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Elevage laitier
Des écarts de revenu entre massifs montagneux mis en évidence par une étude de l´Inra de Nantes

Les massifs d´Alpes du Nord et du Jura abritent des exploitations performantes dont le revenu s´approche de la moyenne nationale.


Une étude de l´Inra de Nantes, se basant sur des données du réseau d´information comptable agricole (Rica)(1) confirme que les exploitations laitières professionnelles de montagne sont plus petites et dégagent moins de revenu que celles situées en plaine. Pourtant, plus spécialisées qu´en plaine, elles ont, en moyenne, une meilleure efficacité productive : la valeur ajoutée(2)/produit s´élève à 37 % contre 32 % en plaine. Une situation qui tient essentiellement à l´obtention, dans certaines zones, d´un prix du lait payé au producteur plus élevé et à des stratégies plus économes en intrants.
Par contre, la productivité du travail y est bien moindre qu´en plaine, et le niveau d´aides directes plus faible, malgré les aides spécifiques existantes (ICHN et MAE(3)). Par conséquent, les exploitations laitières de montagne obtiennent, en moyenne, un résultat net par UTA (unité de travail agricole) inférieur de 25 à 30 % à celui des autres zones.

Des aides spécifiques limitées
Les exploitations laitières de montagne perçoivent en moyenne 12 200 euros d´aides directes, contre 17 000 pour toute la France.
Plus de la moitié de ce montant correspond aux aides spécifiques, ICHN et MAE, les aides au marché étant plus faibles qu´ailleurs. En effet, les grandes cultures et le maïs fourrage sont peu présents en montagne. D´autre part, les exploitations laitières de montagne bénéficient rarement des primes liées à la production de viande, à l´exception de certaines zones du Massif central. « D´après une simulation réalisée à l´horizon 2008, le montant d´aides directes octroyé par exploitation laitière pourrait croître de 41 % en moyenne nationale et de 37 % dans les zones de montagne; ce qui rendra la pérennité des exploitations laitières de montagne très dépendante des choix politiques en matière de répartition des soutiens directs », précisent les auteurs de l´étude, MM. Chatellier et Delattre.

Des massifs plus ou moins dynamiques
Dans les Alpes du Nord(4) et le Jura, la filière locale de transformation du lait est dynamique et joue un rôle déterminant. Dans ces massifs, les exploitations laitières représentent plus de 60 % des exploitations agricoles professionnelles. Les Alpes du Nord, regroupent cinq AOC fromagères au lait de vache et deux IGP(5). Dans cette région, les exploitations bénéficient d´un prix payé au producteur d´environ 433 euros par tonne, contre 326 en plaine. Le résultat net moyen par emploi familial est donc proche de la moyenne nationale.
Dans le Jura, les exploitations laitières tirent également leur épingle du jeu grâce à leurs appellations, notamment le comté (premier fromage AOC de France).

Dans le Massif central(4), malgré les nombreuses AOC fromagères, les exploitations laitières dégagent, en moyenne, des résultats économiques inférieurs de 25 à 30 % aux deux massifs précédents, du fait d´un prix du lait proche de la moyenne nationale. Aujourd´hui, les acteurs de la filière fromagère s´orientent vers l´amélioration de la valeur ajoutée, en s´appuyant sur un renforcement de la qualité et de l´image des produits.
Dans les Vosges (4), les exploitations laitières représentent moins de 40 % de l´ensemble des exploitations et dégagent de faibles résultats économiques.

L´avenir en question
Face aux futurs changements de la Pac, comment les exploitations laitières de montagne, et notamment celles des Alpes du Nord, évolueront-elles ? L´atout des exploitations de montagne est leur performance (valeur ajoutée/produit). Les exploitations efficaces (ratio de plus de 40 %) représentent 39 % des exploitations laitières de montagne, contre 27 % de celles situées en plaine. Par contre, étant déjà très extensives et plus faiblement endettées qu´en plaine, les exploitations de montagne ont des marges de progrès plus réduites pour faire face à une baisse des prix. Dans les massifs où le prix du lait est conséquent, la plus grande crainte est de ne pas pouvoir tenir un accroissement de la différenciation des prix. Pourtant, certains acteurs sont otpimistes, considérant qu´il restera une place pour des produits de qualité pour lesquels le consommateur mettra le prix.

(1) Rica : Le réseau d´information comptable agricole suit la comptabilité d´échantillons représentatifs de l´agriculture professionnelle. C´est le seul réseau harmonisé au niveau des 15 états membres de l´UE.
(2) Valeur ajoutée = marge brute - services extérieurs
(3) ICHN : Indemnités compensatoires de handicaps naturels; MAE : Mesures agri-environnementales
(4) Alpes du Nord (Haute-Savoie, Savoie, Isère), Jura (Ain, Doubs, Jura), Massif central (régions Auvergne et Limousin, Gard, Hérault, Lozère, Aveyron, Lot, Tarn, Ardèche, Rhône et Loire) et Vosges (régions Alsace et Lorraine, Haute-Saône et Belfort)
(5) IGP : Indication géographique protégée.

Chiffres clés
 23 % des exploitations laitières professionnelles sont situées en montagne (62 % en plaine et 15 % en zone défavorisée). Elles regroupent environ 17 % de la référence laitière nationale.
 Sur les 26 fromages AOC au lait de vache, 15 proviennent des zones de montagne. Ces derniers représentent près des trois quarts de la production fromagère nationale en AOC (en volume).
 Pour près de 60 % des exploitations, le quota est inférieur à 150 000 kg, contre 35 % en zone défavorisée et 28 % en plaine.

(Les exploitations retenues pour les statistiques ont au minimum
5 vaches laitières et 0,75 UTA.)

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