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Filière Bleu Blanc Coeur en Seine-Maritime
Danone met des oméga 3 dans ses produits frais

Danone s’est fixé un objectif très ambitieux : faire adhérer deux tiers de ses éleveurs du pays de Bray à la démarche Bleu Blanc Coeur en quelques mois. Objectif : mieux valoriser le lait.

Pour motiver
ses éleveurs à entrer
dans la démarche
Bleu Blanc Coeur, Danone
octroie une prime
à la qualité du profil
en acides gras du lait,
aux éleveurs
qui s'engagent.
Pour motiver
ses éleveurs à entrer
dans la démarche
Bleu Blanc Coeur, Danone
octroie une prime
à la qualité du profil
en acides gras du lait,
aux éleveurs
qui s'engagent.
© www.leitenberger.fr

Plusieurs transformateurs adhérent à la démarche Bleu Blanc Coeur : Lactalis, Sodiaal, Danone, Bongrain, Entremont, Coralis, Novandie, Armoricaine laitière, Laiterie saint père et diverses fromageries. Jusqu’à présent, certaines de ces laiteries ont développé une collecte séparée et une gamme spécifique de produits naturellement enrichis en oméga 3, étiquetée Bleu Blanc Coeur (BBC). Lactalis souhaite améliorer la composition en acides gras de l’ensemble de sa collecte, mais sans octroyer de prime. L’avancée de la démarche ne repose que sur l’intérêt que les éleveurs veulent bien lui porter.
En novembre 2007, Danone crée donc l’événement en affichant sa volonté d’orienter le maximum de ses éleveurs du pays de Bray en filière BBC. Sont concernés, les éleveurs livrant aux usines de Ferrières-en-Bray et Neufchâtel-en-Bray (Seine-Maritime), soit 300 millions de litres de lait. L’usine de Neufchâtel sera fermée prochainement et ses activités seront transférées dans celle de Ferrières. Ferrières-en-Bray — future Danone Pays de Bray — deviendra ainsi l’une des plus grandes usines de produits laitiers frais en Europe. Et c’est précisément sur cette zone que Danone met en place cette « opération pilote » d’envergure.
Novembre et décembre 2007, Danone enchaîne les réunions destinées à informer ses éleveurs sur la démarche BBC et sur les atouts du rééquilibrage des rations en acides gras. Le transformateur leur présente le cahier des charges BBC et le contrat qu’il leur propose s’ils désirent s’engager. « Nous nous sommes fixés un objectif de deux tiers des producteurs engagés. Nous avons déjà près de 40 % du lait engagé, ce qui est très satisfaisant après seulement quelques mois », précise Henri- Xavier Benoist, directeur lait de Danone.
Mais qu’est-ce que la démarche Bleu Blanc Coeur (1) ? L’association BBC s’est fixée comme objectif d’améliorer le profil en acides gras des aliments (lait, viande, oeuf…), via l’alimentation des animaux ; notamment de réduire la part d’acides gras saturés et d’augmenter celle des acides gras insaturés, ainsi que la quantité d’oméga 3 par rapport aux oméga 6.

ENGAGEMENT VOLONTAIRE
Jean-Pierre Pasquet, président de BBC, rappelle en effet que « le profil du lait s’est dégradé avec la généralisation des systèmes maïs ». Un éleveur BBC a une obligation de résultat sur la composition de son lait en acides gras. Pour remplir le cahier des charges, l’éleveur ne doit utiliser que des aliments naturels. Les aliments « améliorateurs » sont l’herbe sous ses différentes formes, le lin, la luzerne, le lupin. Le cahier des charges interdit l’huile de palme et limite la quantité de tourteau de colza gras car il entraîne une augmentation des acides gras trans indésirables. Si l’éleveur achète des aliments à base de lin, il doit s’approvisionner chez un fournisseur d’aliment agréé BBC, au nombre de trois sur le pays de Bray (voir page suivante, le reportage chez des éleveurs Danone engagés).

