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Combien me coûtent les mammites ?

Grâce à un logiciel, vous pouvez chiffrer précisément le manque à gagner lié aux mammites et estimer, avec votre technicien, le coût du plan de maîtrise qu’il vous propose. Exemple concret.

© UMT santé des bovins

Comme dans beaucoup d’élevages, les mammites cliniques sont fréquentes dans le troupeau de 53 vaches du Gaec M. N. Au cours de l’année dernière, 46 traitements ont été réalisés sur 36 vaches, soit une fréquence annuelle de 65 %. Leur fréquence mensuelle varie entre 2 et 10 %. Les concentrations cellulaires du tank, entre 150 et 250 000 cellules par mois, ne posent pas de problème.

Les mammites sont présentes tout au long de l’année avec de fortes fluctuations sans cause particulière et touchent surtout les multipares ; il n’y a pas de corrélations entre les signes cliniques et les concentrations cellulaires. Cette situation perdure depuis de nombreuses années sans amélioration ni détérioration notoire.

Ces mammites entraînent des pertes économiques (lait jeté, traitements antibiotiques…), du temps passé aux soins des vaches infectées et un stress important (surveillance, peur des résidus de traitements). Quel est leur impact financier et quel serait le coût des mesures à mettre en place pour corriger le tir ? Le logiciel « impact technico-économique des mammites » mis au point par l’Institut de l’élevage et Oniris (école vétérinaire de Nantes) permet d’en faire une estimation en tenant compte des particularités de l’élevage. Il est organisé en trois parties.

1ere étape : entrer les paramètres techniques

Dix-huit paramètres techniques et économiques spécifiques à l’élevage (droit à livrer, nombre moyen de vaches présentes, chargement, prix du concentré, frais vétérinaires hors traitement de la maladie étudiée…) doivent être renseignés. Des valeurs moyennes par défaut sont proposées.

2e étape : décrire la situation sanitaire

La fréquence des mammites, leur degré de sévérité (quatre niveaux), le nombre de traitements… doivent être décrits sur une année. Le logiciel calcule le manque à gagner à partir du nombre de mammites et des conséquences attendues en fonction de leur gravité. Il s’agit des pertes de production, des réformes anticipées, de la perte de quartiers, des impacts sur la reproduction…

Dans le cas du Gaec M.N., le manque à gagner est estimé à 3 800 euros. Viennent s’y ajouter des charges de maîtrise des mammites. Un référentiel propre au logiciel (actualisé régulièrement) permet de les chiffrer. Il est possible de tenir compte des coûts réels de l’élevage. Dans le cas du Gaec M.N., elles sont estimées à 2 800 euros : 1 537 euros pour l’hygiène de traite actuellement mise en place, 360 euros pour les traitements préventifs au tarissement, 940 euros pour les traitements des mammites cliniques. Au total l’impact financier des mammites (manque à gagner + charges de maîtrise) est de 6 600 euros. « Il existe donc une réelle marge de progrès économique », commente Philippe Roussel de l’Institut de l’élevage - UMT santé des bovins.

3e étape : définir le plan de maîtrise

L’analyse des données du contrôle laitier et du carnet sanitaire, ainsi que les observations et les discussions avec les associés permettent au conseiller de conclure que l’élevage est confronté à des infections de type environnemental, une partie de la contagion se faisant au moment de la traite. Il propose des mesures d’améliorations pour remédier aux facteurs de risques identifiés.

La ventilation du bâtiment est insuffisante ; le nettoyage très régulier — tous les trois mois environ — des tôles perforées est donc préconisé, ainsi que l’ouverture des portes du bâtiment si la météo le permet. Par ailleurs, la durée de blocage des vaches au cornadis après la traite doit être plus longue, environ une heure, pour éviter que les vaches aillent se coucher quand les sphincters sont ouverts.

Côté traite, la préparation doit être individualisée et suivie d’un essuyage, ce qui n’est pas le cas actuellement (une lavette par vache complétée par un essuyage avec un papier à usage unique). La présence d’hyperkératose sur plus de 30 % des vaches, d’anneaux de compression et coloration sur les trayons, et la vidange incomplète de certaines vaches conduisent à recommander un contrôle de la machine à traire et un contrôle des déposes automatiques.

Enfin, le pourcentage de nouvelles infections au cours de la période sèche étant de supérieur à 20 %, l’utilisation d’un obturateur de trayon en complément du traitement classique le jour du tarissement est préconisé. Le protocole de traitement des mammites cliniques en première intention et deuxième intention reste à définir avec le vétérinaire.

Dans le cas du Gaec M.N., le plan de maîtrise proposé n’inclut donc pas d’investissement lourd. La plupart des mesures proposées sont coûteuses en temps mais n’ont pas d’impact financier. Le logiciel, en se basant sur le référentiel, estime le coût de ce plan de maîtrise à environ 1 000 euros. À noter qu’il prévoit des coefficients modulateurs pour les charges d’investissements (fonction de la quote part attribuée aux mammites). Ces mesures devraient permettre de diminuer les mammites de moitié.

« Dans le cas de cet élevage, l’impact financier des mammites et le plan de maîtrise proposé permettent, sans fortement augmenter les charges de maîtrise, une diminution de deux tiers du manque à gagner lié aux mammites », conclut Philippe Roussel. C’est d’ailleurs réellement ce qui s’est passé sur cet élevage.

EN SAVOIR PLUS

Le logiciel version technicien est téléchargeable sur http://sante.ouest-atlantis.com/

Le logiciel version éleveur (sans la partie « coût du plan de maîtrise ») est téléchargeable sur http://www.casdarsante.com Ce logiciel permet de la même façon de chiffrer l’impact financier et un plan de maîtrise des boiteries.

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