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« Ce n’est pas à la politique de limiter les volumes »

Pour le président lait du syndicat des agriculteurs allemands DBV<sup>(1)</sup>, Karsten Schmal, en visite au Salon de l'agriculture, la limitation de la production est une question à régler entre les producteurs et les entreprises.

Karsten Schmal, président lait de la DBV: "Les contraintes sociétales rendent le développement de la production laitière allemande impossible."
© A. Conté
Les producteurs allemands sont-ils favorables à un système de limitation de la production en cas de crise?
Karsten Schmal - "Non, nous n'avons pas la même vision que les producteurs de lait français. Beaucoup d'éleveurs, en particulier les jeunes — c’est le cas de mon fils — sont totalement contre toute réglementation par la politique. Pour notre syndicat, la limitation de la production en cas de crise est à régler entre les producteurs et les entreprises."
Y a-t-il tout de même une volonté de mettre en adéquation production et marchés?
K. S. - "Il y a des réflexions dans l’air. La stratégie des coopératives allemandes est, de plus en plus, de ne transformer que le lait de leurs adhérents. Cela pose de graves questions. En janvier, un milliard de litres de lait ont été payés seulement 250 €/1000 litres alors que le prix du lait allemand était de 340 €/1000 l  (380 € en décembre). Ce sont des producteurs qui sont dans des structures de négoce depuis longtemps qui sont concernés. Ce ne sont pas ceux qui ont récemment quitté la coopérative DMK (voir Réussir Lait de février p.12), ni les grandes OP commerciales comme la MEG en Bavière (5 milliards de litres) qui négocient pour l’ensemble de leurs adhérents des contrats à long terme.

Six grandes entreprises laitières, qui représentent 50% du lait allemand, se consultent régulièrement. Elles ne parlent pas de prix ni de volume. Mais par exemple, elles établissent en commun un baromètre: elles étudient les tendances des marchés à 12 mois, et les publient tous les trois mois".

Les producteurs allemands cherchent-ils à augmenter leur production?
K. S. - "Non, nous avons  beaucoup de contraintes environnementales, de bien-être animal, etc. Cet ensemble de conditions sociétales rend le développement de la production laitière allemande totalement impossible. La crise de 2015-2016 freine aussi les ardeurs. Nous avons eu beaucoup plus de cessations laitières ces deux dernières années: de 3-4% par an en moyenne, on est passé à un taux de 6-7%. Les petites structures ont mieux résisté à la crise que les grosses structures employeuses de main-d’œuvre."
Quelle est votre position vis-à-vis des 380 000 tonnes de stocks de poudre à l’intervention?
K. S. - "L’Allemagne et la France doivent réussir à persuader Bruxelles d'exclure ces stocks du marché. La Commission doit comprendre que c'est à elle de faire un effort financier pour leur trouver un autre débouché car ces stocks sont une conséquence des choix politiques de l'Union européenne (fin des quotas...). Cela coûterait 250 millions d’euros sur 3-4 ans pour les écouler en alimentation animale (NDLR : pour compenser l’écart entre le prix d’intérêt en alimentation animale et le cours de la poudre sur le marché).

L’axe franco-allemand est très important, parce que si les deux plus grands pays producteurs de lait montent ensemble au créneau à Bruxelles, ils ont du poids. Nous n'avons pas la même vision sur tout, mais nous misons énormément sur le bilatéral avec la France".

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