Contre les boiteries, les antibiotiques, ce n’est pas automatique !
À l’exception du panaris, les antibiotiques doivent être utilisés plutôt en traitement local. Les anti-inflammatoires ont également leur place pour soulager l’animal et favoriser la guérison.
À l’exception du panaris, les antibiotiques doivent être utilisés plutôt en traitement local. Les anti-inflammatoires ont également leur place pour soulager l’animal et favoriser la guérison.
Selon l’Anses, les boiteries sont, après les mammites, le deuxième motif de traitement antibiotique des bovins laitiers, avec 12 % des antibiotiques consommés. Jusqu’en 2016, le ceftiofur était notamment très utilisé du fait de l’absence de temps d’attente. « Son classement en 2016 parmi les antibiotiques critiques ainsi que le contexte général d’Écoantibio et du bien-être animal amènent désormais à mieux raisonner le traitement des boiteries et notamment à faire un diagnostic précis avant tout traitement », souligne Raphaël Guatteo, enseignant chercheur à Oniris Nantes.
Pas d’antibiotique sur les boiteries d’origine traumatique
Quatre-vingt-dix pour cent des boiteries sont liées à l’apparition de lésions du pied, le plus souvent au niveau des membres postérieurs. Certaines, en général d’origine traumatique, concernent la boîte cornée (ulcère de la sole, maladie de la ligne blanche, abcès de la muraille, fourbure). Elles sont plus ou moins inévitables si on ne prend pas « soin » des pieds régulièrement par un parage fonctionnel, si les vaches passent trop de temps debout, que le logement est inconfortable… Et elles ont parfois une composante inflammatoire. D’autres sont des affections des tissus superficiels ou profonds (dermatite digitée ou maladie de Mortellaro, fourchet, panaris), d’origine infectieuse et/ou traumatique, avec à peu près toujours une composante inflammatoire.
Parage, talonnette et anti-inflammatoire
Dans la majorité des cas, notamment les affections de la boîte cornée, le parage, associé ou non à la pose d’une talonnette, est le plus efficace. Les antibiotiques sont rarement la meilleure solution. « Parmi les principaux problèmes qui touchent les vaches laitières, la fourbure, l’ulcère de la sole et la maladie de la ligne blanche n’ont pas de composante infectieuse et ne nécessitent donc pas d’antibiotique, insiste Raphaël Guatteo. Et dans les troubles infectieux, seul le panaris, qui ne représente que 15 % des boiteries, nécessite un antibiotique par voie générale en première intention. » La maladie de Mortellaro et le fourchet, également infectieux, peuvent se régler avec un antibiotique topique (traitement local par crème, spray, poudre) ou un désinfectant.
Des anti-inflammatoires sont par contre utiles dans la plupart des cas. « Dans à peu près toutes les boiteries, il y a une composante inflammatoire, qu’elle soit la cause ou la conséquence de la boiterie. Il y a aussi des douleurs et gonflements, notamment dans l’ulcère de la sole, le panaris et Mortellaro. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens sont donc en général très utiles, même pour les lésions du sabot. » Un essai (Thomas et al, 2015, UK) sur le traitement de lésions du sabot (ulcère de la sole, maladie de la ligne blanche) a montré une amélioration clinique pour 56 % des vaches quand un anti-inflammatoire non stéroïdien (ketoprofen) était associé au parage et à la pose d’une talonnette, contre 36 % quand il y avait seulement un parage et une talonnette.
Un site internet
Dans le cadre du plan Écoantibio 2017, une plaquette L’amour est dans le pied, destinée aux éleveurs et téléchargeable sur le site de l’Institut de l’élevage, a été réalisée par l’UMT Maîtrise de la santé des troupeaux bovins pour mieux reconnaître les différents types de boiteries et savoir comment les traiter. Un site internet sur le même thème devait aussi être fonctionnel en juin : www.boiteries-des-bovins.fr