ASSOCIATION AVEC DES GRAMINÉES
ASSOCIATION AVEC DES GRAMINÉES - Maintenir le taux de trèfle blanc dans les prairies
L’introduction du trèfle blanc
ne manque pas d’avantages,
à commencer par les économies d’azote,
mais aussi une valeur alimentaire élevée
de la prairie en été. Le maintien d’un taux
de trèfle satisfaisant est un exercice délicat.
en proportion suffisante pour être le moteur de la prairie.
La proportion de trèfle blanc varie au cours de l’année. Son démarrage est plus lent que celui de la ou des graminées auxquelles il est associé. La proportion idéale de trèfle au printemps se situe entre 20 et 30 %. Il doit ensuite rattraper son retard pour atteindre un taux de 40 à 50 % durant l’été. C’est le taux idéal à atteindre mais aussi à ne pas dépasser pour limiter les risques de météorisation.
Exigences agronomiques : tous les bons sols de cultures
Le trèfle blanc apprécie les sols sains et aérés qui vont faciliter l’absorption de l’azote atmosphérique par les nodosités de la légumineuse. Les sols hydromorphes sont nettement moins favorables au trèfle. Les sols séchants, avec un déficit pluviométrique, vont être pénalisants. « Une alimentation régulière en eau favorise fortement le trèfle. En 2010, avec une sécheresse marquée, on a observé de la mortalité à la fois de ray-grass anglais mais aussi de trèfle blanc en zones séchantes des Pays de la Loire », explique Patrice Pierre, des chambres d’agriculture de Mayenne et Maine-et-Loire.
Trouver le bon mariage des variétés
C’est un des critères importants pour le maintien d’un taux de trèfle optimum dans les prairies. Les trèfles à grandes feuilles sont plus agressifs que ceux à petites feuilles. Ils s’associent donc de préférence avec des RGA diploïdes qui ont une plus grande force de concurrence que les tétraploïdes. La précocité d’épiaison de la graminée compte également dans le choix de la variété de trèfle. Plus la variété est tardive, plus le trèfle sera favorisé. Les combinaisons extrêmes, comme un RGA tétraploïde très tardif avec une variété très agressive de trèfle (Aran, Olwen, Alice…) ou un RGA diploïde demi-tardif avec une trèfle à petites feuilles (Huia, Rivendel, Susi…), sont à éviter. Pour des associations avec de la fétuque élevée ou du Dactyle, on privilégiera des variétés à moyennes ou grandes feuilles. « Il y a aussi une grande variabilité entre zones géographiques que l’on ne sait pas toujours expliquer. Il est possible et même conseillé d’associer plusieurs variétés de trèfle, voire plusieurs légumineuses fourragères comme le trèfle violet, le trèfle hybride ou la luzerne pour des prairies à usage mixte fauche et pâturage », conseille Patrice Pierre.
De la lumière pour le trèfle
« C’est sans doute le point le plus important pour maintenir un bon taux de trèfle blanc dans une prairie », estime Philippe Roger, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Un pâturage précoce et ras va favoriser la légumineuse. « Le trèfle est une plante de lumière », souligne Patrice Pierre. Les bourgeons du trèfle situés au ras du sol sur les stolons doivent bénéficier d’un apport de lumière. La légumineuse est ainsi moins concurrencée par la graminée qui démarre plus rapidement. Il faut viser une hauteur sortie comprise entre 3 et 5 centimètres à l’herbomètre au premier cycle d’exploitation. Attention toutefois si les conditions météo sont mauvaises, le trèfle blanc n’apprécie pas le piétinement. Il faut donc être opportuniste et savoir profiter de toute période favorable pour nettoyer les pâtures. La mise à l’herbe peut se faire dès que la hauteur d’herbe atteint 8 à 9 centimètres. Et plus la surface disponible par animal est importante, plus la mise à l’herbe doit être précoce. Le trèfle a besoin de temps de repousse plus long que la graminée. Au printemps, le temps de repousse idéal se situe entre 25 et 30 jours afin de lui permettre d’accumuler des réserves dans ses stolons pour permettre un bon redémarrage après un pâturage. En été, avec l’introduction des parcelles fauchées dans le cycle de pâturage, cet intervalle peut aller de 30 à 50 jours, grâce au maintien d’une bonne appétence des associations permise par le trèfle. On peut, à cette période, être un peu plus laxiste sur les hauteurs sortie. En revanche, à l’automne, il faut de nouveau mettre la pression pour bien raser les parcelles et dégager le trèfle qui est pénalisé par la baisse des températures. Enfin, une phase de repos hivernal va permettre à la légumineuse d’étendre ses ramifications.
