Aller au contenu principal

Alimentation des bovins
Dans la Mayenne, de l´huile et du tourteau faits maison

Produire son concentré azoté et son carburant à la ferme, c´est possible. Dominique Bordeau a fait ce choix et utilise une presse à froid achetée en cuma.


Autonomie alimentaire et respect de l´environnement : telles sont les deux motivations qui ont conduit Dominique et Béatrice Bordeau, éleveurs laitiers en Mayenne, à presser du colza à la ferme. Ils font d´une pierre deux coups en récupérant à la fois du tourteau, qu´ils distribuent aux laitières, et de l´huile, qui sert à alimenter les réservoirs des tracteurs.
« L´exploitation devient ainsi moins dépendante vis-à-vis de l´extérieur, précise l´exploitante en souriant. Même si notre objectif premier n´est pas la réduction des coûts, nous espérons toutefois économiser environ 3 000 litres de fuel et dix tonnes de tourteaux chaque année. »
En service depuis novembre dernier, la presse affiche un débit de 10 à 12 litres d´huile par heure. Un kilo de graines fournit environ 300 g d´huile et 700 g de tourteau. Les exploitants ont acheté du colza auprès de la coopérative en attendant de moissonner leur propre récolte.
©E. Bignon

Un tourteau à 20 % de matière grasse
« Avec des rendements de 30 à 35 quintaux, quatre hectares devraient suffir à satisfaire les besoins du troupeau, estime Dominique. Les graines doivent répondre à des critères de qualité précis : moins de 7 % d´humidité et 2 % d´impuretés maximum. »
Des conditions sine qua non pour assurer la réussite de la trituration et de l´utilisation de l´huile comme carburant.
Le fonctionnement de la presse en lui-même est très simple. Les graines stockées dans un ancien silo à aliment sont acheminées par une vis d´alimentation dans le corps de presse. Le tourteau sort en bout de chaîne tandis que l´huile est récupérée dans un tank à lait d´occasion (2500 l) qui fait office de bac de décantation. « Le système mis en place mériterait encore d´être amélioré, reconnaît l´éleveur. Le tourteau tombe à même le sol, ce qui m´oblige à le ramasser à la pelle. L´idéal serait que les bouchons parviennent directement dans des big bags où ils sont stockés jusqu´à leur utilisation. »

La presse fonctionne en continu pendant 48 heures. « Elle s´avère vraiment facile à utiliser et à transporter de ferme en ferme », apprécie Dominique.
La cuma a investi environ 7600 euros (50 000 francs) dans cette presse Täby d´origine suédoise en plus d´une pompe électrique filtrante. Il est facturé aux éleveurs un euro de l´heure. Pour l´instant, quatre agriculteurs de la cuma seulement pressent du colza, mais le groupe d´utilisateurs pourrait s´élargir si les résultats sont probants.
Au niveau du troupeau, les éleveurs disposent de peu de recul. L´analyse du tourteau a révélé une teneur en matière grasse élevée (20 %), ce qui limite son utilisation à 2 kg par vache et par jour, pour une valeur énergétique de 1,02 UFL et 190 en PDI. Cet hiver, les quarante vaches Normandes à 6500 litres de moyenne ont reçu une ration complète à base de 10 kg MS d´ensilage d´herbe, 3 kg MS de maïs ensilage, 2 kg MS de foin de fétuque et 2 kg MS de triticale. L´apport azoté s´est limité à 2 kg de tourteau de colza fermier.

« Les premiers résultats observés semblent satisfaisants, note Béatrice. Par rapport à l´an dernier, la production laitière et le TP sont restés stables. Par contre, le taux butyreux a pris deux points supplémentaires et l´état général des vaches s´est amélioré. »
« Dans notre système peu intensif basé sur l´ensilage d´herbe, le tourteau produit sur la ferme nous permet d´être autosuffisants en protéines. Mais cela ne serait pas possible avec un système maïs, demandant plus de protéines », conclut Dominique.

Une fois décantée 72 heures durant et filtrée à 10 microns, l´huile est utilisée dans deux tracteurs de 60 et 100 ch. Chacun d´eux dispose de deux arrivées de carburant séparées, l´une au fuel, l´autre à l´huile. Ils démarrent au fuel, stocké dans un petit réservoir additionnel, avant de basculer sur l´alimentation du réservoir principal rempli d´huile.
Le premier tracteur est équipé d´un kit de bicarburation Täby (1100 euros environ), qui permet de préchauffer l´huile avant sa combustion dans le moteur. Le basculement du fuel vers l´huile s´effectue alors automatiquement dès que l´huile atteint 65 ºC. « Par rapport au fuel, le tracteur perd environ 10 % de sa puissance », estime l´exploitant.
©E. Bignon

Les plus lus

<em class="placeholder">Bertrand et Hervé Lecaplain,entourés de Romain Gaslard et Benjamin Gramont : « Nous avons voulu que la transmission se fasse dans un esprit gagnant-gagnant, aussi bien ...</em>
« Notre envie de transmettre notre élevage laitier à des jeunes nous mène depuis dix ans »

Au Gaec de la Rihouerie, dans la Manche, la transmission de l’exploitation à des tiers a été savamment anticipée. Un projet de…

<em class="placeholder">vaches laitières aux cornadis</em>
Le vinaigre de cidre, un allié pour la santé des vaches

Produit naturel et peu coûteux, le vinaigre de cidre est utilisé traditionnellement sur le terrain par des éleveurs pour…

<em class="placeholder">Fabien Louis, éleveur.</em>
« Des abreuvoirs connectés, caméras intelligentes et capteurs pour gagner en performance et en confort de travail dans mon élevage laitier dans le Morbihan »

Au Gaec de la Grée, dans le Morbihan, l’intelligence artificielle pilote l’abreuvement et la gestion de l’ambiance du…

<em class="placeholder">éleveurs laitiers dans une stabulation </em>
« La création d’un GFA a permis de limiter le coût de l’installation d’un hors-cadre familial »

Le Gaec de Taute dans la Manche s’est fait accompagner en termes financier et juridique pour transmettre l'exploitation et…

<em class="placeholder">Au premier plan, les génisses de 7-8 mois, au second les génisses de 19-20 mois et au fond les vaches traites. </em>
Élevage laitier : 42 heures par semaine avec des vêlages groupés
Choisir un système en vêlages groupés structure le travail en séquences fortes sur l’année. Enregistrements à l’appui, c’est 42…
<em class="placeholder">Maxime Martel : « Nous pouvons retrouver en un coup d’œil dans quel lot et sur quelle parcelle se trouvent vaches et génisses. »</em>
Organisation du pâturage : « Grâce à notre tableau géant, nous visualisons tous les lots d'animaux en un clin d'œil »

Les associés du Gaec de Guimbert, en Ille-et-Vilaine, ont trouvé une parade pour faciliter l'organisation du pâturage de leur…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière