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Alimentation des bovins
Dans le Calvados, quand betteraves fourragères et foin font la paire

La betterave fourragère ne manque pas d´atouts. Bon complément au foin, elle s´intègre parfaitement dans les démarches qualité.


« Appétente, très digestible et d´une bonne valeur énergétique, la betterave fourragère ne manque pas d´intérêt. » Jean-François Marin, éleveur laitier à Castillon-en-Auge, dans le Calvados, en est convaincu. Installé depuis 3 ans sur 40 ha de prairies permanentes, cet exploitant a fait le choix de la betterave fourragère pour complémenter le régime à base de foin de ses 40 Normandes. Avec des valeurs alimentaires de l´ordre de 1,12 à 1,15 UFL par kilo de matière sèche, la betterave permet de remonter sans problème le niveau énergétique de la ration. « Appétente et d´une faible valeur d´encombrement, elle tend même à ouvrir l´appétit des vaches. Les bêtes en raffolent, elles consomment 5 kilos de betteraves par jour. »
Mais Jean-François ne cultive pas lui-même ce fourrage sur son exploitation, ses terres sont trop argileuses. Il s´approvisionne auprès d´un betteravier de la plaine de Caen, à une quinzaine de kilomètres de la ferme. « C´est facile, le cultivateur auquel j´achète les betteraves dispose de tout l´équipement nécessaire pour la récolte et il me livre régulièrement par benne de 12 tonnes. Cela me revient à 21 euros la tonne rendue ferme, soit 140 F/t », indique l´éleveur.
©E. Bignon


Pas de problème de butyriques
Le stockage se fait sans problème. Les betteraves sont entassées sur une plateforme bétonnée, à l´air libre. « Il faut que le tas respire sinon les betteraves ont tendance à fermenter et à pourrir. » Pour la reprise, Jean-François utilise un godet désileur. La distribution quotidienne ne prend pas plus de 10 minutes matin et soir.
Les vaches reçoivent des betteraves de la mi-novembre jusqu´à la mise à l´herbe autour du 1er avril. Elles produisent 5100 kilos de lait en moyenne, à 41,5 de TB et 34,6 de TP. « Comme je n´ai pas un gros quota, j´essaie de tirer le meilleur parti possible du prix du lait. » L´éleveur mise sur une qualité du lait irréprochable. Côté butyriques, la moyenne tourne autour de 150 spores par litre. « Contrairement à ce que l´on entend parfois, la consommation de betteraves n´augmente pas le risque de contamination butyrique du lait, » soutient Philippe Marie du contrôle laitier du Calvados.
Valorisé à 369 E/1000 litres, soit 2,42 francs du litre, le lait se destine à la laiterie Thébault (Saint-Pierre-sur-Dives) pour la fabrication de fromages AOC Pont-l´Evêque et Livarot. Le lait « 100 % normandes avec une alimentation sans ensilage de maïs » bénéficie de 25,9 euros pour 1000 litres (soit 17 cts/l).
©E. Bignon


Les betteraves bien valorisées dans les régimes foin
Jean-François n´est pas le seul à avoir fait le choix de la betterave fourragère. D´autres éleveurs du département, se sont lancés dans l´utilisation de ce fourrage. « Si sa place a tendance à diminuer chaque année dans les systèmes avec maïs, elle a progressé de 9 % en 4 ans dans les régimes à base de foin, souligne Philippe Marie. C´est un fourrage d´appoint sûr qui sécurise les systèmes fourragers à base d´herbe et de foin. »
D´après l´étude réalisée par le contrôle laitier du département sur les trois derniers hivers, « l´apport de 4 kilos de betteraves dans des rations foin améliore le taux protéique de 0,8 g/kg. Dans les systèmes économes en concentrés, on note aussi un effet positif sur le lait. En fait, la betterave permet de remplacer une partie du concentré », commente le technicien. Et d´ajouter : « Dans les régimes foin, plus on apporte de betteraves, meilleures sont les performances des laitières. A condition toutefois que le foin soit suffisamment fibreux. »

A l´heure des démarches qualité, la betterave fourragère apparaît comme un fourrage de choix. Aliment frais, elle bénéficie notamment aux yeux du grand public d´une image positive. « Facilement disponible et de qualité constante, elle sécurise les systèmes fourragers à base d´herbe et de foin, tout en répondant parfaitement aux objectifs des éleveurs engagés dans une démarche qualité », souligne Michel Straëbler de l´ABDFM(1).
L´exemple de la laiterie Thébault, produisant du Livarot et du Pont-l´Evêque AOC dans le Pays d´Auge, illustre bien la place particulière de ce fourrage dans les exploitations. Depuis plusieurs années, cette fromagerie travaille auprès des producteurs pour obtenir un lait de qualité produit par des vaches de race normande alimentées sans ensilage. « La moitié des producteurs travaillent en ce sens. Et il se trouve que la grande majorité des élevages nourris au foin ont effectivement recours à la betterave fourragère. »

Les démarches d´achat de betteraves en Normandie, la création de Cuma d´arrachage ou de GIE de production et d´approvisionnement dans d´autres régions, montre l´intérêt et la motivation des éleveurs pour l´utilisation de ce fourrage. « Ces organisations collectives méritent d´être partagées avec des éleveurs parfois plus isolés sur le plan technique », conclut Michel Straëbler.

(1) Association pour le développement de la betterave fourragère monogerme.

Pour en savoir plus
« Le guide environnement pour la culture de la betterave fourragère », réalisé par le Gnis en collaboration avec l´Institut technique de la betterave, présente les conseils en matière de bonnes pratiques culturales de la betterave fourragère.
Ce guide est disponible auprès de l´ABDFM : 7, rue Coq Héron - 75 030 Paris cedex 01. Tél. 01 42 33 86 77.

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