Alors, je vermifuge ou pas ?
Il y a les génisses qui n’ont quasiment pas mis les pieds dehors et celles qui ont mis les pieds dans une pâture histoire de se dégourdir mais en profitant de la ration généreusement distribuée au bâtiment ou dans une auge. Celles-là ont eu un contact avec les strongles digestifs faible à très faible, sont en bon état et n’ont évidemment besoin de rien de ce côté-là. Il y a aussi les vieilles routières qui, en fin de deuxième année de pâturage, cumulent aujourd’hui plus de 10 à 12 mois de contact avec les strongles digestifs, qui sont aussi en bon état et qui n’ont probablement besoin de rien non plus. Restent les jeunes en fin de première année de pâture qui n’ont reçu aucun traitement rémanent à leur mise à l’herbe ni au cours de la saison et qui pourraient être des candidates à la vermifugation et que d’habitude, vous vermifugez, parfois par nécessité mais bien souvent par tradition. Il est peut-être temps d’en toucher deux mots à votre véto et de reconsidérer les choses sans pour autant prendre de risque.
Le pepsinogène comme arbitre
À cette saison, la coproscopie n’a guère d’intérêt pour évaluer le nombre de strongles adultes qui se font rares dans le tube digestif. Par contre le risque parasitaire est associé à l’augmentation du pH de la caillette en présence d’un grand nombre de larves d’ostertagia endormies pour l’hiver dans sa paroi. Il faut donc aller voir à partir de quelques prises de sang réalisées sur des génisses du même lot la valeur du pepsinogène. C’est elle qui vous dira s’il y a lieu de traiter et dans ce cas tout le lot ou quelques animaux seulement. Profitez-en pour réaliser aussi une sérologie pour la grande douve… Ça vous promet évidemment et pourquoi pas au moment du bilan sanitaire, une passionnante discussion avec votre véto sur votre exploitation du pâturage : décontamination et dilution par des animaux immuns, intérêt des rotations, hauteur d’herbe à la sortie de la parcelle et j’en passe. Une bonne façon de faire là aussi des progrès sanitaires en diminuant le recours aux médicaments.