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COLOSTRUM, FIBRES GROSSIÈRES...
Cinq conseils pour des veaux bien élevés

Recommandations alimentaires pratiques de Pierre-Emmanuel Radigue, vétérinaire consultant, pour passer avec succès le cap de la phase d’élevage du veau.

UN PORTE-SEAU À TÉTINES EN HAUTEUR, pour un bon 
fonctionnement de la gouttière oesophagienne.
UN PORTE-SEAU À TÉTINES EN HAUTEUR, pour un bon
fonctionnement de la gouttière oesophagienne.
© V. Rychembusch

Le cabinet vétérinaire 5M Vet organise régulièrement des formations d’éleveurs pour les aider à mettre en place un suivi sanitaire préventif du troupeau. Voici quelques-unes de ses recommandations pratiques pendant la phase d’élevage des veaux.


1 - Conserver l’excédent de colostrum en l’acidifiant


Même si, après vêlage, le lait des quatorze premières traites n’est pas livrable, « le colostrum ne correspond qu’au lait de la première traite », rappelle le vétérinaire. Le lait des traites suivantes reste un aliment de qualité pour le veau, mais il n’a plus la même composition ni les mêmes propriétés. Un colostrum de 1re traite à 100 g/l d’Ig G n’en contient plus que 50 g/l à la deuxième traite.


Si la vache est traite après vêlage, il est intéressant de conserver l’excédent de colostrum de 1re traite pour le distribuer au cours des buvées suivantes. Au-delà de 12 h après la naissance, la perméabilité de la barrière intestinale aux anticorps est faible (elle est nulle au bout de 24 h), mais les immunoglobulines qui restent dans la lumière intestinale assurent une protection locale, intéressante contre les diarrhées.


« Pour que le colostrum se conserve, il faut qu’il s’acidifie. Et pour cela, il ne faut pas le placer immédiatement au froid, mais le laisser à température ambiante (au moins 7 °C) pendant 12 heures »
, explique Pierre Emmanuel Radigue. Bien sûr, l’hygiène de traite est déterminante pour limiter au maximum la contamination bactérienne du colostrum et ne pas le transformer en « bouillon de culture ».

« Une fois acidifié, on peut mettre ce colostrum au frais dans des bouteilles au bouchon percé, où il peut se conserver pendant deux à trois mois sans problème. »


2 - Faire téter les veaux pour les faire saliver


« Aucun veau de moins de 15 jours ne devrait être mis au seau sans tétine », souligne le vétérinaire. La tétée stimule le transit intestinal et permet au veau de saliver. Or, la salive est riche en lactoferrine-lactoperoxydase, un système enzymatique aux propriétés anti-oxydantes et antimicrobiennes qui améliore la protection du veau.


« Le transfert d’immunité chez le jeune se fait d’autant mieux qu’il salive. Avant de sonder un veau trop faible pour boire, par exemple, mieux vaut le faire saliver en lui mettant un peu de sel sur la langue. »


Un « détail » qui compte : le seau à tétine doit être placé suffisamment haut, de façon à ce que le veau ait la tête légèrement relevée comme lorsqu’il tête sa mère. Sinon, il y a risque de perturber le fonctionnement de la gouttière oesophagienne. Un mauvais fonctionnement de cette gouttière peut également être dû à une température de buvée insuffisante.


3 - Fibres grossières, sel, eau à disposition et à bonne hauteur


Pour être en bonne santé, un bovin, quel que soit son âge, doit toujours avoir à disposition de la fibre, du sel et de l’eau. Pour la fibre, du foin grossier ou de la paille conviennent. Ce n’est pas la valeur alimentaire qui compte mais l’aspect mécanique (musculature du rumen). Les râteliers doivent être à bonne hauteur et avec des barreaux suffisamment espacés (12 à 15 cm) pour permettre au veau d’y passer la gueule, « ce qui n’est pas forcément le cas, même avec les râteliers vendus pour les veaux. Ne pas hésiter à scier un barreau sur deux ou trois ». Attention également aux hauteurs d’abreuvoir. Pour des veaux, la distance entre le haut du bol et le sol doit être de 55 cm, 65 cm pour des génisses sevrées.

Dans les cases collectives paillées avec un trottoir, la hauteur de la marche pour les jeunes veaux ne doit pas être supérieure à 25-30 cm, au risque de pénaliser l’ingestion et l’abreuvement si l’abreuvoir est situé sur la marche. Si la marche est trop haute, en effet, les jeunes veaux hésitent à monter par crainte de la descente.


4 - Proposer du concentré dès 8 jours d’âge


« Le rumen se construit pendant la phase 0-4 mois, et à 4 mois le nombre de papilles ruminales est définitivement fixé. » C’est l’apport de concentré qui permet la mise en place de ces papilles. Le veau doit donc avoir très tôt à sa disposition, dès 8 jours d’âge, du concentré pour se familiariser avec. « Si le veau n’a pas eu suffisamment de concentré pendant ses quatre premiers mois, c’est irrécupérable. »


Pour les jeunes veaux, préférer des concentrés riches en amidon lent (maïs, épautre plutôt que blé) proposé en graines entières. « Avant 3 semaines, le veau n’a pas de flore amylolytique », rappelle le vétérinaire, donc ne pas lui donner d’amidon. Exemple d’aliment veau «maison » bien adapté et apprécié, sur le mode du quatre quarts : 1/4 de maïs grain entier ou épeautre, 1/4 de pulpes de betteraves, 1/4 de soja et 1/4 de luzerne déshydratée + 3 % de minéral 8-16-8.


5 - Bien nourrir et bien doter en antioxydants un veau malade


Quand un veau a la diarrhée, l’éleveur a très souvent tendance à lui supprimer le lait ou l’aliment d’allaitement pour le remplacer par des sachets repas. «Ce n’est pas forcément une bonne chose. La réponse immunitaire, en effet, est très consommatrice en énergie, protéines et calcium. Le veau malade doit être bien nourri. Et il doit être bien doté en anti-oxydants: vitamines (A, E, C), oligoéléments (cuivre, zinc, sélénium, iode, cobalt) et macroéléments (calcium, magnésium). Un animal peut vivre en étant carencé en anti-oxydants, mais le jour où il subit une agression, ils doivent être au niveau. Sinon, il y a risque de mort. » D’où l’intérêt pour protéger les veaux de bien gérer la complémentation en minéraux, oligoéléments et vitamines des mères.



« Le colostrum, un trois-en-un irremplaçable à valoriser au mieux »


Pierre Emmanuel RADIGUE, vétérinaire consultant 5MVet : « La distribution massive et précoce de colostrum est un des fondamentaux de la bonne santé du veau. Le jeune doit en consommer 4 à 4,5 litres (10 % de son poids vif) dans ses six à dix premières heures de vie. Le délai est important car la perméabilité de la barrière intestinale aux immunoglobulines, qui permet leur passage dans la circulation sanguine, diminue rapidement.


Plus le veau ingère de colostrum rapidement, mieux il sera protégé, avec un trou immunitaire qui sera plus tardif et plus limité. De plus, le colostrum est un concentré d’énergie indispensable au veau dans ses premières heures de vie. Le premier risque qui guette un veau qui n’a pas bu son colostrum, c’est l’hypothermie. Enfin, c’est moins connu, le colostrum est un ‘starter’ très efficace du tube digestif, dont il permet la maturation en environ six heures, alors qu’il faut quinze jours avec du lait. »

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