Pas de fertilisation azotée la première année
Le trèfle blanc, capable de fixer l’azote atmosphérique grâce à ses nodosités, est le moteur de la prairie. Cependant, son démarrage plus lent en sortie d’hiver peut justifier un apport d’azote minéral. « En première année d’exploitation, il faut éviter tout apport, au minimum avant le premier pâturage au risque de compromettre l’installation du trèfle », prévient Patrice Pierre.
Sur prairies installées, on peut envisager un apport de 30 à 50 unités d’azote en sortie d’hiver pour stimuler le démarrage de la prairie en attendant que le trèfle prenne le relais. Dans ce cas, il faut attendre une somme de température de 200 °C en base 0. « Les apports d’azote se justifient surtout en cas de surfaces accessibles faibles ou moyennes. À 50 ares par vache, on peut s’en passer. Mais sur association bien installée, les apports d’azote ne sont pas un frein au développement du trèfle. Il pousse alors sans recourir à la fixation de l’azote de l’air. En tous les cas, apporter de l’azote minéral pour faire baisser le taux de trèfle dans une parcelle où il serait en excès est une fausse solution », explique Patrice Pierre.
Recourir à l’analyse foliaire pour la fertilisation de fonds
Le trèfle blanc est plus gourmand en phosphore et potasse qu’une graminée. Pour savoir si une carence en ces éléments peut être à l’origine d’une chute du taux de trèfle, il convient de réaliser une analyse foliaire, seul outil capable de déterminer l’état de nutrition phosphopotassique de la prairie. « Une analyse de terre ne présage en rien de la disponibilité des éléments pour la prairie », commente Patrice Pierre. Si le taux de trèfle est supérieur à 20 % dans la prairie, il faut enlever le trèfle de l’échantillon. Le prélèvement doit se faire au printemps sur une herbe développée. Les indices de nutrition en phosphore (Ip) et potasse (Ik) sont calculés à partir des analyses de l’herbe.
« Si des apports sont nécessaires, il faut recourir en priorité aux engrais de ferme, plus économiques », commente Pascale Pelletier, d’Arvalis. Bien souvent, les parcelles exclusivement pâturées n’ont pas besoin d’apports. « Les prairies uniquement pâturées ont plus de restitutions que de prélèvements du fait du temps de présence des animaux. La répartition des bouses et pissats dans la parcelle peut par contre être inégale. C’est pourquoi il faut privilégier des paddocks de petite taille pour éviter l’apparition de zones sur-fertilisées et d’autres sous-fertilisées », souligne Philippe Roger.
Si le recours aux engrais minéraux s’impose, il faudra privilégier les sources de phosphore présentant une bonne solubilité dans l’eau (superphosphate ou phosphate d’ammonium) et éviter les phosphates naturels. La potasse, quelle que soit son origine, est toujours soluble dans l’eau. La fumure de fonds est à apporter de préférence en sortie d’hiver avant le redémarrage de la prairie. Il faut se méfier des apports excessifs de potasse qui peuvent déséquilibrer l’herbe et provoquer des troubles sur les animaux (tétanies, métrites, diarrhées.)