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"De la récolte au tassage,, il ne faut pas se louper !"

Le Gaec H2LM, dans l'Orne, insiste sur le tassage du silo et obtient d'excellentes densités, même avec un taux de matière sèche très élevé en 2017.

L'ensilage d'herbe est le plat de base hivernal des 110 vaches traites, donc il ne faut pas le louper. Surtout en bio, où les achats extérieurs sont très coûteux", indiquent Philippe Legendre et Cathy Mellangé, deux des quatre associés du Gaec H2LM, à Sainte-Marie-la-Robert, dans l'Orne.

Les 74 hectares de prairies temporaires sont dédiés aux récoltes : affouragement en vert et ensilage d'herbe. Sur 52 ha, c'est une association ray-grass anglais et trèfle violet (80% de TV), dans des terres limoneuses argileuses, et sur 20 ha c'est un mélange luzerne dactyle, dans les terres plus légères sableuses.

L'objectif des éleveurs est de produire le maximum de lait par vache (6500 l/VL en 2017). "En 2017, la production laitière a bien progressé (de 620 000-650 000 litres vendus à 700 000 l). Selon nous, c'est lié à une meilleure qualité de l'herbe récoltée et de notre ensilage." Une analyse du fourrage 2016 ressort à 14% de MAT et une analyse de l'ensilage 2017 montre 17% de MAT.

Suivre la MAT pour déclencher la première coupe

Pour cela, le Gaec essaye de faucher le plus tôt possible, avec un compromis entre la qualité et le volume. Il a souscrit un forfait auprès d'Elvup(1) qui lui permet de faire autant d'analyses qu'il veut. Les analyses réalisées sur herbe fraîche permettent de suivre la matière azotée et la matière sèche. "Notre objectif est de déclencher la fauche au moment où la MAT commence tout juste à baisser. Le repère visuel est le stade bourgeonnement. Dès qu'on voit une fleur dans le trèfle il faut y aller, dès qu'une fenêtre météo se présente." En 2017, la première coupe a eu lieu le 10 mai. Ici, les terrains sont froids et en 2017, il y a eu des gelées tardives mi-avril. En tout, le Gaec réalise trois à quatre coupes par an pour l'ensilage d'herbe. Autre changement, "on ne s'entête plus à faire durer plus de trois ou quatre ans une prairie. On renouvelle plus vite (deux à trois ans)".

L'autre point fort du Gaec, ce sont ses pratiques de tassage du silo. Le Silo Scan herbe — service d'Elvup d'analyses du silo — en témoigne. Sur le silo réalisé en 2016, la densité est de 751 kg MB/m3 (objectif à 700) pour une matière sèche de 43%, porosité de 36% (objectif : être à moins de 40%)... Sur le silo réalisé en 2017, le tassage a été plus difficile à cause d'une MS très élevée (61%) : densité de 518 kg MB/m3, porosité de 59%. "Ce qui est un très bon résultat avec le fourrage très sec de 2017 lié à une météo particulièrement séchante", nuance Étienne Salze, agent technique fourrages et recherche et développement chez Elvup.

Tasser vite et bien avec deux tracteurs sur le tas

Le Gaec n'a pas de perte visible depuis qu'il a investi dans une bâche de qualité pour garantir une très bonne étanchéité(2), avec un filet équipé de boudins. "Avant, avec une double bâche et des pneus, moins pratiques à installer et pour débâcher, il y avait des parties d'ensilage dégradées." Étienne Salze confirme. "Sur cet élevage, on est au minimum de pertes en 2017 (8% de pertes incompressibles). La dernière analyse du 3 janvier dernier donne une perte à 9%, liée à une reprise en fermentation un peu plus élevée, en lien avec une porosité élevée, due au taux élevé de matière sèche."

Pour obtenir un silo bien tassé, les éleveurs citent d'emblée une longueur de coupe de 5 cm voire moins, et une épaisseur de tassage de 20 cm maximum.

Deux tracteurs tassent le silo en même temps, pour tasser vite et bien. Ils pèsent 7 tonnes pour l'un et 8 pour l'autre (avec la fourche et la masse). Le silo fait 11 mètres de large, 2 mètres de haut et 40 mètres de long. Il réunit les trois à coupes de printemps été. "Dans l'idéal, il faudrait un silo par coupe. Mais dans ce cas, le silo serait moins large. Or, l'avantage d'une largeur de 11 mètres, c'est de pouvoir tasser à deux tracteurs en même temps", soulignent les éleveurs. 

Une longueur de coupe de cinq centimètres maximum

Il y a quatre remorques car il y a des parcelles éloignées. "On a le temps de pousser et de bien tasser." Au début du chantier, les tracteurs montent plus de fourrage sur les bords qu'au milieu, pour être sûr de bien tasser les bords. Après, "on ne monte pas plus haut que les murs, pour éviter les pertes sur les pentes."

"Nous commençons à ensiler les champs les plus secs, c'est-à-dire ceux où il y a de la luzerne (elle sèche plus vite que le trèfle violet). Nous finissons par les plus humides." 

Après la dernière remorque, les éleveurs tassent encore, avec le tracteur dont les pneus sont les plus lisses, pour ne pas faire de "trous" dans l'ensilage. Il tasse dans le sens de la largeur, mais sans fourche et sans masse pour pouvoir manœuvrer. "Pour faire mieux, il faudrait que nous utilisions le téléscopique."

La seule coupe qui est ensilée à part est celle d'automne, dans un silo taupe. "Elle est toujours humide, même quand on bénéficie d'un très bon ensoleillement." La valeur MAT est bonne (> 18%) mais la MS pêche. Cet ensilage est destiné aux génisses, en mélange avec de la paille.

(1) Elvup : organisme de conseil en élevage(2) Silo2Block, 7 couches, 90 mic., flexible, résistante à la rupture

Un jour de séchage de gagné avec le nouveau matériel

L'amélioration de la qualité de l'ensilage s'explique en partie par l'évolution du matériel. "Un groupe de fauche de neuf mètres a été acheté en Cuma début 2017, sans conditionneuse. Il fauche à plat. On gagne un jour de séchage par rapport à l'ancien matériel, une faucheuse conditionneuse de neuf mètres qui mettait en andain au moment de la fauche."

Maintenant, un jour ou deux jours après, le Gaec passe un andaineur à tapis (en Cuma). "C'est moins agressif pour les feuilles que l'ancien matériel, et les pierres retombent au sol. Il fait un andain tous les 18 mètres. Le débit est plus rapide pour ensiler : 10 ha/h au lieu de 7 ha/h avec des andains tous les 9 mètres. L'autre avantage d'un andain tous les 18 mètres est que le trèfle a plus d'espace et du coup il repousse plus vite." En 2017, les conditions météo étaient très séchantes. "On aurait dû accélérer toutes les étapes."

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