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Attaques de corvidés sur maïs : cinq conseils pour leur interdire l’accès au buffet

Pour déjouer l’appétit des corvidés pour les semences de maïs, il n’existe aucune parade 100 % efficace. Il faut donc multiplier les mesures de prévention.

Corneille noire
L’engrais starter a un effet limité contre les dégâts de corvidés. Son impact sur la dynamique de pousse se manifeste à partir de 4 feuilles. Or, l’essentiel des attaques interviennent de la levée à 3 feuilles.
© J-C. Gutner

Corbeau freux, corneille noire, choucas des tours… Lors des semis de maïs, ce sont des corvidés qu’on préfère ne pas voir dans ses parcelles. Rusés, ces oiseaux déterrent et mangent les semences jusqu’au stade 4-5 feuilles. Pour limiter les dégâts, il faut cumuler les mesures de prévention.

1 Diluer les risques

En groupant les semis dans le temps et l’espace, on évite qu’une seule parcelle ne serve de garde-manger à trop d’oiseaux. De même, il peut être judicieux d’éviter les parcelles à côté de bois, qui peuvent abriter des colonies de corvidés. Les parcelles avec d’importants résidus de cultures, comme lors de semis directs ou les itinéraires sans labour, ont plus de risques d’attirer les corvidés, du fait de la présence importante de microfaune.

2 Adapter ses pratiques agronomiques

Lors de la préparation du sol, il faut éviter d’obtenir un sol motteux ou soufflé, dans lesquels les oiseaux auront plus de facilité à déterrer les semences. Pour bien les protéger, le semis doit être profond, au moins à 4 à 5 cm. Il faut donner toutes les chances à son maïs de lever rapidement pour limiter la période à risque : engrais starter, implantation sur sol réchauffé…

3 Traiter les semences de maïs

Dans les zones à forts risques, il est recommandé de traiter ses semences avec un répulsif. Il n’y a plus qu’un traitement autorisé, le Korit 420 FS à base de zirame. Son utilisation, combinée aux leviers agronomiques, permet de limiter les dégâts. Mais son efficacité reste partielle, voire insuffisante, face à des populations importantes. Ce traitement de semences arrive à la fin de son approbation européenne en mars 2025. Pour préparer sa suite, Arvalis teste différentes innovations à base de terpènes ou de soufre (l1913 de Bayer, l2306 de Syngenta, Ecovelex de Corteva). Ces solutions semblent intéressantes, mais avec des efficacités variables selon les années. Par contre, les répulsifs appliqués en végétation ne présentent pas d’intérêt technique.

4 Semer des plantes appâts

Pour détourner l’appétit des corvidés des semences de maïs, certains agriculteurs leur fournissent un menu de remplacement à base de blé ou d’orge semé en plein. La céréale sera ensuite désherbée. Cette méthode permet de réduire les attaques sur le maïs mais l’efficacité n’est que partielle.

5 Installer des effaroucheurs

La présence d’effaroucheurs aide à éloigner les indésirables. Mais, comme les corvidés s’habituent à la menace, il faut les changer régulièrement de place et alterner entre les effaroucheurs visuels de type cerf-volant, lumineux à base de flashs, et sonores, voire combiner les trois.

Déclarez vos dégâts

Même si les dégâts provoqués par des corvidés ne donnent pas droit à indemnisation, il est important de les déclarer auprès de la DDTM ou de la chambre d’agriculture. Ce recensement contribuera à adapter les plans de lutte. Les pouvoirs publics s’appuient en effet sur  ces données pour procéder si besoin à un classement en espèce susceptible d’occasionner des dégâts (Esod) des oiseaux responsables.

Depuis décembre 2022, il est possible de les déclarer via l’application Signalement de dégâts de la faune sauvage, qui permet de remplacer les formulaires de déclarations de dégâts d’Esod de la DDT. Moins fastidieux que les quatre pages du formulaire, l’agriculteur a juste à prendre des photos des dégâts, à établir la localisation GPS et à remplir un petit questionnaire avec des informations sur la parcelle et sur l’exploitation. L’envoi peut être réalisé directement au champs.

Attention, l’application n’est pas utilisable pour les dossiers d’indemnisation de dégâts de grands gibiers : les fédérations de chasse ont leurs propres procédures.

Le corbeau freux et la corneille noire sont classés « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » et peuvent être piégés. Pour le choucas des tours, des mesures de régulation peuvent être autorisées localement.

Avis d'éleveur : Yoann Février, agriculteur à Monteneuf dans le Morbihan (56)

« En passant un rouleau, je brouille les pistes »

Juste après que l’ETA soit intervenue avec un semoir monograine, Yoann Février est passé avec un rouleau léger pour effacer les traces.
Juste après que l’ETA soit intervenue avec un semoir monograine, Yoann Février est passé avec un rouleau léger pour effacer les traces. © Y. février
« Les corvidés sont des oiseaux rusés. Ils repèrent les lignes de semis et les suivent pour déterrer les semences. Lors d’essais faits au sein d’un groupe Ceta, on avait remarqué que, quand les rangs sont moins visibles, il y avait moins de dégâts. Le corbeau est perdu, il déterre beaucoup moins de semence de maïs que quand il n’a qu’à suivre une ligne. J’ai testé le semis à la volée de blé juste avant le semis du maïs. Ça diminuait les dégâts sur le maïs. L’an dernier, je n’avais plus de blé. Comme le sol était assez motteux, j’ai décidé de passer un coup de rouleau léger. Essai plutôt concluant ! Avec un semis profond et en effaçant les traces, j'espère que cela réduira les risques. On pourrait aussi passer une herse étrille ou mettre des peignes à l’arrière du semis. Sans trace de semis, les corvidés ne repèrent pas que le buffet est ouvert. »

Côté éco

La nuisibilité économique annuelle des corvidés et pigeons a été estimée par Arvalis et Terres Inovia entre 25 et 45 millions d'euros sur maïs et 20 millions d'euros sur tournesol.

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