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Cent soixante élevages engagés dans une démarche bien-être animal

La Laiterie Saint Denis de l’Hôtel a développé, pour ses partenaires Monoprix, Auchan et C’est qui le patron, un lait sous cahier des charges bien-être animal, avec dix critères.

Chez Mireille Ploton, tous les animaux sortent à l'herbe ! Dans cet élevage, le challenge est de rester au top niveau, notamment pour le taux cellulaire.
© C. Pruilh

Ce qui est motivant dans la démarche, c’est la plus-value (6 euros pour 1 000 litres, versés en une fois après l’audit). Je n’ai rien eu à faire pour entrer dans le cahier des charges bien-être animal. C’est donc une reconnaissance de ce que je faisais déjà de bien", expose Mireille Ploton, chef d’exploitation de l’EARL Touche château, dans l’Indre, un des élevages engagés dans la démarche Monoprix.

Il y a trois ans, à la demande de Monoprix, la Laiterie Saint Denis de l’Hôtel (LSDH) met en place une collecte séparée d’environ 50 élevages, pour fournir le lait de consommation UHT Monoprix, sous cahier des charges bien-être animal. Le distributeur a travaillé ce cahier des charges avec l’association CIWF (1). "Il n’y a pas eu de demandes délirantes, déconnectées de la réalité de l’élevage", dépeint Marine Devillers, auditrice des exploitations agricoles à la LSDH. En 2016, c’est au tour d’Auchan de demander un lait bien-être animal à la LSDH, avec un cahier des charges très similaire. Enfin, C’est qui le patron a un volet bien-être animal dans son cahier des charges, qui reprend la démarche Monoprix. En tout, 160 exploitations sont aujourd’hui engagées dans un cahier des charges bien-être animal avec la LSDH. Et demain, sans doute bien davantage. La LSDH audite en interne toutes les exploitations chaque année. Et Monoprix mandate une société qui contrôle tous les ans 10 % des exploitations.
Qu’y a-t-il dans ce cahier des charges ? Celui de Monoprix se compose de dix critères, chacun valant de 0 à 2 points pondéré d’un coefficient. Le total des points donne une note sur 30, et il faut au moins 15/30 pour pouvoir entrer dans la démarche.

Pâturage, pas d’obligation mais une forte incitation

Deux critères sont obligatoires : l’adhésion à la charte des bonnes pratiques d’élevage et l’absence d’étable entravée. Pour chacun des autres critères, une note de zéro est tolérée si la note globale fait plus de 15/30. Le taux cellulaire et l’état d’engraissement sont deux critères pesant chacun coefficient deux dans la note finale. Ainsi que le pâturage des vaches, génisses et/ou vaches taries. Il faut un minimum de 100 jours de sortie par an pour une catégorie d’animal pour obtenir un point. "Plus il y a d’animaux qui sortent et plus il y a de points. Dans notre région, les conditions de pâturage sont moins évidentes que dans l’Ouest, mais c’est un critère atteignable. Seuls trois élevages engagés sont en zéro pâturage pour toutes les catégories. La plupart ont des contraintes fortes : parcelles éloignées ou mal réparties, traite robotisée…", développe Marine Devillers.

Les cinq derniers critères pèsent coefficient 1. Une visite par an du vétérinaire pour la réalisation d’un suivi de troupeau. Le taux de boiterie est évalué le jour de l’audit avec l’observation des vaches. "Il y a un échange avec l’éleveur pour expliquer des notes moins bonnes, et envisager des solutions : sortie à l’herbe, box d’aire paillée…" Concernant le taux de réforme, pour avoir 2 points, il faut moins de 30 % de réforme. "Monoprix l’a fait passer de 35 à 30 % pour répondre à l’attente des consommateurs pour des vaches qui vieillissent bien." Le comportement des vaches consiste à observer les réactions des vaches quand on se déplace au milieu du troupeau. Enfin, la propreté des animaux, "plus précisément de la mamelle et des pattes arrière, s’évalue avec notre grille d’évaluation, sur le même principe que celle utilisée par les abattoirs".

Le critère cellules est le plus difficile à maîtriser

L’EARL Touche château, dans l’Indre, performe : 28/30 en 2014-2015, 27 points la campagne suivante, et 30 points en 2016-2017. "Mon challenge est de rester au top, notamment pour le taux cellulaire. C’est le critère le plus difficile à maîtriser", souligne Mireille Ploton. Chez elle, tous les animaux sortent à l’herbe ! Les 75 vaches (55 % Prim’Holstein, 45 % Montbéliarde) sont dehors de la mi-mars à la mi-octobre. Le critère boiterie a toujours reçu la note maximale : du pâturage, une aire paillée sont un environnement favorable. L’éleveuse utilise également un pédiluve depuis quelques années au printemps, "quinze jours après la mise à l’herbe et quand l’été est chaud et sec, en préventif deux trois jours en sortie de traite une fois par mois : je ne suis plus embêtée". Mireille Ploton souhaite "passer tout le troupeau en Montbéliarde, qui sont plus résistantes et font moins de mammites." En projet également, une nouvelle salle de traite. De quoi progresser encore…

(1) Association de défense du bien-être animal des animaux de ferme.

Une démarche d’amélioration continue

La moyenne des 50 élevages engagés dans la démarche Monoprix est de 26 sur 30 sur la campagne 2016-2017. Comme c’est une démarche d’amélioration continue, il ne faut pas que la note, globale ou par critère, se dégrade deux années de suite. "Si certains ne progressent pas, on ne pourra pas les garder. Pour l’instant, certains éleveurs ont des notes stables et d’autres progressent légèrement, en sortant un peu plus les animaux, en faisant du parage. J’ai en tête un éleveur qui n’avait pas vu que ces animaux manquaient d’état. La visite du vétérinaire et l’audit interne lui ont permis de mettre le doigt dessus. Il a ajusté l’alimentation, avec un gain évident pour son élevage", développe Marine Devillers, auditrice des exploitations agricoles à la LSDH.

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