Des ions foutent le camp
aurait dû être banale !
En voilà une comme Thierry les aime. Même avec la mise au pré, toutes les vaches ont un peu remonté leur production et celle-là atteint les 40 kilos de lait au cinquième contrôle. Sans soucis hier soir, ce matin elle a été vite traite. Sitôt la traite, elle est allée boire un grand coup et plutôt que d’aller manger le complément de maïs elle est restée dans la stabul, pas question de partir à la pâture. Elle, d’ordinaire grande gueule, la voilà bientôt couchée et lorsque j’arrive, elle se laisse examiner dans cette posture.
Elle me dit hypothermie générale, le coeur rapide, la panse peu remplie et au ralenti, l’appétit nul, l’oeil creux et une grande fatigue car il a fallu lui botter le train pour qu’elle se lève. Debout, elle chaloupe et me raconte aussi qu’elle n’a pas de mammite mais pas mal de liquides dans les intestins et la fouille montre qu’elle est en diarrhée, probablement sévère au départ pour lui rentrer de la sorte les yeux dans les orbites… Depuis quand ? Depuis peu puisqu’elle avait du lait hier soir.
GRAND COCKTAIL !
Voilà une diarrhée brutale qui tourne mal. En pareil cas, le contenu digestif ne fait que passer à toute allure dans l’intestin sans qu’il puisse prélever les minéraux et comme cette vache ne mange rien, il se produit un sérieux déficit que l’organisme ne peut pas combler instantanément en puisant dans ses réserves ou en cessant d’éliminer les excédants. Ce scénario brutal aboutit entre autre à une chute du calcium et du phosphore et malgré son abondance dans l’herbe à une baisse inquiétante du potassium sanguin. Il faut compenser vite et à vue de nez en attendant le verdict du labo. La voilà donc perfusée et copieusement abreuvée avec un cocktail ionique riche en calcium et potassium. J’ai bien fait car je compris un peu plus tard qu’avec le tiers du calcium sanguin et la moitié du potassium, elle pouvait y laisser sa peau.