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Entre fourrage et concentré
Des aliments mash pour favoriser la rumination

Encore limitée en élevages laitiers, l´utilisation d´aliments mash présente toutefois des atouts. En cas de déficit fourrager, le mash peut notamment trouver une place de choix dans la ration des laitières.


« Les aliments mash se définissent comme un mélange de matières premières apparaissant en l´état et qui n´a pas fait l´objet de broyage ou de granulation », indique Michel Dochez, du Syncopac(1). Mais derrière la dénomination « mash » se cachent des techniques d´obtention très diverses : « cela peut aller du simple déversement de plusieurs matières premières dans une même benne à la mise en oeuvre de procédés industriels sophistiqués avec garantie de pesée, en passant par le stockage à plat ».
Ces dernières années, beaucoup de fabricants d´aliment se sont lancés dans la commercialisation de mash, notamment pour se prémunir de la concurrence locale des négociants en matières premières.

Pour Philippe Favre, de la coopérative Unéal dans le Nord-Pas-de-Calais, « il s´agit d´un marché intermédiaire qui empiète à la fois sur le marché des aliments composés et sur celui des matières premières. Près des deux tiers de nos clients en mash avaient l´habitude de travailler en aliments simples. » Même si l´utilisation du mash en élevages laitiers reste encore relativement confidentielle, elle connaît une progression variable selon les régions et les opérateurs.
« Depuis les différentes crises sanitaires, les éleveurs veulent savoir ce qu´ils distribuent à leurs animaux, rappelle Jean Pascard, de la firme-service CCPA. Le développement du mash naît avant tout d´une volonté de transparence des éleveurs. »
C´est là le grand avantage de ces mélanges, ils ne subissent aucune transformation et présentent un aspect grossier où chaque composant est identifiable à l´oeil nu.
Le mash non fibreux est un mélange de matières premières en l´état, enrichi de vitamines, minéraux... Chaque composant est identifiable à l´oeil nu. ©D. R.

Chaque composant est identifiable à l´oeil nu
« Concrètement sur le terrain, on trouve trois types d´aliments sous le nom de « mash » , précise pour sa part Yannick Bergot, de Terrena dans les Pays de la Loire. Les mash fibreux sont des mash complets qui comportent, comme leur nom l´indique, une large proportion de fibres. En général, 15 à 40 % de luzerne déshydratée brins longs entrent dans leur composition. Les autres mash se composent de matières premières non fibreuses telles que la pulpe de betterave, les tourteaux (soja, colza, tournesol, etc...), le lin, les céréales (maïs, avoine, blé, etc...) et sont enrichis de noyaux (minéraux, vitamines, matières grasses...) selon les objectifs de l´éleveur. Enfin, le mélange peut aussi se cantonner à deux matières premières. Ce mash basique, proche de l´aliment simple, est alors appelé bulk. »
Le Gaec du village, dans le Pas-de-Calais, utilise un mash non fibreux composé de 70 % de tourteau de soja, de tourteau de colza, de germes de maïs et de radicelles d´orge. « Nous incorporons 4 kg de mash dans la ration des laitières. »

La ration complète comprend 38 kg maïs ensilage à 30 % de matière sèche, 5 kg de drêches, 7 kg de betteraves fourragères, 1 kg de blé, et 1 kg de paille. La production moyenne s´élève à 8500 kg de lait. « Nous utilisons des mélanges d´aliments simples pour réduire le coût alimentaire, indiquent les éleveurs. Plutôt que de réaliser le mélange nous-mêmes, nous l´achetons. Economiquement, cela ne revient pas beaucoup plus cher, et sur le plan technique, c´est plus pratique d´utilisation. »
Le mash fibreux, riche en luzerne brins longs, est principalement réservé pour l´élevage des petites génisses du sevrage à six mois. ©D. R.

Une solution pour pallier le déficit fourrager
Les fabricants proposent généralement des produits à la carte. « Une dizaine de composants sont mélangés à des doses variables pour créer une quarantaine de formulations différentes », précise Philippe Favre, d´Unéal. La composition des mash fabriqués est connue et constante. « Globalement, les éleveurs sont plus attentifs à la proportion des différentes matières premières entrant dans le mélange qu´aux caractéristiques nutritionnelles des mash. »
Les mash peuvent être distribués à raison de quelques kilos par jour, ou à l´extrême, être intégrés dans des rations sèches. L´éleveur fournit alors uniquement le fourrage grossier (foin ou paille) et achète un mash distribué à raison de 15 à 20 kg par jour. Cette solution intéresse les exploitants qui cherchent à simplifier leur système de production et à gagner du temps. « D´après nos simulations, ce type de concept se révèle intéressant sur le plan économique si le rendement en maïs ensilage de l´élevage ne dépasse pas 11 tonnes de matière sèche par hectare. »

En cas d´année sèche, le mash peut encore se révéler intéressant pour pallier un déficit fourrager. « Cette solution sécurise davantage la ration que l´augmentation de la part des concentrés dans le régime », souligne Jean Pascard, de CCPA.
Le Gaec de Serre, dans le Puy-de-Dôme, a découvert le mash fibreux lors de la sécheresse de 2003 et continue depuis de l´incorporer dans la ration de ses vaches laitières. « Ce mash contient 30 % de luzerne brins longs, 15 % de pulpes de betteraves, 35 % de blé, 10 % d´orge et 10 % de son, exposent les exploitants. Il complémente la ration de base constituée d´ensilage d´herbe ou de regain. Il y a deux ans, cela nous a permis d´économiser de précieux stocks fourragers et le niveau de production des laitières a été maintenu. Nous continuons d´en distribuer 2 kg par vache et par jour. Les vaches ruminent bien, l´état de leur poil et l´aspect des bouses sont corrects. »

Les utilisateurs de mash apprécient son effet anti-acidose, surtout s´ils ne disposent pas de fibres grossières en qualité ou en quantité suffisante. « Le mash favorise la rumination. C´est un bon moyen de reconcentrer les rations en garantissant une bonne sécurité digestive, note Philippe Manry, de Sanders Centre. Ces aliments fibreux ramènent de l´énergie digestible dans la ration et complémentent aussi bien les régimes à base d´ensilage de maïs ou d´herbe jeune, particulièrement riche en sucres et en eau. »
Economiquement, l´évaluation de l´intérêt des mélanges concentrés fibreux dépend beaucoup du contexte de production. « Pour les exploitations autonomes sur le plan des fourrages, et ne pouvant pas accroître leur production, l´utilisation de mash fibreux se révèle rarement intéressante financièrement, avance Jean Legarto, de l´Institut de l´élevage. Par contre, lorsque la production est limitée par les contraintes d´exploitation (main-d´oeuvre, surfaces, rendements.), ces aliments deviennent plus compétitifs avec un prix d´intérêt de l´ordre de 180 à 200 euros la tonne.

(1) Fédération nationale des coopératives de production et d´alimentation animales.

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