prendre des photos sans les mains. S’il y a du réseau, la connexion internet permet de recevoir et d’envoyer les données en temps réel à un ordinateur ou une tablette. S’il n’y pas de réseau, les lunettes communiquent en bluetooth avec un smartphone dans la poche ou en wifi avec un PC. »
Pour Senoe, à l’affût des nouvelles technologies, il ne fait aucun doute que le champ d’applications en agriculture est immense. Pour le montrer à ses clients, elle a donc conçu une application prototype de comptage de ravageurs sur une parcelle d’artichaut, présentée lors d’une journée innovations et technologies le 23 avril dernier.
Démonstration: le technicien équipé de lunettes entre dans la parcelle d’essai. La parcelle est identifiée par géolocalisation. Il confirme le nom de la parcelle puis dit « artichaut ». La liste de parasites s’affiche. Il dicte le comptage à l’application, par exemple « 3 noctuelles ». Le nombre de noctuelles s’affiche aussitôt à l’écran. S’il y a erreur, il suffit de dire « erreur » pour une remise à zéro. S’il a un doute, il demande la « consultation » de la base de données et compare ce qu’il voit avec des photos en référence. Et s’il ne parvient pas à identifier le ravageur, il peut le photographier. Tout ceci uniquement par commande vocale en prononçant «capture» tout en ayant les deux mains libres pour écarter les feuilles d’artichaut.
« Dans cet exemple qui nécessite des opérations répétitives, de la rigueur, de la réactivité mais aussi de pouvoir vérifier ses connaissances, les lunettes apportent un gain de temps (saisie unique), du confort et de la fiabilité (assistance à distance). On peut très bien imaginer des applications pour des opérations d’identification et d’enregistrement sanitaire en élevage, ou encore de contrôles de stocks et commandes de produits. Tout reste à inventer. »
La démonstration de Senoe a été faite sur des lunettes VuzixM100 (équipées d’un système d’exploitation Android) importées des USA avant l’arrivée en France des Google glass fin avril. Une dizaine de marques de lunettes intelligentes sont aujourd’hui commercialisées ; le prix (moins de 1000 euros) est appelé à baisser. Des applications devraient voir le jour à très court terme dans les prochaines semaines, affirme-t-on chez Senoe, qui a déjà reçu pas mal de demandes pour différents secteurs d’activités.
(1) Filiale de l’Arsoe de Bretagne.
L’informatique à portée de tous
Le groupe Arsoé de Bretagne est une entreprise informatique spécialisée dans le traitement des données des agriculteurs et de leurs partenaires. Elle dégage 11 millions de chiffre d’affaires (un quart pour Senoe) autour de trois métiers : l’assistance maîtrise d’ouvrage et l’expression des besoins informatiques, le développement de logiciels, et l’hébergement de systèmes d’information (les données d’identification). « Notre particularité, c’est l’art de faire simple : nous voulons rendre l’informatique la plus simple possible par des solutions d’ergonomie logicielle adaptées aux utilisateurs. »