VALOREX OMNIPRÉSENTE
Certains producteurs n’apprécient pas l’obligation d’utiliser l’aliment à base de lin, pour une raison de coût et parce que Valorex est en position de monopole sur la graine de lin extrudée. Henri-Xavier Benoist rappelle que « la graine de lin est citée dans le cahier des charges BBC et dans le contrat Danone car son incorporation est le moyen le plus efficace et le plus simple de rééquilibrer une ration. Mais les besoins en lin sont moindres si l’éleveur fait pâturer ses vaches, utilise de l’ensilage d’herbe, de la luzerne… » Il reconnaît que « Valorex est incontournable, mais ils ont le savoir-faire pour du lin de qualité. L’obligation de passer par les trois distributeurs n’est valable que pour le lin. Pour le reste de la ration, les éleveurs sont libres." Pour ce qui est du coût, « nous expliquons aux éleveurs qu’il faut aussi tenir compte du bénéfice sur la santé des animaux. La baisse du taux butyreux permet de faire plus de lait, et cette référence supplémentaire peut être réalisée avec les vaches présentes, puisque l’ajout de lin permet d’augmenter la production par vache. Enfin, nous avons mis en place une prime pour motiver les éleveurs. Son montant est destiné à couvrir le surcoût alimentaire pour n’importe quel système d’exploitation. Il est le fruit d’une négociation collective entre Danone et les représentants des groupements de producteurs. » ■ Costie Pruilh (1) Voir Interview de Jean-Pierre Pasquet, co-président de Bleu Blanc Coeur, dans Réussir Lait Élevage n° 212, page 10.

« Notre objectif: une collecte naturellement enrichie en oméga 3 »

He n r i - X a v i e r Benoist est directeur lait de Danone. Il revient sur la finalité du projet.

Pourquoi Danone lance t-il une telle offensive sur les oméga 3 ?
Henri-Xavier Benoist - Danone adhère à l’association Bleu Blanc Coeur depuis 2004 et a constitué un groupe pilote en 2004-2005. En 2007, nous avons reconstitué un groupe de 20 éleveurs. Le rééquilibrage des rations des laitières via l’ajout de graines de lin extrudées a des incidences positives sur la santé des animaux, leur bien-être, la production de lait et le profil en acides gras du lait. Cette démarche s’inscrit totalement dans la stratégie santé et qualité de Danone.

S’agit-il de répondre à une demande en produits santé ?
H.-X. B. - Pour l’instant, nous nous focalisons sur la production de lait, car nous nous rendons compte que l’accompagnement individuel à apporter aux éleveurs est important et nous voulons prendre le temps de bien faire les choses. À cet effet, nous avons accru le nombre de techniciens lait présents sur le terrain. Notre objectif est qu’au moins deux tiers du lait soit engagé dans la démarche. À ce niveau, nous pourrions potentiellement mentionner sur certains de nos produits « lait à teneur naturellement accrue en oméga 3 ». À ce jour, près de 400 % du lait est engagé dans la démarche.

Certains producteurs craignent que ce contrat soit un avant goût des contrats qui gèreront les relations éleveur-laiterie après la fin des quotas.
H.-X. B. - Ce contrat ne concerne que la qualité de la matière grasse du lait et absolument pas le reste de la relation entre Danone et ses producteurs. Il peut être rompu avec un préavis de six mois. J’insiste sur le fait que ce contrat a été négocié collectivement, seule la signature est individuelle, car juridiquement un groupement n’est pas une entité légale capable de s’engager.

Pourquoi passer par Bleu Blanc Coeur pour ce projet ?
H.-X. B. - Cette association travaille depuis 8 ans sur les acides gras. Elle nous a amené des résultats scientifiques, ses compétences et son expérience. La filière lin que BBC et Valorex ont développé est aujourd’hui reconnue. Danone est spécialiste dans la transformation, pas dans l’alimentation et la production laitière. Nous sommes comme un intermédiaire entre Bleu Blanc Coeur et les éleveurs. ■ Propos recueillis par Costie Pruilh

CONTRAT DANONE
Prime de 4 euros minimum

À partir du moment où l’éleveur s’engage, Danone lui verse au minimum 4 euros pour 1000 litres les deux premiers mois. Il faut en effet un certain temps à l’éleveur pour caler sa nouvelle ration et obtenir des résultats sur son lait.
La prime est fonction des résultats d’analyse. Trois critères sont analysés en routine, deux fois par mois pour chaque éleveur: acides gras saturés totaux, rapport acide oléique sur acide palmitique, oméga 3. Si le lait répond au minimum exigé par Bleu Blanc Coeur, la prime est de 3,55 euros. Plus les résultats vont audelà, plus la prime est intéressante, jusqu’à un plafond de 14,65 euros. Danone envoie à chaque producteur ses résultats afin qu’il puisse piloter l’alimentation des vaches.

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